La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) a organisé, samedi 18 janvier, à son siège à Lomé, une Journée Portes Ouvertes (JPO) sur l’institution, qui a la charge de l’organisation et de la supervision des scrutins électoraux au Togo. Le thème de cette assise, une 1ère jamais réalisée depuis la mise en place de la CENI, est : « La CENI au service du peuple et de la République ». C’est le président de cette institution, M. Tchambakou Ayassor, qui a présidé la cérémonie d’ouverture. Elle a été marquée par une conférence inaugurale sur le thème, « CENI du Togo : historique, enjeux et défis », animée par le Pr Essoham Batchana, enseignant d’histoire à l’Université de Lomé. Un parterre de personnalités et de citoyens y ont fait le déplacement pour découvrir cette institution qui a en charge l’organisation des élections.
La démarche de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) se situe dans le cadre du processus électoral pour la tenue du scrutin présidentiel du 22 février 2020. Cette Journée Portes Ouvertes (JPO) a eu le mérite d’offrir aux différentes parties prenantes à ce processus et aux citoyens afflués de divers horizons, de « mieux appréhender le caractère pluriel de la CENI et son fonctionnement(…) » et de « s’imprégner davantage du cadre légal des scrutins, en général, et, en particulier, des enjeux et des diligences accomplies en vue de l’élection présidentielle de 2020 ».
Conférence et panel thématiques, animation des stands, jeux questions-réponses sur les médias partenaires de la CENI et émissions interactives sur 10 radios de Lomé, ont permis ainsi aux visiteurs, de connaître mieux l’institution à travers notamment en ce qui concerne, son fonctionnement et ses activités déroulées et à dérouler au cours du processus électoral en cours.
« Il est désormais un fait établi que les aspirations profondes du peuple pour la démocratie qui en fait une quête légitime perpétuelle, conforte la thèse selon laquelle les élections crédibles, transparentes et inclusives constituent la voie royale de dévolution et de légitimation du pouvoir politique », a déclaré le président de la CENI, M. Thambakou Ayassor. Il s’est, en effet, félicité que le Togo se soit résolument engagé, depuis fort longtemps, dans cette dynamique, tout en prenant « la juste mesure du poids de notre responsabilité, combien noble, qu’induit, aux plans individuel et collectif, la charge de la conduite des processus électoraux, en conformité avec les dispositions du cadre légal ».
Par ailleurs, M. Ayassor a laissé savoir que le concept des JPO fait son bonhomme de chemin au Togo et semble également prospérer comme en France, où elles sont rentrées dans les mœurs, au point de devenir aujourd’hui un véritable outil de communication institutionnelle. « Sans fausse modestie, la CENI se réjouit d’avoir contribué à la paix et à la vitalité de nos institutions démocratiques, dont l’Assemblée nationale et les conseils municipaux actuels sont des icônes », a-t-il relevé.
Enjeux de la CENI et responsabilité des acteurs
A l’entame de sa communication, le Pr Essoham Batchana a fait observer qu’il est normal qu’une institution comme la CENI soit au cœur des préoccupations politiques, d’autant plus que les sociétés démocratiques se caractérisent, entre autres, par l’organisation d’élections disputées à intervalles réguliers. Pour lui, l’élection est véritablement un processus, contrairement à l’impression qui laisse croire qu’elle consiste uniquement à glisser un bulletin dans l’urne. Et d’en déduire donc que « celui qui a la maîtrise de l’organisation de ce processus a la maîtrise également de résultat qui en sera issu », soulignant que même dans les sociétés les plus démocratiques, à l’origine de la création de la CENI, figure le débat extrêmement important de la transparence et de l’équité des partis politiques ou tous ceux qui sont engagés dans le processus. « C’est en lien avec cette notion d’équité que certains ont pensé qu’il faut détacher l’organisation des élections du pouvoir public, puisqu’on ne peut pas être juge et partie en même temps », a-t-il souligné.
Pour ce qui est du Togo, le conférencier a fait noter que l’histoire de la CENI, ou ce qui est considéré d’appeler l’organe administratif, politique ou purement technique d’organisation des élections, se résume aussi avec l’histoire du pays. Le reste de son exposé a été axé notamment sur le cheminement des différents organes qui ont conduit les processus électoraux au Togo, depuis la période coloniale avec l’organisation des premières élections en 1946 jusqu’en 1990, début de la démocratisation du pays, à la CENI actuelle. Pour le communicateur, c’est l’Accord politique global (APG) qui a porté naissance à la CENI telle qu’elle est configurée aujourd’hui. M. Batchana a également relevé que les enjeux de l’élection de la présidentielle de 2020 induisent évidemment des responsabilités, celles de l’ensemble des parties prenantes, aussi bien individuellement que collectivement.
La réforme majeure, celle qui était la plus attendue par les acteurs politiques, a rappelé l’intervenant, c’est celle qui consacre une élection à deux tours, ce qui, de l’affirmation du conférencier, « aiguise les appétits ». Du reste, l’intervenant a terminé sa communication sur ce qu’il a dit être une belle pensée du feu président français Jacques Chirac, en ces termes : « Aussi surprenant que cela puisse paraître, je n’ai pas grandi dans l’obsession d’accéder un jour aux plus hautes charges de l’Etat ».
De la synthèse faite par le modérateur de séance, M. Seigneur Latifou Kégbéro, on peut retenir que le conférencier a légitimement félicité le président de la CENI et l’ensemble des membres pour avoir, dans un premier temps, organisé « des élections locales historiques, 32 ans après les dernières » et ensuite,d’avoir aussi fait valoir que « c’est la même CENI qui est en train d’organiser une élection post-réforme ».
Du débat qui s’en est suivi, l’on retiendra des questions d’éclaircissement, des apports mais aussi des félicitations et encouragements à l’endroit de la CENI et surtout des appels vis-à-vis de tous les acteurs pour une présidentielle apaisée et équitable.
Dans l’après-midi de cette journée portes ouvertes, la suite du débat a été mené lors d’un panel de haut niveau sur la thématique : « Rôle et responsabilité des partis politiques et de la société civile dans un processus électoral ».
Martial Kokou KATAKA
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