Le 11 juillet est commémorée la journée africaine de lutte contre la corruption. Pour la 8e fois, la Haute Autorité de Prévention et de lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HAPLUCIA) a réuni des partenaires autour des « Mécanismes efficaces de protection des lanceurs d’alerte : un outil essentiel dans la lutte contre la corruption ». Cette édition veut mesurer le chemin parcouru dans la mise en œuvre de la convention de l’Union Africaine contre le fléau, identifier les défis et envisager les perspectives pour renforcer les mesures administratives et autres, visant à protéger les informateurs et témoins dans les cas de corruption.
Membres de la Haute autorité et autres partenaires à la conférence débat
La corruption, cette gangrène pour le développement des économies nationales, persiste dans tous les pays, se manifestant sous des facettes multiples, depuis les dessous-de-table jusqu’aux détournements à grande échelle des deniers publics. Elle constitue un obstacle important à la gouvernance démocratique, à la protection des droits de l’Homme et au développement durable en Afrique. Elle érode la confiance des citoyens dans les institutions publiques, projette une image négative du pays à l’extérieur et est aussi la racine de tous les autres maux dont souffrent les pays en développement, notamment le terrorisme, l’extrémisme violent, les aventures migratoires périlleuses, le trafic de migrants, de drogues, d’armes, de faux médicaments. La lutte contre cette pieuvre appelle à une synergie d’actions à tous les niveaux. D’où, l’institution de la journée africaine de la lutte contre la corruption.
Dans le cadre de la huitième célébration, la Haute Autorité de Prévention et de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HAPLUCIA) a organisé, le 11 juillet 2024, une conférence débat, pour faire le point sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la convention panafricaine et la disséminer davantage. La rencontre avec les organes de contrôle et de régulation, ainsi que les acteurs du secteur privé et de la société civile, a pour objectif de souligner l’importance de la dénonciation dans la lutte contre la corruption et la nécessité de prendre des mesures efficaces pour protéger les personnes qui signalent les actes de corruption. De façon spécifique, cette célébration vise à faire l’état des lieux et assurer la promotion de la dénonciation au Togo, sensibiliser les populations sur les méfaits de la corruption, les inciter à ne pas tolérer ce phénomène et les rassurer de leur protection. C’est ce qui explique le choix du thème de cette édition « Mécanisme de protection efficace des lanceurs d’alerte : Outil essentiel dans la lutte contre la corruption », pour affirmer l’engagement des Etats à protéger les lanceurs d’alerte (citoyens, activistes, journalistes). Et à juste raison, car contribuant à mettre en évidence les points faibles qui nécessitent une action du gouvernement et, parfois, à découvrir des preuves de corruption qui requièrent des actions de suivi de la part des agences anti-corruption de l’Etat. Il s’agit de susciter une prise de conscience collective contre cet ennemi des économies nationales qui fait perdre plus de 20% du PIB.
Défendre les droits des lanceurs d’alerte comme étant des partenaires cruciaux
Pour ces raisons, le président de la HAPLUCIA, Kimelabalou Aba, estime que « sans des mesures de protection, malgré la volonté de ces citoyens de contribuer à la lutte contre la corruption en Afrique par leurs actions de dénonciations, ils craignent en retour, des représailles dont ils pourraient être victimes. Il urge que les gouvernements africains se penchent sur la protection de ces citoyens, en tant que partenaires cruciaux dans cette lutte, pour relever ce défi commun. Sans actes forts des États pour garantir la protection des lanceurs d’alerte et soutenir leur travail, la corruption continuera de gangrener l’Etat de droit, de renforcer la défiance des citoyens envers les autorités et de saper les droits humains ». Selon lui, cette thématique a été choisie conformément aux dispositions de la convention de l’UA pour « adopter des mesures administratives et autres pour protéger les informateurs…» M. Aba trouve donc important de s’inscrire dans une synergie d’actions et de moyens, de lever le voile, de révéler les faits de ce crime, afin de poursuivre et châtier les auteurs et enfin recouvrer les fonds générés. Il a témoigné sa gratitude au chef de l’Etat qui, en constitutionnalisant la Haute Autorité pour la transparence, l’intégrité de la vie publique et la lutte contre la corruption, en remplacement de la HAPLUCIA, vient renforcer la promotion de la bonne gouvernance et la lutte dans le pays.
Adoptée le 11 juillet 2003, la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption prescrit une stratégie de lutte fondée sur des mesures préventives, des incriminations, une coopération forte et la mise en place des agences anti-corruption indépendantes dotées d’un personnel spécialisé.
Le ministre en charge des Droits de l’Homme et des Relations avec les Institutions de la République, Pacôme Yawovi Adjourouvi, a souligné « l’urgence de prendre conscience de l’existence de ce vice viscéral, afin de rechercher ensemble les voies et moyens pour s’en prémunir, le contenir ou le traiter, tant le risque encouru est incommensurable ! ». Il a salué les mesures prises, permettant d’améliorer la position du Togo et invité à continuer la lutte en amont, par l’intensification des actions de prévention, de sensibilisation pour éradiquer le mal et promouvoir les valeurs d’éthique dans nos sociétés.
Pour l’efficacité dans le combat collectif, une signature des protocoles d’accord de coopération est intervenue entre la HAPLUCIA et des organisations de la société civile.
Zeus POUH-PEKA
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