
Les luttes traditionnelles Evala en pays kabyè, sensées démarrer, le 2e samedi du mois de juillet de chaque année, dans la préfecture de la Kozah, sont repoussées d’une semaine, cette année. Elles commenceront, le samedi 19 juillet, pour durer une semaine. Jusque-là, les rituels à observer dans les différents sanctuaires des lutteurs se déroulent comme d’habitude. Les gardiens des us et coutumes de la localité en ont ainsi décidé, tenant compte du calendrier qui coïncide, en grande partie, avec celui de la campagne électorale devant conduire aux municipales du 17 juillet. Malgré le décalage de leur agenda habituel, ces luttes, un moment par excellence de retrouvailles et de tourisme dans la préfecture, seront marquées par leur ambiance festive et symbolisme de tout temps.

La descente du prêtre traditionnel Tchodjo pour les cérémonies ouvre les Evala.
Comme chaque année, en juillet, le pays kabyè dans la préfecture de la Kozah, va renouer avec sa plus grande et importante pratique traditionnelle, à partir du 19 du mois courant : Evala ou festivités des luttes traditionnelles qui mobilisent dans les arènes des différents cantons de la préfecture, les jeunes initiés de 18 à 20 ans. Cet événement, l’un des plus impressionnants et populaires au Togo, constitue à la fois un mélange de rites initiatiques, de compétitions et de festivités culturelles. Il se déroule dans chaque canton selon un programme établi ; créant ainsi une atmosphère festive englobant toute la région. Cette année, en raison des élections locales du 17 juillet, les luttes ont été renvoyées dans la 3e semaine du mois de juillet, au lieu de la 2e semaine comme d’habitude. Mais, les rituelles qui précèdent les empoignades dans les arènes, ont gardé leur calendrier habituel. Ainsi, le grand prêtre “Tchodjo” a déjà effectué sa ″descente ″, depuis le 4 juillet, pour les cérémonies à Pya Lao, village qui donne le ton aux luttes dans toute la préfecture. En dehors de la ″descente″ du grand prêtre “Tchodjo“, les rituels à observer dans les sanctuaires des Evala vont aussi être exécutées, à partir de samedi dans les différents cantons. Il s’agit pour les initiés de faire une retraite dans le sanctuaire « Ahoyé » où des chiens (animal consacré) sont sacrifiés. Mais aussi, où les nouveaux initiés sont présentés à leurs aînés et aux anciens. Ces derniers étant chargés de leur apprendre la discipline, le sacrifice de soi, le courage, l’endurance…afin de forger leur personnalité pour faire face à la rudesse de la vie et défendre vaillamment leur communauté en cas d’agression extérieure, explique, M. Bitèrou Tchakpala, président des chefs cantons de la Kozah à Lomé. Selon lui, cette année quinquennale « Waah pinaw » est particulière en pays kabyè pour des cérémonies de grande importance comme la danse « Habiyè », le rituel des « Kondonaa », etc. Il fait comprendre que, par le passé, ces cérémonies quinquennales prenaient le pas sur les Evala, qui étaient alors observés d’une manière symbolique. Mais aujourd’hui, les Evala sont devenus un événement d’importance majeure et attire des visiteurs du monde entier. Ils contribuent ainsi au développement touristique et économique de la région, tout en étant un pont de contact par excellence entre les peuples, sans perdre leur essence traditionnelle. C’est pourquoi, de l’avis du chef traditionnel, il est plus qu’important de fêter les Evala, chaque année comme il se doit, tout en adaptant les cérémonies aux temps modernes, pour en faire un trait d’union entre le passé et le présent.
En attendant que les luttes commencent, le samedi 19 juillet, M. Bitèrou rassure que le basculement du calendrier habituel n’enlève en rien la chaleur des festivités, pour lesquelles il invite les étrangers comme tous les fils du terroir à y prendre part.
Un spectacle à ne pas manquer
Les rites initiatiques ancestraux Evala, pratiqués en pays Kabyè, en particulier dans la préfecture de la Kozah, sont principalement marqués par les luttes traditionnelles sur différents terrains des cantons, en présence de diverses personnalités, invités et touristes venant de par le monde. Les luttes sont un moment palpitant de combats entre les jeunes lutteurs. Ces derniers, ayant suivi une préparation rigoureuse qui combine entraînement physique et spirituel, purification, prières et apprentissage des techniques de lutte, offrent généralement à l’assistance, des prises spectaculaires à couper le souffle. Par-delà les luttes, l’événement s’accompagne d’une ambiance féerique, aux sons de tambours, de castagnettes, de chants traditionnels et danses, créant une ambiance festive et solennelle. Mieux, tout au long de la semaine, un riche programme culturel est exécuté dans la ville de la Kara, marqué par des soirées traditionnelles, des concerts, chants, danses et contes, offrant de quoi se distraire aux étrangers. A tout ceci, s’ajoute l’aspect pittoresque et touristique de la préfecture, connue pour ses collines et montagnes verdoyantes par ces temps pluvieux.
En somme, l’on retient que les luttes traditionnelles Evala jouent un rôle crucial dans la préservation de l’identité culturelle kabyè, en transmettant aux nouvelles générations les valeurs de courage, de respect et d’appartenance communautaire.
Bernardin ADJOSSE
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