Diplomatie

Fin du 26e Forum économique mondial sur l’Afrique à Kigal

Fin du 26e Forum économique mondial sur l’Afrique à Kigal

Le 26 e forum économique mondial sur l’Afrique s’est achevé vendredi à Kigali (Rwanda) après trois jours de travaux placés sous le thème principal : « Connecter les ressources de l’Afrique grâce à la transformation numérique ». Plus de 1500 participants  représentant l’élite politique et économique du continent et au-delà, dont des chefs d’Etat et de gouvernement, des dirigeants des sociétés mondiales et régionales se sont penchés de mercredi à vendredi sur les nouvelles opportunités de développement de l’économie africaine dans le contexte de la 4e révolution industrielle, celle de la digitalisation de l’Economie qui est en train de changer en profondeur les sociétés humaines. La fin des débats a été marquée par l’engagement des acteurs à hisser l’Afrique au diapason du développement des TIC.  Face à un monde globalisé et interconnecté, l’Afrique n’a pas d’autres choix que d’intégrer la marche mondiale de la transformation numérique des ressources pour un développement durable.

Le président rwandais, Paul Kagamé a déclaré vendredi lors d’une session du Forum que le principal défi pour les dirigeants africains est de changer le statut marginalisé du continent en prenant des initiatives intégrant l’Afrique dans le système économique mondial.  « La crise économique mondiale a entrainé des problèmes mais reste également une source d’opportunités pour le continent », a ajouté M. Kagamé. Déjà la veille, lors de la plénière d’ouverture officielle des travaux, le résident rwandais avait appelé les Africains à saisir les opportunités qu’offre la 4e révolution industrielle qui s’opère sous nos yeux pour se développer. A cet effet il a souligné la nécessité pour le continent d’investir  dans les infrastructures, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, l’éducation des jeunes, la construction d’un marché financier.

Ce forum auquel ont participé près de 70 pays dont le Togo, est une véritable plate-forme de partage et d’échange d’expériences qui a pour but  « non seulement d’examiner la situation de l’Afrique, mais d’agir pour préparer son avenir ».

Il a  été co-présidé par le Docteur Akinwumi A. Adesina, président de la Banque Africaine de Développement (BAD), Dominic Barton, Directeur général du Groupe Mckinsey and Company, Tony O. Elumelu, président de la Tony Elumelu Foundation, Graça Machel, présidente de la Graça Trust, Tarek Sultan Al Essa, Directeur et vice-président du Conseil du Groupe Agility Kuwait.

Investir dans les TIC

Les discussions au cours des assises se sont  articulées autour des panels et des ateliers portant sur le développement rural et communautaire, la transition énergétique en Afrique, l’utilisation du numérique dans le développement. Tous les intervenants à cette rencontre ont insisté sur la nécessité pour l’Afrique d’investir dans les TIC, les infrastructures, l’agriculture, la formation tout en revoyant le système éducatif, en l’adaptant à l’adéquation emploi-formation.

Dans cette révolution, les femmes ne doivent pas être laissées sur le carreau. Elles doivent être associées à tout le processus, étant donné qu’elles constituent 50% de la population africaine.

« Si on veut aussi donner la possibilité à tous les Africains d’être connectés, il faut leur donner l’électricité. Car, il ne peut avoir d’internet sans énergie », a précisé le président de la BAD qui pense que le temps est venu pour l’Afrique de sortir des ténèbres. C’est pourquoi, son institution souhaite investir entre 5 et 12 milliards de dollars d’ici cinq ans dans le secteur énergétique.

« Avancer dans la révolution en promouvant notre capacité d’innovation », c’est aussi  le vœu cher de la BAD qui veut un système éducatif mettant l’accent sur l’enseignement des sciences, des mathématiques avec pour ambition de promouvoir les compétences et créer des emplois pour les jeunes. « Les jeunes sont l’avenir de l’Afrique. Nous devons utiliser leurs talents et leurs ressources », a indiqué le président de la BAD qui a aussi pointé du doigt d’autres défis que l’Afrique doit relever. A savoir : l’autosuffisance alimentaire et l’arrêt de l’immigration à tout prix des jeunes vers l’Europe en créant les conditions de leur épanouissement sur le continent.

De son côté, M. Claver Gatete, ministre rwandais des Finances et de la Planification économique, a souligné que la connectivité régionale est la clé pour améliorer la croissance économique. Il a cité plusieurs initiatives  entreprises par la Communauté est-africaine liées à la mobilité du travail, des compétences et des visiteurs au sein de la région, ainsi qu’à celle de la technologie, des marchés de capitaux et de biens entre le port de Mombasa et les pays à l’intérieur des terres. « Cela a amélioré l’attractivité de la région, qui est devenue une destination d’investissement, a stimulé l’activité commerciale et a amélioré son efficacité », a-t-il indiqué.

Ces initiatives sont menées par des dirigeants des pays participants au Forum qui souhaitent montrer ce qui peut être accompli avec la bonne volonté politique, a-t-il ajouté.

Le Forum a également souligné le besoin de faire face aux perceptions de risques (financiers) sur le continent afin d’aider les investisseurs à comprendre ce que les marchés africains ont à leur offrir, ainsi que pour développer des exemples de réussite soulignant la capacité des institutions et du peuple africains à exécuter des projets complexes, produire des contenus locaux de qualité et entreprendre des innovations.

Pour sa part, M. Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique a exhorté le continent à investir dans l’agriculture, un secteur qui a été auparavant négligé. « Des efforts ont besoin d’être faits pour augmenter la proportion de terres irriguées, il faut utiliser la technologie pour améliorer la productivité et réduire les risques pour les fermiers via la mise en place d’assurances et d’autres mesures », a-t-il avancé.

 

L’Afrique du sud pour accueillir le prochain Forum

 

Il faut rappeler que le Forum Economique Mondial sur l’Afrique est la déclinaison du Forum Economique mondial qui se tient chaque année à Davos. C’est une organisation à but non lucratif créée en 1971 et domiciliée à Genève. Il a pour principal objectif de mesurer l’impact transformationnel des Technologies de l’Information et de la Communication sur l’économie et la société. Aujourd’hui, le Forum Economique Mondial est reconnu comme une institution économique mondiale et constitue une plateforme de coopération publique-privée pour l’innovation dans les domaines de la science et des technologies. La dernière édition du Forum de Davos, la 46e,  s’est déroulée en janvier dernier et a planché sur le thème de la 4e révolution industrielle. A l’issue du Forum de Kigali, l’Afrique du sud a été choisie pour accueillir en 2017 le prochain Forum économique mondial sur l’Afrique.

 

Anoumou KATE-AZIAGLO

 

 Mme Cina Lawson, ministre des Postes et de l’Economie Numérique : « le Togo suit la marche de l’intégration du numérique au processus de développement »

 

Dans une interview juste  après l’ouverture du forum,  Mme Cina Lawson, ministre des Postes et de l’Economie a livré à la presse  ses impressions et la contribution du Togo à cette rencontre.

«  Nous sommes effectivement à Kigali dans le cadre du Forum économique mondial sur l’Afrique dont le thème régional est « l’Afrique et la 4e révolution industrielle ». Nous venons juste d’assister à la plénière d’ouverture par le président Kagamé en présence d’autres chefs d’Etat,  avec cette question centrale : « Comment l’Afrique peut utiliser la quatrième révolution industrielle pour assurer croissance et prospérité sociale ? ».

Les panélistes ont montré des pistes de développement  en mettant en avant leur vision pour l’Afrique en 2025, une Afrique dans laquelle,  l’accès universel à l’électricité est assuré, l’internet aussi est  à la portée de tous, un système éducatif moderne dispensant  une formation en adéquation avec les besoins du marché du travail,  une Afrique devenue la première région agricole du monde où l’autosuffisance alimentaire est une réalité.

J’ai trouvé très intéressantes les interventions des uns et des autres, surtout, celle du président Kagamé qui disait que dans le cadre de la 4e révolution industrielle, l’Afrique devrait, pour son développement économique, intégrer le numérique à l’ensemble des secteurs socio-économiques  comme par exemple l’éducation, la santé, l’agriculture, le commerce, etc.

C’est un point de vue qui cadre parfaitement avec les réalisations du Togo ces dernières années par rapport au thème principal du forum.  Et nous sommes  justement ici à Kigali pour en parler, partager cette expérience avec le reste du continent et apprendre aussi des autres.

Je ne peux pas vous citer ici  tout ce qui a été fait. Mais je vous rappelle seulement quelques actions initiées par mon département. Par exemple, avec l’action du Ministère de l’Economie Numérique en collaboration avec les Ministères de l’Enseignement technique et des Enseignements primaires et secondaire, nous avons lancé un projet dénommé : « Projet Environnement  Numérique de Travail (ENT) dans les lycées ». Il vise l’utilisation massive des TIC dans les lycées du Togo. C’est un projet qui est structuré autour de quatre composantes à savoir : la mise en place dans chaque établissement scolaire concerné des aménagements et des équipements informatiques nécessaires au déploiement de l’ENT, le renforcement des capacités des acteurs au sein des lycées (proviseurs, personnel administratif, enseignants, personnel TIC), ensuite l’accompagnement des acteurs (pilotage du projet, organisation, évaluation etc.) et enfin, la mise en place d’une plateforme d’échange et de collaboration au niveau national.

Je vous rappelle par ailleurs qu’il y a un autre projet dénommé AgriPME que le Ministère de l’Economie Numérique réalise ensemble avec le Ministère de l’Agriculture. Ce projet supprime les intermédiaires grâce au paiement direct aux paysans des subventions sur les intrants agricoles en introduisant  un service de porte-monnaie électronique opéré par téléphone mobile. Tout ceci, pour éviter qu’il y ait des transferts en argent liquide et améliorer la transparence. Tous ces projets et bien d’autres en cours de réalisation montre que le Togo suit la marche de l’intégration”

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