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La croissance économique évaluée à 6,4%, la dette publique soutenable en 2023, selon le Conseil National de Crédit du Togo

Le ministre Pré. A sa droite, le nouveau directeur de la BCEAO pour le Togo, Mme Dogbé Azoma
La croissance économique évaluée à 6,4%, la dette publique soutenable en 2023, selon le Conseil National de Crédit du Togo

La dernière réunion ordinaire du Conseil national du crédit, pour le compte de l’année 2023, s’est tenue, le 14 décembre 2023, dans les locaux de la direction nationale de la BCEAO, à Lomé. La rencontre a permis d’examiner, une fois encore, les conditions d’un meilleur financement de l’activité économique dans le pays. Elle a été présidée, au nom du ministre de l’Economie et des Finances, président statutaire, par le ministre conseiller à la Présidence de la République, Pré Simféitchéou, en présence du tout nouveau directeur national de la BCEAO pour le Togo, Mme Akuwa Dogbé Azoma, et d’autres membres du Conseil.

Une vue des membres lors des travaux du Conseil national du crédit.

Au menu des discussions de la dernière session de l’année du Conseil national du crédit, tenue au siège national de la BCEAO à Lomé, le projet de rapport annuel du CNC au Comité de Politique Monétaire (CPM), portant sur l’évolution de la situation économique et du système financier au titre de l’année 2023. Les membres, sous la direction du ministre conseiller Pré Simféitchéou, ont également échangé sur une note d’analyse comparative des mécanismes contraignants de recouvrement des créances bancaires. L’objectif étant d’améliorer durablement la qualité des actifs du système financier togolais, en vue de renforcer les capacités des établissements du secteur bancaire à davantage financer l’économie du pays. Enfin, ils ont abordé le programme de travail du CNC au titre de l’année 2024.

Analysant l’évolution de la situation économique, monétaire et financière à fin septembre 2023, le Conseil a relevé une consolidation de la croissance économique en 2023, avec un taux de 6,4%, en raffermissement de 60 points de base par rapport à la réalisation de 5,8% en 2022. Le secteur tertiaire étant le moteur de cette croissance économique. En effet, malgré les incertitudes qui pèsent sur la situation économique mondiale et sous-régionale, certaines branches du secteur tertiaire, notamment celles dédiées au trafic portuaire de marchandises et du fret aérien, affichent une plus forte résilience. En revanche, l’activité du secteur primaire serait pénalisée par des conditions climatiques défavorables pour certaines zones de production vivrière. Les contributions des secteurs primaire et tertiaire à la croissance économique sont, désormais respectivement attendues à 0,9% et 4,1%, contre 1,2% et 4,0% initialement prévues. S’agissant de la contribution du secteur secondaire, elle demeure inchangée à 1,4%.

Les concours bancaires à l’économie ont connu une progression vigoureuse

Selon le ministre conseiller Pré, cette évolution de l’activité économique s’inscrit dans un contexte de décélération du niveau général des prix à la consommation, ainsi que d’un endettement public soutenable. En effet, le taux d’inflation s’est établi en moyenne sur les neuf premiers mois de l’année à 5,7%, contre 7,5% un an plus tôt. La baisse du taux d’inflation fait suite principalement à une amélioration de l’offre locale de produits alimentaires, en raison d’une campagne agricole satisfaisante. Quant au taux d’endettement public, il est ressorti à 66,4% à fin septembre 2023, contre 65,5% à fin décembre 2022, en dessous de la norme communautaire plafond de 70%.

Relativement au système financier, le Conseil s’est réjoui de la bonne tenue de la plupart des principaux indicateurs d’activité. Ainsi, il a noté, avec satisfaction, une évolution de l’activité des banques et des Systèmes financiers décentralisés (SFD) marquée par la hausse des encours des crédits et des dépôts. En effet, dans un contexte marqué par l’élargissement du réseau des institutions financières, les concours bancaires à l’économie ont connu une progression vigoureuse. Les données disponibles indiquent que les créances intérieures, c’est-à-dire les concours accordés à l’Etat et au secteur privé, ont crû de 12% en un an, pour atteindre 1.872 milliards à fin septembre 2023. S’agissant particulièrement des financements au profit du secteur privé, ils ont représenté 93% des créances intérieures. De ce fait, le taux de financement du secteur privé est ressorti à 31% à fin septembre 2023, contre 30% un an auparavant.

Banques et SFD invités à accompagner davantage les opérateurs économiques

Par ailleurs, l’examen des coûts de financement révèle une baisse des taux d’intérêt appliqués aux crédits octroyés aux micros entreprises. Ainsi, les taux d’intérêt servis sur les crédits qui leur sont accordés ont connu une régression de 30 points de base, pour se situer à 8,9% au troisième trimestre 2023. Cette évolution encourageante du financement de l’économie s’est accompagnée de la poursuite de l’assainissement du portefeuille de crédit des banques et des SFD. A cet égard, le taux brut de dégradation du portefeuille de crédit des banques est passé de 8,8% au 30 septembre 2022 à 8,3% à fin septembre 2023. Sur la même période, le taux brut de dégradation du portefeuille de crédit des institutions de microfinance s’est, établi à 5,6%, contre 5,7%, pour une norme de 3,0%.

Le Conseil a saisi cette opportunité pour inviter les banques et les SFD à maintenir cet élan pour accompagner davantage les opérateurs économiques, à travers un accroissement continu des financements aux micros, petites et moyennes entreprises, ainsi qu’aux secteurs de l’habitat et de l’agriculture. Le ministre Pré Simféitchéou a également encouragé les directeurs généraux des établissements de crédit et des SFD à poursuivre l’amélioration continue de la qualité de leurs services financiers, tout en assurant, notamment le fonctionnement normal des guichets et distributeurs automatiques de banque, ainsi que la prise en charge diligente des réclamations des clients.

Par ailleurs, le Conseil s’est appesanti sur les mécanismes contraignants de recouvrements des créances bancaires. L’idée est de trouver des solutions pour améliorer durablement la qualité des actifs du système financier togolais, en vue d’augmenter les capacités des établissements du secteur bancaire à accroître le financement de l’économie. A ce titre, une proposition a été faite pour la mise en place d’une structure nationale de recouvrement des créances bancaires. Proposition qui fera objet de réflexions poussées, dans les prochains jours, en vue de voir sa faisabilité.

Le ministre Pré a saisi l’occasion pour féliciter Mme Akuwa Dogbé Azoma, nouveau directeur national de la BCEAO, pour sa nomination historique à ce poste stratégique de la Banque centrale, en lui souhaitant plein succès dans ses nouvelles fonctions. Elle remplace à ce poste M. Kossi Tenou appelé à d’autres fonctions au cabinet du Gouverneur au siège de la BCEAO, à Dakar, d’où elle-même vient.

Blandine TAGBA-ABAKI

 

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