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La situation économique de l’Afrique sub-saharienne marquée par des progrès notables, mais aussi par des vulnérabilités macroéconomiques persistantes, selon le FMI

Le représentant résident du FMI au Togo, M. Kaffo Melou (2eme de la droite) entouré des responsables de la FASEG.
La situation économique de l’Afrique sub-saharienne marquée par des progrès notables, mais aussi par des vulnérabilités macroéconomiques persistantes, selon le FMI

Le Fonds Monétaire International (FMI) au Togo a présenté, le 27 novembre 2024, aux étudiants et enseignants-chercheurs de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG) de l’Université de Lomé, l’édition d’octobre 2024 du rapport sur les perspectives économiques régionales pour l’Afrique sub-saharienne. Intitulé « Afrique sub-saharienne : entre réformes et grandes espérances », ce rapport analyse en profondeur la situation économique de la région, dans un contexte marqué par des progrès notables, mais aussi par des vulnérabilités macroéconomiques persistantes.

Etudiants et enseignants-chercheurs en sciences économiques et de gestion

Les principales conclusions du rapport sur les perspectives économiques régionales pour l’Afrique sub-saharienne, édition d’octobre 2024 du FMI, relèvent trois tendances positives observées, depuis l’édition d’avril 2024, autant de tendances négatives et de priorités pour l’action publique des gouvernants de la sous-région.

Pour les tendances positives, la première est liée au fait que les déséquilibres macroéconomiques ont commencé par se résorber, en l’occurrence les déficits budgétaires : l’inflation qui est en baisse, des pressions sur les taux de changes qui se sont réduits et l’accès aux financements extérieurs. La deuxième bonne nouvelle pour la région est que les pays comme le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Kenya ont réussi à repartir sur les marchés internationaux, ce qui permet aux pays de la sous-région de pouvoir implémenter leurs politiques d’ajustement beaucoup plus graduellement, sans avoir à couper de façon drastique les dépenses. La troisième tendance positive, c’est le fait que la croissance a repris, même si elle est timide. Elle est censée augmenter d’à peu près 3,6%, cette année et 4,2% l’année prochaine.

Les trois difficultés qui persistent (tendances négatives) sont liées au fait que, malgré l’amélioration de la position extérieure des pays de la sous-région, il y en a encore beaucoup qui n’ont pas accès aux financements (pénurie de financements persistante) et que les taux d’intérêts continuent par être élevés pour ceux qui veulent lever des ressources sur les marchés internationaux. La deuxième difficulté est que la croissance, bien qu’elle soit en hausse pour 2025, continue d’être faible par rapport au niveau qui est nécessaire pour réduire l’écart qu’il y a entre les pays de la sous-région et les autres pays en développement. La troisième mauvaise nouvelle réside dans le fait qu’on observe dans la sous-région une sorte de frustrations liées aux réformes mises en place. Lesquelles frustrations viennent de la vie chère. « Les augmentations de la pression fiscale ne sont pas les bienvenues. Les populations sont fatiguées, après avoir subi une succession de chocs qui a réduit leur pouvoir d’achat de façon considérable », a expliqué le Représentant résident du FMI, M. Maximilien Kaffo Melou.

Les performances du Togo au-dessus de la moyenne de la sous-région

Le rapport aborde également les trois priorités pour l’action publique. Pour les gouvernements de la sous-région, la première priorité est de trouver le bon équilibre entre les différentes politiques économiques que les pays doivent mettre en place, en prenant en compte les différents déséquilibres. « Si les déséquilibres sont importants, il faut mettre en œuvre des réformes fortes, s’attaquer aux problèmes le plus rapidement possible. Cela permet de donner de la crédibilité à ce que le gouvernement veut faire et en même temps, d’envoyer un signal fort aux investisseurs que le gouvernement est sérieux dans le redressement de la situation économique du pays. Dans les pays où ces déséquilibres sont moyens, les gouvernants peuvent décider d’aller un peu plus graduellement, ce qui permettrait de limiter l’impact que cela peut avoir sur l’acceptabilité de ces réformes. Les pays qui ont des déséquilibres faibles, qui sont donc dans une meilleure posture, le rapport recommande, tout simplement de recommencer à reconstituer les marges de manœuvres qu’ils ont utilisées pendant les différents chocs qui ont eu lieu, durant les dernières années », a souligné M. Melou.

La deuxième recommandation demande aux gouvernements de continuer l’assainissement des finances publiques, mais en s’assurant de protéger les dépenses essentielles et celles qui favorisent les populations les plus vulnérables. C’est crucial, si on veut minimiser la résistance des populations aux réformes qui vont devoir être prises dans les années à venir.

La dernière, liée à la précédente, est de mettre en œuvre un cadre institutionnel qui favorise la confiance des populations par rapport aux réformes mises en œuvre. « En ce qui concerne la croissance, les performances au niveau du Togo sont au-dessus de la moyenne de la sous-région. Pour les finances publiques, les autorités se sont engagées à ramener le déficit à 3%, d’ici 2025, un objectif vraiment louable. En même temps, le Togo a la chance d’être vu dans la sous-région comme un pays réformateur, ce qui lui accorde cet avantage de pouvoir avoir accès à des financements concessionnels, lesquels devraient l’aider à faire face à ses arbitrages difficiles de façon beaucoup plus raisonnable », a relevé le conférencier.

Faustin LAGBAI

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