Le Palais de Lomé, monument emblématique de l’histoire du Togo, en rénovation depuis 2014 à l’instigation de la présidence, a été inauguré, vendredi 22 novembre 2019, par le président de la République, Faure Gnassingbé sur son site sis à côté de l’ancien Palais de la Marina en bordure de mer. Diverses personnalités, dont le Premier ministre Komi Selom Klassou, la présidente de l’Assemblée nationale Yawa Djigbodi Tségan, des membres du gouvernement, députés, responsables d’institutions nationales et internationales, diplomates et invités venus d’horizons divers ont pris part à cette cérémonie haute en couleurs et sons. Ce joyau, ancien palais des gouverneurs et hôtes de marque, expression du génie allemand par son architecture et en même temps, fruit de l’imaginaire togolais par les améliorations apportées, est désormais converti en complexe culturel, pour le rayonnement de la culture togolaise et internationale.
Site chargé d’histoire, le Palais de Lomé a été restauré sur fonds propres pour un coût total de 2,4 milliards de FCFA. En dehors de l’infrastructure immobilière et des espaces connexes, il dispose d’un parc de 11 hectares, dont la diversité et la luxuriance de la flore constituent la parfaite expression de la préservation de la biodiversité. Ce projet est né de la volonté du chef de l’Etat d’ouvrir le palais à l’ensemble du public togolais pour lui donner l’occasion de se réapproprier le patrimoine national et de s’en inspirer. Il a pour missions de valoriser la culture (artistique, culinaire, scientifique ou technique), de préserver et faire découvrir la richesse d’un site environnemental exceptionnel au cœur de la capitale. Ce projet entend aussi favoriser l’éducation des nouvelles générations et participer au développement touristique et économique du Togo. Cet édifice colonial devenu un centre d’art et de culture de dimension internationale veut promouvoir le dynamisme et la variété de la production culturelle tant dans les arts plastiques (peinture, sculpture, photographie) que dans le design et les nouveaux médias à travers ses différents espaces d’exposition et son parc. Il abritera donc, un espace d’exposition permanent, des galeries dédiées à des expositions temporaires, une librairie et deux restaurants. Ce centre d’art pionnier offrira également des programmes artistiques et éducatifs par la collecte et l’exposition d’artistes établis et émergents, y compris le développement d’initiatives visant les échanges culturels.
Selon la directrice du Palais de Lomé, Mme Sonia Lawson, grâce à cette infrastructure, Lomé est l’unique capitale d’Afrique de l’Ouest côtière à avoir un parc de 11 hectares en centre ville qui s’étend jusqu’au front de mer, contenant une importante biodiversité faite de grands arbres tropicaux centenaires. Cette biodiversité qui participe à la valorisation des ressources naturelles du Togo, sera enrichie, à terme, par des plantations notamment de 300 espèces botaniques et 50 000 nouveaux végétaux qui illustrent les différents paysages emblématiques du Togo.
Pour le ministre de la Culture, du Tourisme et des Loisirs, M. Kossivi Egbétonyo, le Palais de Lomé vient désormais ajouter à la richesse et à l’hétérogénéité du patrimoine culturel et touristique, dont dispose le pays. Au-delà des retombées économiques, ce projet ouvre le Togo sur le monde et renforce son positionnement stratégique dans la sous-région comme une plateforme d’excellence, un hub financier, un carrefour culturel et un centre historique, a-t-il relevé. Le ministre de la Culture a exprimé la reconnaissance du peuple togolais au chef de l’Etat pour le don de ce joyau qui va insuffler un nouveau dynamisme au secteur de la culture, pierre angulaire d’un développement harmonieux, occupant une place importante dans le Plan National de Développement (PND). Il n’a pas oublié les nombreux travailleurs qui ont œuvré pour la réalisation de ce projet. «Tout projet de construction est une histoire en soi, appelée à vivre et se prolonger. Nous voudrions, Excellence, Monsieur le président de la République, vous réaffirmer la ferme détermination du gouvernement à maintenir, par tous les moyens, l’ouvrage dans le meilleur état d’entretien et de fonctionnement pour empêcher les amortissements ou détériorations prématurés et partant, dommageables », a fait savoir le ministre Egbétonyo.
La visite des lieux par le président et sa suite précédée de la coupure du ruban symbolique, a mis fin à cette cérémonie d’inauguration.
A noter que le Palais de Lomé ouvrira effectivement ses portes au public à partir du 28 novembre prochain, avec 5 expositions à savoir : « Le Togo des Rois », « Lomé+ », « Rénovation(s) » une exposition-photo, « Three Borders » et « Infinity » une exposition de design.
Un site chargé d’histoire
Archétype de l’architecture coloniale allemande, le Palais de Lomé fut construit de 1898 à 1905 dans un style volontairement monumental, visant à démontrer la puissance et le prestige de cette colonie allemande considérée à l’époque comme l’une des plus prospères. L’édification de ce palais a été faite par l’architecte allemand Fürtkamp sur décision du Gouverneur August Köhler, celui-là qui érigea Lomé en capitale du Togo, de bâtir un palais assez représentatif et reconnaissable à une distance de 1000km. L’architecture dite de « la tête haute » rappelle au premier coup d’œil, non seulement celle de la métropole, dont elle reflète l’aura, mais elle rime aussi fièrement avec la cote de la « colonie allemande modèle » que constituait le Togo à l’époque.
D’abord résidence des gouverneurs allemands puis franco-anglais, il fut utilisé comme siège de l’Etat togolais jusqu’en 1970. De 1976 à 1991, le palais devient « Palais des hôtes de marque de la République togolaise » avant de devenir siège de la Primature en septembre 1991. Objet symbolique de la contestation politique, le bâtiment a été fortement dégradé, puis abandonné suite aux troubles socio-politiques de 1990 et 1991. Ainsi, pour la première fois de son histoire, ce lieu jadis réservé au pouvoir, sera accessible aux Togolais et étrangers, après plus de 20 ans d’abandon. Il sera l’occasion pour les Togolais de renouer, non seulement avec leur histoire, mais aussi de se réconcilier avec les pages sombres du passé, tout en conférant aux valeurs du pays une identité et une visibilité forte à l’échelle internationale.
Blandine TAGBA-ABAKI
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