La diplomatie togolaise a été très active en 2023 avec des actions visant à contribuer au rayonnement du Togo sur l’échiquier international. Dans une interview accordée à la presse, le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’Extérieur, Pr Robert Dussey, dresse le bilan de cette diplomatie qui « repose sur un savant équilibre entre l’audace, la sagesse, la responsabilité et la prudence ». Stratégie qui a permis au Togo de renforcer son engagement pour la paix et la sécurité en Afrique et dans le monde et d’œuvrer pour l’avènement d’une Afrique émancipée, capable de régler ses propres problèmes, mais aussi de participer à la gouvernance mondiale. Lisez plutôt !
Question 1 : Monsieur le Ministre, bonjour. La fin d’année est généralement l’occasion de jeter un regard rétrospectif sur les avancées et de définir les perspectives pour l’année qui vient. On a constaté, depuis quelques années, que la diplomatie togolaise rayonne de nouveau. Dites-nous, Pr Dussey, quel est le secret de cette réussite et quels ont été vos principaux chantiers en 2023 ?
D’abord, permettez-moi de vous remercier, quand je dis vous, je pense à la presse togolaise dans son ensemble, pour votre travail de relai de nos actions auprès de l’opinion nationale. Vous êtes un auxiliaire indispensable de la diplomatie togolaise.
Revenons à votre question. A la vérité, le Togo a la chance d’avoir à sa tête un homme dont la clarté de la vision qu’il a définie pour la politique extérieure permet à notre pays d’atteindre, aujourd’hui, ce rayonnement international dont vous parlez. Cette vision de Son Excellence, Faure Essozimna Gnassingbé, repose sur un savant équilibre entre l’audace, la sagesse, la responsabilité et la prudence.
L’audace est nécessaire, non seulement, pour explorer de nouveaux horizons, mais aussi, pour s’extirper des pesanteurs et des entraves dans lesquelles les autres veulent vous maintenir. La responsabilité oblige à nous impliquer dans la résolution des crises dans notre espace géographique immédiat. La sagesse et la prudence demandent d’être à l’écoute des peuples et invitent à la retenue et surtout à ne pas se laisser séduire par les mirages des solutions faciles qui peuvent porter de graves atteintes au vivre-ensemble.
Ainsi, en 2023, le Togo a renforcé son engagement pour la paix et la sécurité en Afrique et dans le monde et a œuvré pour l’avènement d’une Afrique émancipée capable de régler ses propres problèmes et qui participe à la gouvernance mondiale. Le renforcement de sa coopération avec des pays et institutions partenaires a été aussi au cœur de nos préoccupations durant l’année finissante.
Q 2 : Justement, Monsieur le Ministre, quelles ont été les actions du Togo en faveur du renforcement de la paix et de la sécurité en Afrique et dans le monde ?
La médiation et la recherche de la paix sont des constantes de l’action diplomatique du Togo. Sous ce registre, l’année 2023 a commencé par une bonne nouvelle, celle de la libération des soldats ivoiriens qui ont été pendant de longs mois l’objet d’une crise diplomatique entre la Côte d’Ivoire et le Mali. Inutile de revenir sur le rôle majeur que le Togo a joué dans l’heureux dénouement de cette crise. Après la libération de ces soldats le 07 janvier 2023, la délégation ivoirienne a tenu à faire une escale à Lomé pour exprimer sa gratitude au président de la République, Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé, dont les actions de médiation ont conduit à ce résultat.
Le Togo s’est également impliqué dans la sortie de crise au Burkina-Faso où j’ai été reçu en audience le 25 janvier 2023 par Son Excellence Capitaine Ibrahim Traoré à qui j’ai transmis un message du chef de l’Etat togolais. Il vous souviendra que le Togo accueille toujours sur son sol le Lieutenant-Colonel Paul-Henri Damiba, après la fin de son régime, ceci afin de contribuer à préserver la paix et la stabilité dans ce pays voisin. Confrontés au même défi de terrorisme à leurs frontières communes, le Togo et le Burkina Faso se doivent de maintenir un dialogue constant et une coopération resserrée.
Par ailleurs, le changement du régime, le 26 juillet 2023, a plongé le Niger dans une période d’incertitude et de tension avec la communauté internationale. Là encore, le Togo a opté pour la voie de la sagesse en privilégiant le dialogue et la concertation comme porte de sortie de crise. Après plusieurs déplacements que j’ai effectués au Niger, le pouvoir en place à Niamey a envoyé à Lomé, le 06 novembre 2023, une délégation conduite par le Général de Corps d’Armée Salifou Mody, pour demander à Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé, président de la République, d’être le facilitateur dans leurs efforts de dialogue avec la communauté internationale. Et depuis le 10 décembre, le Togo a été désigné avec la Sierra Leone, lors de la 64e session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO comme médiateur. Les autorités de transition ont aussi désigné notre pays comme garant du retrait des forces françaises du Niger, aux côtés des Etats-Unis d’Amérique. Il a été convenu, toujours au cours de cette visite, de la mise en place d’un Groupe de Soutien à la Transition (GST) au Niger, sous l’égide de l’Alliance Politique Africaine (APA) dont le Togo assure la présidence.
Fidèle à son engagement pour la recherche de la paix en Afrique, Lomé a accueilli les 23 et 24 juillet une délégation de personnalités politiques et militaires du Darfour dans le cadre d’un dialogue consultatif et de concertation. Faisant le suivi de cette action et porteur d’un message de Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé à son homologue soudanais, Son Excellence Général Abdel Fattah Al-Burhan, j’ai effectué une visite à Port-Soudan le 28 octobre 2023. Nous maintenons notre implication dans cette crise, afin d’accompagner nos frères et sœurs soudanais à renouer avec la paix et la stabilité.
Q 3 : Cet engagement du Togo pour la paix est à saluer. Mais, Pr Dussey, ne devons-nous pas craindre d’être ostracisés par les autres pays comme cautionnant les coups d’Etat ?
Laissez-moi le dire le plus clairement possible. Le Togo condamne fermement toutes les formes inconstitutionnelles de prise de pouvoir. C’est le principe. Mais, que faisons-nous si malheureusement des coups d’Etat surviennent, surtout dans un contexte de fragilité institutionnelle et sécuritaire ? Devrions-nous rester impassibles, au risque d’assister à un embrasement général de toute la région ? Le devoir de responsabilité nous impose d’accompagner ces pays en proie à ces soubresauts, qui sont en fait des bégaiements de l’histoire et des moments de refondation du pacte social, à renouer avec la régularité constitutionnelle. Nous n’avons pas à rougir de soutenir nos frères en difficulté et de les accompagner dans leurs efforts pour s’en sortir.
Le Togo n’est pas aussi seul dans cet engagement tel que vous le pensez. La grande mobilisation et l’engouement constatés, ainsi que les témoignages reçus lors de la première édition de « Lomé Peace and Security Forum » qui a tenu sa première édition du 20 au 22 octobre dernier autour du thème : « Comment renforcer les transitions politiques vers une gouvernance démocratique en Afrique ? », en sont une illustration. Ce forum, dont la vocation est d’être une plateforme permanente au service du dialogue, de la médiation, de la facilitation, de la négociation, de la paix et de la sécurité en Afrique, a réuni les acteurs et partenaires autour des objectifs principaux de renforcement de la gouvernance démocratique, de consolidation de la résilience de l’Etat dans un environnement caractérisé par l’émergence de nouveaux défis sécuritaires et la résurgence des changements anticonstitutionnels de gouvernement où il est indispensable de valoriser les expertises africaines dans la recherche de solutions aux problèmes africains.
Q4 : Est-ce dans le même but que vous avez lancé l’Alliance Politique Africaine (APA) ?
Pas véritablement, quoique l’APA ait vocation à traiter aussi des questions de paix et de sécurité. Elle répond au besoin géopolitique et diplomatique pour l’Afrique de revoir qualitativement et significativement sa relation avec le reste du monde pour sa meilleure représentativité au sein des institutions multilatérales d’actions collectives et dans la gouvernance mondiale. Il s’agit principalement de fédérer les nations africaines éprises des idéaux du panafricanisme et déterminées à œuvrer pour une Afrique décomplexée, politiquement forte, non-alignée, indépendante et agissant de façon souveraine sur la scène internationale. Créée à l’initiative du Togo comme un cadre de concertation, l’APA a tenu sa première réunion ministérielle le 03 mai 2023 à Lomé.
Les ministres participants à cette première rencontre ont échangé sur les défis et les perspectives relatifs au positionnement stratégique, à la souveraineté et à l’expression des positions communes de l’Afrique sur la scène internationale, examiné les enjeux et les défis actuels du panafricanisme et de la renaissance africaine et ceux du renforcement de la coopération et des capacités endogènes de riposte contre le terrorisme.
Q 5 : On sent que l’action diplomatique du Togo est désormais très orientée vers le panafricanisme …
En effet ! Il n’y a aucun mal à vouloir le meilleur pour son continent. Nous rêvons d’une Afrique qui s’affirme comme un pôle de pouvoir et une actrice majeure des relations internationales. Si c’est ça le panafricanisme, alors nous sommes panafricanistes. C’est mus par cet engagement que nous avons lancé à Lomé, le 22 mai 2023, les préparatifs du 9e Congrès panafricain qui se tiendra à Lomé, du 29 octobre au 02 novembre 2024, sur le thème « Renouveau du panafricanisme et rôle de l’Afrique dans la réforme des institutions multilatérales : mobiliser les ressources et se réinventer pour agir ». Ce sera l’occasion pour les Africains vivant sur le continent et hors de celui-ci, la diaspora et les afrodescendants notamment, de s’interroger sur la question de leur devenir humain, politique, culturel, social et sociétal, dans un monde de plus en plus instable, en panne de responsabilité collective et de gouvernance concertée. Nous devons prendre très au sérieux la réflexion sur comment inventer une forme d’association humaine, une organisation politique et de nouvelles visions afin de définir ce que nous voulons pour nous-mêmes. Je vous en fait le serment : le 9e Congrès panafricain ne sera pas un congrès de plus mais un rendez-vous pour un nouveau départ. Toutes les forces physiques, morales et intellectuelles sont invitées à répondre à l’appel du devoir et à nous rejoindre pour réussir ce pari.
Le processus suit son cours comme en témoigne mon déplacement en Afrique du Sud où j’ai pris part, les 4 et 5 décembre passés, à la première conférence régionale préparatoire sous le thème : « Panafricanisme, sciences, savoirs et technologies ».
Q 6 : Changeons de registre à présent, pour parler de la coopération bilatérale. Quelles sont les avancées enregistrées par le Togo en 2023 ?
Nous mettons une pointe d’honneur à préserver nos liens avec nos partenaires bilatéraux. Au cours de l’année, j’ai effectué des visites de travail dans plusieurs pays, notamment le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la Côte d’Ivoire, etc, soit porteur d’un message du chef de l’Etat, soit pour discuter des questions d’intérêt commun, notamment les relations de bon voisinage, la lutte contre le terrorisme et la préservation de la paix.
Dans le cadre du renforcement de la coopération Sud-Sud, je me suis également rendu au Rwanda, les 25 et 26 janvier 2023 où j’ai été reçu en audience par Son Excellence Monsieur Paul Kagame, président de la République du Rwanda à qui j’ai remis un message de son homologue du Togo. Je me réjouis particulièrement du renforcement de nos liens de coopération avec un certain nombre de pays partenaires, entre autres, la France, l’Allemagne, la Serbie, la Corée du Sud, le Qatar, l’Arabie Saoudite etc…
En effet, à l’invitation de Monsieur Ivica Dacic, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la République de Serbie, j’ai effectué une visite de travail à Belgrade, du 16 au 18 janvier 2023. Elle a été l’occasion pour nos deux pays de s’engager à intensifier les contacts aussi bien au niveau gouvernemental qu’entre leurs secteurs privés en vue d’une concrétisation rapide de leur volonté à coopérer dans les domaines des investissements, des transports aérien et maritime, des industries, de l’agriculture, du commerce, de l’éducation et de la formation.
L’Allemagne se présente également comme un partenaire fiable de notre pays à plusieurs égards, notamment par son accompagnement dans la mise en œuvre de la feuille de route gouvernementale 2020-2025. C’est ainsi que j’ai eu l’honneur de participer en Allemagne, du 17 au 19 février 2023, à la 59e Conférence de Munich sur la Sécurité (MSC), sur invitation de son président, l’Ambassadeur Christoph Heusgen. L’édition 2023 de MSC a été l’occasion pour les éminents participants de mener des débats de haut niveau et de proposer des approches de solutions aux préoccupations majeures qui menacent la paix dans le monde. Au cours de cette conférence, j’ai eu à animer un panel de haut niveau sur la situation au Sahel notamment le terrorisme et l’extrémisme violent.
En marge des travaux de la conférence, j’ai eu plusieurs entretiens avec mes homologues de la République fédérale d’Allemagne, de la Lettonie, de la Slovénie et des Pays-Bas. Nous avons parlé de la sécurité au Sahel et en Afrique et du renforcement des axes de coopération entre chacun de ces pays et le Togo, en insistant sur l’investissement dans des secteurs à fort potentiel d’emplois.
Le 9 mars 2023 au Quai d’Orsay, j’ai eu un tête-à-tête fructueux avec Mme Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française au cours duquel nous avons passé en revue les projets de la coopération bilatérale mis en œuvre ou en cours. Il convient de relever que la coopération entre le Togo et la France a permis ces dernières années des réalisations concrètes dans plusieurs domaines, notamment, l’éducation, la formation professionnelle, le développement urbain, la connectivité, la culture, la santé, l’agriculture, la sécurité et la défense. Nous nous sommes entendus pour travailler à renforcer notre coopération en matière d’investissements notamment en encourageant l’installation d’entreprises françaises au sein de la Plateforme Industrielle d’Adéticopé (PIA). Les secteurs de l’agroalimentaire, du textile, de l’industrie pharmaceutique et du montage automobile ont été retenus comme prioritaires.
Par ailleurs, à l’occasion de son centenaire, l’Académie des Sciences d’Outre-Mer m’a fait l’honneur de m’inviter à prononcer un discours à la Sorbonne à Paris, le 26 mai 2023, lors de son colloque sur le thème « Cent ans de passion et au-delà pour l’outre-mer ».
De même, invité par mon collègue M. Jin Park, j’ai séjourné à Séoul, du 22 au 25 mars 2023. Le but de cette visite de travail est de redynamiser, d’actualiser et d’approfondir les relations d’amitié et de coopération qui unissent le Togo et la République de Corée. Nous avions, à cette occasion, convenu d’approfondir davantage et d’adapter notre coopération au contexte actuel ainsi qu’aux priorités et aux stratégies sectorielles mises en place dans chacun des deux Etats, à travers notamment des discussions techniques en vue de la signature d’un certain nombre d’accords visant à faciliter les investissements et les partenariats d’affaires entre les secteurs privés togolais et coréens.
Inversement, le Togo a eu l’honneur d’accueillir un nombre important de visites de ministres des Affaires étrangères de pays amis. Permettez-moi de n’en citer que quelques-unes, pour ne pas rendre fastidieux notre entretien. A mon invitation, la ministre des Affaires étrangères, de la Francophonie et des Centrafricains de l’étranger Mme Sylvie Baipo Temon, a effectué une visite de travail à Lomé, le 29 avril 2023.
Lomé a également reçu la visite de Mme Chrysoula Zacharopoulou, Secrétaire d’État française chargée du développement, de la Francophonie et des partenariats internationaux. Elle rencontré durant son séjour le Premier ministre Victoire Tomegah-Dogbé et plusieurs ministres. Au centre des échanges, plusieurs domaines de la coopération entre Lomé et Paris, notamment l’eau, la santé, le social, la lutte contre le terrorisme, et la nécessité de dynamiser davantage le partenariat.
Avec le Qatar, le renforcement de nos liens s’est matérialisé par l’ouverture cette année d’une ambassade du Togo à Doha.
Question 7 : Quid de la présence du Togo dans le multilatéralisme ?
Comme je l’ai dit plus haut, le Togo se bat, avec d’autres pays, pour une gouvernance juste et équitable du système multilatéral. C’est ce message que j’ai porté, au nom du président de la République, à la tribune de la 78e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, en insistant sur la nécessité pour l’Afrique de rester elle-même et maître de son destin. Nous sommes également très actifs dans nos organisations régionales et sous – régionales dont nous participons aux organes délibérants (Union Africaine, CEDEAO, UEMOA, Conseil de l’Entente, etc.), en veillant à ce que la voix du Togo soit audible.
Par ailleurs, dans le cadre de la diversification de ses partenariats, il vous souviendra que le Togo a fait l’année dernière son adhésion au Commonwealth. Dans cette dynamique, j’ai assisté du 13 au 15 mars 2023 à Londres, aux festivités marquant le « Commonwealth Day 2023 ». C’est la première participation du Togo à cet événement. Entre autres, les travaux de cette 22e session ont porté sur le financement de la résilience climatique et de la durabilité environnementale ainsi que le commerce intra-communautaire et la connectivité numérique. J’ai, dans mon intervention, évoqué la situation sécuritaire qui prévaut au Sahel et les velléités expansionnistes des groupes terroristes dans la sous-région ouest-africaine en mettant en exergue les différentes mesures prises par le gouvernement togolais pour lutter contre ce fléau.
Toujours dans la dynamique d’élargissement de nos horizons, nous nous sommes intéressés aux BRICS, qui sont le regroupement d’Etats qui captent aujourd’hui l’attention en ce qu’ils regroupent les principaux pays émergents et rassemblent la plus grande portion de population du monde. J’ai ainsi représenté le Togo au sommet des BRICS qui s’est tenu en Afrique du Sud en août 2023. J’ai également pris part à la réunion des ministres des Affaires étrangères du Groupe de 77+ la Chine qui s’est tenue, en septembre 2023 à la Havana à Cuba. A l’instar des BRICS, le G77+ la Chine présente encore de l’intérêt car, il constitue une voix alternative.
L’un des sujets de fierté de la diplomatie togolaise en cette année 2023 est la signature à Apia, le 15 novembre dernier, en République de Samoa, de l’Accord post-Cotonou entre l’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEAC) et l’Union Européenne. J’ai eu le privilège d’avoir été le négociateur en chef de l’OEACP durant les cinq années qu’a duré ce processus difficile, certains n’ayant clairement plus foi en ce type de partenariat. En Afrique, la demande de changement de paradigme dans les relations avec l’Europe est aujourd’hui très forte. Mais nous pensons qu’il s’agit d’un nouvel accord à mettre en œuvre dans un nouvel environnement et dans un nouvel état d’esprit. Il doit être en phase dans son opérationnalité avec des attentes d’indépendance, de respect, de dignité, de justice et d’équité des peuples d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Si le partenariat n’intègre pas ces attentes légitimes de nos peuples, il ne pourra pas tenir ses promesses. L’accord de Samoa doit être un nouveau départ et non la transition vers la fin du partenariat OEACP-UE, tel a été le sens de mon message à Apia.
Question 8 : Monsieur le Ministre, nous connaissons votre engagement pour la question des diasporas africaines et des afrodescendants. On ne saurait terminer cet entretien sans l’évoquer. Où en sommes-nous concrètement ?
Les diasporas africaines et les afrodescendants ont un rôle stratégique dans l’émancipation du continent. L’Union Africaine l’a très bien compris et c’est la raison pour laquelle elle met en place les mécanismes et projets qu’il faut pour non seulement mobiliser et associer les diasporas à la réalisation de l’Agenda 2063, mais aussi en prévoyant leur implication dans son dispositif institutionnel de prise de décision. Depuis plus d’une décennie, notre pays est en pole position sur cette question. Il préside le Comité en charge de la Décennie des racines et des diasporas africaines qui a tenu sa 5e réunion ordinaire, le 13 avril 2023. Dans le cadre des activités de cette décennie, s’est tenu à Rabat au Maroc le 12 janvier 2023, un forum sur la réduction des coûts de transferts des fonds de la diaspora, coprésidé par le Maroc et le Togo. Cette rencontre de haut niveau, dont l’objectif est de renforcer les cadres de dialogue existants au niveau continental en ce qui concerne les actions à mener en vue de la réduction des coûts des transferts de fonds de la diaspora africaine, a abouti aux « conclusions de Rabat », lesquelles ont été transmises à l’Union Africaine comme feuille de route pour obtenir la réduction effective des coûts des envois de fonds de la diaspora.
Au titre des actions en lien avec la diaspora togolaise stricto sensu, nous avons publié le 09 mai 2023 les résultats du recensement des Togolais de l’extérieur après un processus laborieux entamé en 2021. Le nombre de compatriotes vivant hors de nos frontières est estimé à 950.436 dont 44,18 % de femmes et 55,82 % d’hommes. Ce recensement est une première dans l’histoire du Togo. Il a pour principal enjeu d’identifier les Togolais vivant hors des frontières nationales, de mieux les connaître, de maîtriser leur répartition géographique à travers le monde et de doter notre pays d’une base de données fiable qui peut aider dans l’élaboration des politiques publiques en faveur de la diaspora. Cette base de données permettra de mieux valoriser les compétences de la diaspora togolaise afin d’en transformer l’actif démographique et géostratégique en dividende économique et sociale dans l’intérêt de notre pays.
Question 9 : Monsieur le Ministre Dussey, nous arrivons à la fin de notre entretien. Auriez-vous un mot de conclusion ?
Que puis-je ajouter d’autre, à l’orée de cette nouvelle année, que de formuler à l’endroit du chef de l’Etat, Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé, artisan de la formidable transformation de notre pays, mes vœux de bonne santé, de prospérité et de paix.
J’associe à ces vœux, le Premier ministre Victoire Tomégah-Dogbé et l’ensemble de mes collègues du gouvernement.
J’adresse également mes vœux les meilleurs au corps diplomatique et consulaire accrédité au Togo et à tous les partenaires techniques et financiers du Togo qui n’ont cessé d’accompagner le gouvernement dans la mise en œuvre des actions en faveur du développement de notre pays et du bien-être de nos populations.
Enfin, je formule le vœu que 2024 soit pour les membres du personnel du ministère des Affaires étrangères une année paisible de santé et de bien-être tant dans leurs vies professionnelles que privées.
Bonne année à tous !
Je vous remercie.
La Rédaction
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