La danse traditionnelle « Kamou » a mobilisé, le 12 janvier, à Cacavéli à Lomé, les fils et filles ressortissants du canton de Bohou et résidents dans la capitale. Chefs traditionnels et cadres du canton, dont le président de la Haute Autorité de l’Audio-visuel et de la Communication, M. Willibronde Pitalounani Télou, y étaient. C’était devant une foule immense qui a pris part à ce rendez-vous de retrouvailles, de réjouissances et de renouement avec quelques valeurs traditionnelles véhiculées par « kamou », une danse spécifique aux Kabyè et à certains peuples du Nord Togo, exécutée traditionnellement après les récoltes du sorgho. Hommes, femmes, vieux et jeunes saisissent généralement ce temps mort et d’abondance pour partager des moments de gaieté, autour d’un pot de la boisson locale « Tchoukoutou », ou au rythme du tambour « kamou », un tam-tam fait d’une jarre, dont la résonnance porte particulièrement loin, avec un effet emballant pour tout individu qui s’y connait. Parfois, il arrive que certaines personnalités bien enracinées dans leur tradition, oublient leurs titres et costumes pour se laisser emporter. Ici, il suffit d’une ou deux calebasses de « Tchoukoutou » pour ne plus se poser de question concernant la danse. Tout devient emballant de plus bel et personne ne peut s’empêcher d’exécuter quelques pas de danse, au son de castagnettes, cors flûtes et autres instruments de musique associés. Ainsi, l’on a pu voir des personnes bien habillées sur le site, en tant que spectatrices, se laisser vite absorber par la danse. Dans l’arène, les danseurs irréductibles attirent l’attention de l’assistance par leurs habillements qui sortent de l’ordinaire. On y voit des hommes se déguiser en femmes et des femmes en hommes ou soldats, avec une certaine exagération. Cela « donne une teinte d’humour à la danse. », explique un chef coutumier. Pour ce dernier, l’exécution de la danse à Lomé, au-delà des réjouissances et le souvenir de la tradition qu’elle inspire, permet aux enfants n’ayant pas l’occasion d’aller au village de vivre la tradition. «On danse Kamou pour montrer aux enfants comment la tradition se fait en pays kabyè. Ce n’est pas à tout moment que les enfants vont au village. Certains parents n’ont pas les moyens d’amener leurs enfants pour voir la tradition au village. Pendant les vacances, ils les amènent voir les Evala seulement, alors que d’autres pratiques comme kamou, Habiyè, etc. sont importantes pour eux, afin de mieux s’identifier à leur peuple d’origine », a-t-il fait valoir.
A ses dires, kamou, qui fait suite à la récolte du sorgho, en pays kabyè, vise à remercier les mânes des ancêtres.
Aujourd’hui, c’est une pratique qui participe à la rencontre des cultures, pour se faire découvrir des autres peuples, dans un esprit de donner et de recevoir. C’est un facteur de paix et coexistence pacifique, dans le respect des diversités, soutient un cadre rencontré sur le site où l’on pouvait rencontrer un peu de tous les peuples apprécié, en symbiose, les danseurs.
Bernardin ADJOSSE
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