Assemblée Nationale

La loi relative à l’organisation juridique et institutionnelle du programme des cantines  scolaires votée

la présidente de l'Assemblée nationale, l’honorable Yawa Tségan
La loi relative à l’organisation juridique et institutionnelle du programme des cantines  scolaires votée

L’Assemblée nationale a tenu ce mardi 23 juin 2020, à son siège à  Lomé, sa 7e séance plénière de la  première session ordinaire de l’année 2020. Cette session dirigée par  la  présidente de l’institution, l’honorable Yawa Tségan, a été essentiellement consacrée à l’étude et à l’adoption du projet de loi relatif à l’alimentation  scolaire. Cette loi permettra  au Togo  d’optimiser la contribution des différentes parties prenantes en vue d’accroitre  la  couverture  et l’impact  de l’alimentation scolaire  sur le  bien-être, l’éducation et la santé des enfants, mais également de  pérenniser le développement économique local, particulièrement celui  des  zones  les plus vulnérables, à travers les approvisionnements en produits locaux de  proximité. La séance s’est déroulée en présence des commissaires du gouvernement, notamment la ministre du Développement à la base, de l’Artisanat et de la Jeunesse, Mme Victoire Tomégah-Dogbé et son collègue des Droits de l’Homme, chargé des relations avec les  Institutions de la République, M. Christian Trimua.

L’alimentation scolaire constitue l’un des filets sociaux majeurs de la politique de protection sociale au Togo. Son intensification telle que préconisée par le Plan National de Développement (PND) contribuera  à  accélérer l’atteinte  des Objectifs  de Développement  Durable (ODD). Ce filet  de protection sociale représente  une  des priorités  de l’Union Africaine (UA) qui accorde une primauté à l’alimentation scolaire comme mécanisme permettant d’éliminer la faim, d’encourager la  scolarisation des enfants, de  promouvoir les  agriculteurs  locaux  et  l’entreprenariat  local.

Au Togo, l’expérience  en la matière  a commencé  en 2008 et  les  premières évaluations ont donné des résultats satisfaisants. Toutefois, des  défis  restent à relever pour réaliser pleinement son potentiel, notamment, la mise en place d’un cadre juridique pour un encadrement efficace, la  définition des conditions idoines pour son opérationnalisation et la mobilisation  accrue  de  ressources. C’est  ce qui a  conduit le  gouvernement à élaborer le projet  de  loi relatif  à l’alimentation scolaire, soumis à l’étude des parlementaires réunis  hier  en leur 7e séance  plénière.

Ce projet de loi vise  à poser les bases d’un développement  optimal,  à travers  la mise en place d’un cadre juridique et institutionnel renforcé, les  conditions  d’organisation sécurisée, de coordination et de supervision à respecter par tous les acteurs, la mobilisation de toutes les parties prenantes y compris le secteur privé, la société  civile et les  partenaires internationaux. Il comporte 37 articles, regroupés en sous 7 chapitres. Ces  chapitres traitent respectivement des dispositions  générales, des conditions  d’approvisionnement  et de  stockage des  denrées  alimentaires, de l’hygiène et de la sécurité sanitaire, de la responsabilité des différents acteurs et du cadre  de  gestion et  de  pilotage. Les deux derniers chapitres prévoient  des  sanctions en cas de non-respect des mesures d’hygiène et de sécurité, du détournement des ressources et de la  défaillance  dans le dispositif de  suivi  ainsi que   les  dispositions  transitaires.

Après  les débats de fond, la loi  a été  adoptée à l’unanimité par les députés présents. A cette  occasion, la  présidente de l’Assemblée  nationale, Mme  Yawa Tségan, a expliqué  que,  consacrée  par l’article 35  de la Constitution, l’éducation reste  un puissant  vecteur de changement qui  donne  aux  apprenants de  tout âge  la  chance de se transformer  et de  transformer la société. Et  c’est  ce  qui amène les  parents  à se battre  pour  mettre  leurs  enfants  à l’école. Et si dans l’ensemble, l’éducation  primaire  a enregistré  de  grands progrès, les zones rurales connaissent encore un grand retard de  scolarisation,  imputable  principalement  à  la  situation de pauvreté  qui  y  prévaut. L’une  des réponses tangibles aux difficultés des familles  devant  l’impératif  de l’éducation, a-t-elle  rappelé, a été l’institutionnalisation en 2008  du programme  de  cantines scolaires, dont les résultats sont encourageants et élogieux. «De façon  constante, le programme de cantines scolaires est présenté comme l’un des investissements  les plus  importants  du Togo  ayant un impact  considérable  sur l’assiduité, le temps d’apprentissage  et surtout l’augmentation du taux  d’inscription ainsi qu’un meilleur  résultat  aux  examens nationaux   de nos enfants. C’est là le plus  beau cadeau de  solidarité et de  redistribution de la richesse que la République  puisse faire à ces valeureux  parents  combatifs,  en donnant le sourire à leurs  enfants  heureux  d’aller  s’instruire », a-t-elle  souligné. Il revient donc à  tout un chacun, de poursuivre  inlassablement  les  efforts  pour  faire  disparaître  la plus  redoutable  des  inégalités  qui viennent  de la naissance, pour permettre une égalité d’éducation, convaincus  que l’école  obligatoire  et  gratuite  constitue l’une  des  plus  grandes  avancées  du Togo, sous l’impulsion du chef de l’Etat, a-t-elle  confié.

« Cette  ambition est de notre  responsabilité partagée, surtout en tant que représentation nationale, d’accorder  une  égalité de chance  de  réussite  à nos enfants,  tant  en milieu  rural  qu’urbaine », a dit Mme  Tségan.

Réagissant après le vote de la loi, la ministre Victoire Tomégah-Dogbé, a remercié les députés  pour cette loi qui permettra à chaque élève togolais d’accéder à une alimentation suffisante  et  nutritive, afin de mener  une  vie  scolaire  normale.

« Nous prenons  ainsi ensemble, dans notre pays, le pari  de  faire  de  l’alimentation scolaire  un levier  pour  atteindre  la  Faim  Zéro à l’école, contribuant  à l’atteinte  de l’ODD2  relatif  à l’élimination de la faim et  à la promotion de l’agriculture, un  accélérateur de l’éducation de  qualité pour tous et un catalyseur  du développement local inclusif, comme  l’ambitionne le PND-2018-2022 », a-t-elle relevé.

La ministre  a rappelé  que la mise  en œuvre  du programme  d’alimentation scolaire  a  produit  des  résultats qui  méritent  d’être  amplifiés  et  portés  à  échelle. Ainsi,  il y  a  eu une  augmentation de l’effectif scolaire  de 94%  dans les  écoles  bénéficiaires,  contre 7%  dans les  écoles  non bénéficiaires,  avec  une  augmentation de l’effectif des  filles. Les repas  servis  dans ces cantines  apportent 60 à 75% des  besoins   quotidiens des  enfants  en calories. Aujourd’hui,  ce sont plus de 97 518 élèves  dans  315 écoles  primaires  publiques  du Togo  qui bénéficient  de ces cantines  scolaires. En tout  plus  de 72,3 millions de repas  ont été  distribués  depuis  2008.  De  plus,  l’impact  de ce programme  ne se limite  pas  seulement  aux élèves  bénéficiaires, a-t-elle  expliqué, le Togo  a  adopté  l’approche  communautaire, inclusive et  endogène. Ainsi,  depuis 2011,  le ministère  chargé  du développement  à la  base et celui chargé  de l’agriculture  appuient  des   jeunes  et  des  groupements de  producteurs  et  transformateurs  de produits  locaux  à  travers  les projets   et programmes.

A  travers  ces mécanismes,  a-t-elle  confié, ce  sont  des milliers de producteurs  qui, dans tout  le pays, développement  l’agriculture   locale  et la  transformation,  créant  ainsi  une  agro-industrie  pour alimenter  les  cantines  en vivres  et  développant  l’économie  locale. Le programme  apporte  également  des revenues  à  des  centaines  de  cantinières, les  « femmes-mamans »,  qui  dans  le respect  des  règles  d’hygiène  préparent   et  servent  des mets  locaux  aux élèves  bénéficiaires.

Mélissa BATABA

 

 

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