Un atelier de renforcement de capacités sur la fortification alimentaire à grande échelle se tient à l’initiative du Comité National pour la Fortification des Aliments (CNFA) du Togo. Ceci, avec le financement de Catholic Relief Services (CRS). Organisée avec la collaboration du réseau des médias pour la nutrition et la fortification des aliments (MNFA), et l’association togolaise des consommateurs (ATC), cette assise de trois jours entend outiller les acteurs de la société civile et les journalistes sur les questions de fortification alimentaire, une stratégie pour résoudre les problèmes liés aux carences en micronutriments.
Des professionnels des médias publics et privés membres du réseau pour la nutrition et la fortification des aliments, ainsi que des acteurs issus des associations de consommateurs, sont conviés, à un atelier de formation participant aux activités du projet de fortification alimentaire à grande échelle (LSFF). Un projet mis en œuvre par l’ONG Catholic Relief Services (CRS), à travers le financement de la Fondation Bill et Melinda Gates et la coopération allemande, à travers la GIZ. La présente formation s’insère dans un contexte marqué par les carences en vitamine A, en fer, en acide folique, en zinc et en iode ; des carences qui représentent un véritable problème de santé publique aux multiples conséquences physiologiques et économiques, particulièrement dans la région de l’Afrique de l’Ouest. L’atelier se veut donc un cadre pour présenter la problématique des carences en micronutriments, l’état des lieux de la fortification alimentaire au Togo, mais aussi pour faire connaitre les textes réglementaires et législatifs en matière de fortification des aliments de grande consommation au Togo. Il s’agit aussi de présenter les défis et enjeux liés à la problématique et au rôle que peuvent jouer les médias et les défenseurs des consommateurs dans l’enrichissement des aliments. Au menu des travaux, il est prévu plusieurs activités, notamment, la visite d’immersion dans les industries de production de l’huile enrichie en vitamine A et de la farine de blé fortifiée en fer/acide folique. Les participants vont aussi être renseignés sur les activités réalisées dans le domaine de la nutrition par les acteurs de la société civile et s’exercer à imaginer de petites actions réalisables à faible coût et contribuant à la promotion de la fortification des aliments.
A l’ouverture des travaux, Dr Mouawiyatou Bouraïma, coordinateur du Comité national pour la fortification des aliments (CNFA), a indiqué que la carence en fer reste un problème majeur au Togo, puisque plus de 70% des enfants âgés de 6 à 59 mois sont anémiés ; 25% souffrent d’anémie légère, 42% d’anémie modérée et 2% d’anémie grave. Plus de 60% des filles et des femmes enceintes ou allaitantes et 48,8% des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans sont anémiées. Selon lui, les progrès substantiels ont été enregistrés, ces dernières années, mais les carences en iode et en vitamine A demeurent préoccupantes, avec seulement 31% des ménages qui consomment du sel « adéquatement » iodé en 2017. Face à cette situation, le gouvernement a pris des initiatives pour lutter contre les carences en micronutriments. A cet effet, le gouvernement a créé, en 2009, le Comité national pour la fortification des aliments (CNFA). Sa mission étant de coordonner les activités de fortification des aliments à grande échelle de consommation au sein de la population. A la suite de ce comité, la fortification de la farine de blé en fer/acide folique et zinc a été effective, de même que celle des huiles en vitamine A, depuis octobre 2009. Il a fait savoir qu’un plan d’action sur la fortification est aussi disponible, depuis 2010, mais avec la mise en œuvre seulement de quelques activités. « L’engagement du Togo en faveur de la fortification s’est également traduit par la prise d’un décret présidentiel, en 2012, rendant obligatoire l’enrichissement de l’huile raffinée en vitamine A et de la farine de blé en Fer/Acide folique, avec un arrêté d’application du décret disponible ». Mais, à ses dires, malgré cet engagement qui a été manifeste dans tous les pays en Afrique de l’Ouest, il existe encore des lacunes potentielles à combler pour garantir une fortification alimentaire durable et de qualité, afin de contrôler et de prévenir les carences en micronutriments, au moyen d’une approche basée sur les systèmes alimentaires. Et, c’est ce qui a conduit à la mise en œuvre du projet de fortification alimentaire à grande échelle (LSFF), par l’ONG Catholic Relief Services (CRS).
La représentante de cette ONG à l’atelier, Mme Lucie Amadou, dans son intervention de circonstance, a remercié le Togo pour tout l’intérêt qu’il accorde à l’enrichissement des aliments, rappelant au passage le rôle des médias dans la sensibilisation des populations afin de pouvoir identifier et opter pour des aliments fortifiés.
Dans le même sens, le président du réseau des médias pour la nutrition et la fortification des aliments, M. Basile Mignaké, a relevé que cette formation offre l’opportunité d’accroitre l’efficacité des médias, dans la promotion, la sensibilisation et le plaidoyer en faveur de la fortification alimentaire. Il a dit l’intérêt du réseau pour la problématique et a rassuré de la disponibilité des membres à accompagner le gouvernement dans sa politique de fortification. M. Mignaké a exprimé toute la gratitude du réseau au CRS en l’encourageant à aller plus loin dans ce domaine de fortification à grande échelle au bénéficie des populations. Selon lui, le réseau est déterminé à jouer sa partition, en apportant un plus à la compréhension des populations sur la fortification.
Bernardin ADJOSSE
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