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Le chef de l’Etat préside le lancement du rapport pays Doing Business 2020

Photo de famille des présidents des institutions autour du chef de l'Etat
Le chef de l’Etat préside le lancement du rapport pays Doing Business 2020

Le Togo a présenté, le jeudi 31 octobre 2019, à Lomé, son rapport-pays Doing Business 2020. Il s’agit de la 17é édition du genre que venait de publier la Banque Mondiale (BM) quelques jours plus tôt (24 octobre), sous la thématique : « Maintenir l’élan des réformes ». Elle relève une très bonne performance du Togo, qui a gagné 40 places sur la période 2018-2019 (de la 137e à la 97e ), se hissant dans le top 10 des pays les plus réformateurs dans le monde, avec notamment la 1ere place en Afrique et 3e rang mondial. Le Premier ministre Komi Selom Kassou, la présidente de l’Assemblée nationale Yawa Djigbodi Tségan, des membres du gouvernement  et un parterre d’autres personnalités politiques, militaires et civiles dont les représentants du Groupe de la BM, ont assisté à cette cérémonie solennelle de présentation.

A L’entame de son allocution de circonstance, le chef de l’Etat Faure Essozimna Gnassingbé  a dit que nous « célébrons une victoire commune », celle notamment du Togo, que « nous avons réussi ». Il  faisait ainsi allusion aux résultats du rapport Doing Business 2020. « Il y a deux ans nous étions 156eet quand le rapport set sorti je n’étais pas du tout content car nous avions régressé et nous étions avant dernier dans l’espace UEMOA », a-t-il avoué.

Au demeurant, le chef de l’Etat a fait des confidences liées au processus de dialogue qu’il a eu avec les différents partenaires, surtout du secteur privé togolais. Pour mémoire, il a évoqué toutes les tracasseries que les populations vivaient pour l’obtention des titres fonciers, les problèmes dus au raccordement à l’électricité, etc. Pour une fois, a convenu Faure Gnassingbé, on reconnaissait que le classement DB reflétait une certaine réalité.

« C’était difficile pour les usagers et nos compatriotes. Donc nous avons eu l’initiative de nous rapprocher davantage du Groupe de la Banque Mondiale (BM) que je salue pour l’aide qu’il nous apporte notamment au niveau local et nos amis de la Société Financière Internationale (SFI), pour essayer de comprendre ce qu’il fallait faire pour améliorer la situation », a indiqué le président de la République. C’est selon lui ce qui a justifié la mise en place de la Cellule du climat des affaires, pour aider à aplanir les difficultés.

Le dialogue pour établir la confiance

L’approche utilisée a été de rencontrer les partenaires du secteur privé (notaires, architectes…), pour harmoniser avec eux la meilleure compréhension des nombreux problèmes que le secteur connaissait. « Aujourd’hui, nous sommes tous fiers des pas qui ont été réalisés par les uns et les autres et surtout de l’impact que cela a », a-t-il lancé, soulignant que le nombre de création d’entreprises créées au Togo est très élevé.

« Nous sommes souvent nombreux à nous plaindre du poids de l’importance du secteur informel alors que nous avions la solution à notre portée », a fait remarqué le chef de l’Etat, invitant chacun à consentir les sacrifices que le gouvernement continuera de faire pour créer un environnement d’affaire plus viable pour tous, surtout les jeunes. « Au-delà, nous avons adopté le Plan national de développement (PND) », a-t-il rappelé, faisant observer que le coût de financement des trois axes de ce plan est extrêmement élevé.

« Nous nous sommes rendus compte que le taux d’endettement (du Togo) était tel qu’il n’était pas possible que l’Etat puisse faire cet effort pour financer le plan et développer le pays », a-t-il dit, déplorant le fait que l’aide publique au développement se fait de plus en plus rare. « La seule possibilité que nous avions, c’est d’aller vers le secteur privé, national d’abord mais également à l’étranger », a mentionné le chef de l’Etat. A cet égard il a évoqué l’impérieuse nécessité qu’il y avait en ce moment de « réformer nos habitudes, nos institutions, nos procédures (supprimer certaines), pour rendre notre pays plus attractif ».

« Comme on dit chez nous, si la pâte que te sert ta maman ne te suffit pas, la pâte que te sert ta marâtre ne te suffira pas non plus. Donc, si le secteur privé public togolais lui-même ne trouve pas que nous sommes attractifs, comment voulez-vous que quelqu’un qui vient de l’étranger juge que le Togo est une terre d’investissement ? », a-t-il alors fait le rapprochement. Pour lui, le dialogue est nécessaire pour établir la confiance entre les acteurs, condition sine qua non pour avancer dans toute chose.

« Nous devons savoir que nous sommes en compétition avec les autres. Ce que nous avons réussi, si nous ne maintenons pas le cap, demain nous pourrons reculer et si nous reculons, je crois que l’impact sera encore plus négatif », a martelé le chef de l’Etat, avant d’insister pour que le rythme actuel des réformes opérées puisse s’accélérer l’année prochaine. « Nous devons nous consacrer à ce que nous voulons de plus : croissance inclusive, développement et prospérité pour le Togo », a-t-il en outre recommandé.

Parlant des fondamentaux  dont dispose le Togo pour la réussite de ce combat de développement et d’émergence tant recherchés, le président Faure Gnassingbé a évoqué la paix et la sécurité qui règnent dans le pays, et le plus important, un cadre de finance publique assaini, un cadre macroéconomique viable. « Il faut que les investisseurs puissent venir dans notre pays.

Au sujet des préoccupations de certains compatriotes qui l’auraient interpelé sur son mandat social, M. Faure Gnassingbé n’est pas allé sur quatre chemins : « Si vous gérez mal (les ressources mises à votre dispositions), vous ne pouvez pas faire du social ». Il a alors attiré l’attention sur une forme de « laxisme » constatée dans la gestion des affaires publiques. « Le taux de pauvreté est élevé sur le continent et au Togo mais devons le réduire. Mais cela passe par une bonne gestion, ce cadre que nous sommes en train de mettre en place, ces réformes que nous devons faire (…). Travaillons pour que le Togo ait cette place de meilleur réformateur en Afrique (…). Si nous maintenons cet esprit, cette coalition entre l’administration, le secteur privé et les autres corps de métier, tous ensemble nous pouvons réussir. Nous n’avons pas le choix », a-t-il insisté.

Transformer structurellement l’économie togolaise

« Le Togo s’est engagé ces dernières années dans un processus de réformes structurelles de son économie. Des initiatives novatrices sont prises par le gouvernement pour faire de notre pays, une destination de premier choix des investisseurs », a déclaré Madame le ministre délégué Sandra Ablamba Johnson, conseillère du président de la République en charge du climat des affaires. De la compréhension faite de ces réformes « audacieuses » à l’origine de ce qu’elle a appelé « le miracle togolais », l’intervenante a évoqué trois facteurs : les choix opérés par le gouvernement, la volonté politique affirmée et enfin, le pragmatisme et le leadership des plus hautes autorités, en particulier la détermination constante du chef de l’Etat.

Parlant des performances qui ont permis au Togo d’engranger 40 places au classement Doing Business (DB) 2020, en plus du score réalisé dans le dernier rapport (19 places), la ministre a fait savoir que le pays a amélioré sensiblement, sur la période 2018-2019, son environnement des affaires sur cinq indicateurs. Il s’agit de la création d’entreprises, de l’obtention du permis de construire, du transfert de propriété, du raccordement à l’électricité et de l’obtention de prêt. « Les réformes opérées, tout en constituant parfois un manque à gagner non négligeable pour l’Etat, devraient être converties en investissement voire la création d’emploi par le secteur privé qui s’est engagé à jouer sa partition », a-t-elle fait remarquer.

Mme Ablamba Johnson a par ailleurs a laissé entendre qu’au-delà de ces indicateurs de performance, c’est toute l’économie togolaise qui est impactée avec une tendance à la hausse du taux de croissance porté à 5,3% en 2019. Ceci, malgré l’environnement économique international peu favorable. Elle a aussi fait noter des résultats encourageant qui démontrent entre autres une émergence des femmes dans l’économie nationale. Avec un score de 84,4/100 dans le classement du rapport DB2018, le Togo occupe, dans ce cas précis, la 15e place en Afrique.

Au nom du Groupe de la Banque Mondiale, M. sergio Pimenta, vice-président de la Société Financière Internationale (SFI) pour l’Afrique et l’Orient a salué ces résultats remarquables obtenus. « Ils illustrent l’appui que vous apportez, Excellence, à l’ambitieux agenda des réformes mises en œuvre au Togo, le travail acharné de votre administration et la qualité de la collaboration entre vos services et nos programmes de conseil en amélioration du climat des investissements », a-t-il souligné.

Toutefois, M. Pimenta a dit que beaucoup reste encore à faire pour avancer sur ce chemin. « Nous voyons évidemment que l’économie mondiale connaît des défis persistants et que l’aide publique au développement a tendance à baisser (…). Nous savons qu’aujourd’hui, 390 millions d’Africains continuent à vivre en extrême pauvreté et que 75% de la population du continent n’a pas accès à Internet et un facteur important pour nous, c’est la création d’emplois. L’Afrique doit en créer environ 1,7 million tous les mois pour pouvoir absorber les jeunes qui arrivent sur le marché du travail », a-t-il fait observer.

Concernant l’effort d’investissement sur le continent, il a appelé le secteur privé à jouer pleinement son rôle car ayant la capacité à la fois au niveau financier, de la connaissance, de l’innovation, de la discipline pour contribuer au développement durable. « Du côté du Groupe de la BM et particulièrement de la SFI, nous travaillons justement à mettre le secteur privé au cœur de l’agenda du développement », a-t-il confié.

Un panel de haut niveau décline le vécu des réformes par les entreprises.

La présentation du rapport DB2020 a été marquée également par un panel de haut niveau sur le thème : « Secteur privé, moteur de la croissance », animé par d’éminentes personnalités du monde des entreprises. Ils ont permis à l’auditoire d’avoir la perception des opérateurs du secteur privé togolais de ces réformes et surtout des opportunités induites sur leurs activités.

On retient de la synthèse faite par la modératrice, Mme Maryse, que les mesures mises en œuvre par le gouvernement pour améliorer le cadre des affaires sont appréciées globalement dans le sens positif par les opérateurs du secteur privé. Elles sont connues d’eux et ont un effet ou impact bénéfique bien plus important.

Cependant, les panélistes souhaitent que le gouvernement aille plus loin dans cette dynamique pour en maintenant le cap. Parmi les améliorations prioritaires évoquées, il y a la « souplesse et la modernisation du code de travail, la vulgarisation des réformes opérées pour que les usagers ou bénéficiaires puissent s’en approprier, la célérité dans la résolution des questions juridiques et légales, afin de donner encore plus de confiance aux investisseurs ». Les intervenant demandent au gouvernement de ne pas fléchir sur le renforcement du partenariat de dialogue qu’il a su bien établir entre les acteurs clés du secteur public et du secteur privé.

Martial Kokou KATAKA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Savoir plus sur le Doing Business en général

Selon la présentation faite par la représentante résidente du Groupe de la Banque Mondiale au Togo, Mme, le DB essaie de mesurer les réglementations pertinentes tout au long du cycle de vie d’une Petite et Moyenne Entreprise (PME) au niveau local. C’est surtout le secteur formel qui est concerné. Le DB s’appui sur les études de cas standardisés, qui sont focalisés sur la ville la plus importante au niveau du pays où il y a du business, comme Lomé, pour le cas du Togo.

Les données sont ainsi collectées sur une période d’un an. Celles du Togo, objet du lancement, jeudi dernier, ont couvert la période allant du 2 mai 2018 au 1er mai 2019. Tout ce qui a été fait depuis lors figurera dans le prochain rapport.

Le DB porte en effet son regard sur 12 domaines d’activités qui couvrent le cycle de vie de l’entreprise, en prenant d’abord en compte des indicateurs qui portent sur la création d’entreprise puis, des indicateurs qui concernent plutôt les procédures pour trouver un emplacement pour son business. En troisième ressort, le DB s’appuie sur des indicateurs liés à l’accès au financement et, quatrièmement sur le traitement des opérations et ensuite, le cadre de travail. Pour ce qui est du traitement des opérations, un nouvel indicateur sera introduit l’année prochaine, qui concernera la passation des marchés.

Quel intérêt pour la BM ?

De l’avis de Mme, « c’est très important pour le Groupe de la BM, parce que beaucoup d’études ont montré que qu’il y a une relation quand un pays a un cadre d’affaires qui marche bien ». Cela, a-t-elle révélé, permet d’avoir une croissance économique plus inclusive et de réduire la pauvreté. Les études menées dans ce sens en 2010 et 2015 et avant, ont toutes montré qu’il y a une relation entre la création d’entreprise et l’environnement des affaires, en relevant particulièrement une donnée importante d’augmentation de 10 points sur le score de DB pour la facilité de faire des affaires dans un pays et l’augmentation d’environ 0,5 point au niveau du commerce pour 1000 adultes dans le pays. Le score DB est de 0 à 1000, ce dernier chiffre étant obtenu par les meilleurs réformateurs.

En ce qui concerne la création d’entreprise (95 points/100 gagnés par le Togo), c’set bien des opportunités de créer des emplois quand il y en a un peu plus, et cela entraîne une augmentation du revenu par habitant et donc une réduction de la pauvreté.

Au plan général, il est à noter que tous les pays du monde ont continué à faire des réformes, qui sont à peu près 294 réalisées par 115 pays. Mais dans le classement par rapport aux pays africains, seul l’Ile Maurice est parvenu à se hisser dans le top 20. Le Togo, avec 40 places gagnées, devient le 7e en Afrique devant les Seychelles et juste après le Botswana, 1er de l’UEMOA et de l’espace OHADA, un effort louable mentionné par le rapport DB2020.

Le rapport recommande des efforts que le Togo devra faire également au niveau du commerce transfrontalier. « Il est donc important que le pays puisse travailler avec les autres pays pour pouvoir réaliser des avancées dans ce domaine et pousser le Togo dans son ambition de devenir un hub régional ».

M.K.K

 

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