Les pôles d’attraction des luttes traditionnelles Evala 2024, à l’étape du 16 juillet 2024, étaient sans nul doute les cantons de Pya et de Yadè, où on a lutté pour le compte respectivement des quarts et de la finale, en présence du chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé. Dans d’autres cantons, l’attention était également focalisée sur les préliminaires, les quarts et demi-finales sur des terrains intermédiaires. Partout, l’ambiance était enthousiaste et de nature à combler les spectateurs.
Le chef de l’Etat accueilli chaleureusement à son arrivée
Quatre jours après le début des luttes traditionnelles en pays kabyè, Yadè est le deuxième canton à avoir livré son acte final, dans la matinée du 16 juillet 2024. C’était en présence du président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé, entouré des membres du gouvernement, des responsables d’institutions de la République et autres autorités politiques, administratives, militaires et traditionnelles. Cette finale qui a mis aux prises Yadè haut (en blanc) et Yadè bas (en vert), s’est déroulée sur le terrain cantonal à côté du marché Koudjoukada.
A l’occasion, la mobilisation était comble, avec le retour massif des cadres et jeunes du milieu, soit pour se ressourcer, soit pour accomplir le rite. Et l’ambiance était sans pareille, au son du tambour « fétiche » du milieu, « Akrima », auquel l’on résiste difficilement.
Solidarité entre les lutteurs
Aussitôt le cérémonial d’accueil du chef de l’Etat terminé, les empoignades ont démarré dans la ferveur populaire. L’ardeur, la technique, la force, l’endurance, la ruse, rien ne manquait pour rendre agréable cet « affrontement fraternel » des fils de Yadè. Mais au décompte final, ce sont les Evala de Yadè haut qui sont sortis vainqueurs, avec un score serré de 22 victoires contre 19 pour Yadè bas.
Plus tôt dans la matinée, le président Faure Gnassingbé avait assisté, sur le terrain de l’EPP Pya Akéi, à la lutte des Evala, précisément au quart de finale ayant opposé la coalition Akéi-Lao à celle de Kioudè-Gnama.
Arrivé sur les lieux aux environs de 9 heures 10 minutes, le chef de l’Etat a été accueilli par les chefs traditionnels et cadres du milieu, sous un tonnerre d’applaudissements et des chants louant son attention particulière à l’égard de la jeunesse.
Les hostilités y ont démarré peu après son installation à la loge officielle. A la faveur des erreurs d’inattention, Kioudè-Gnama, en jaune enregistre les premières victoires mettant en extase ses supporteurs. Mais, la joie n’aura été que de courte durée, car piquée au vif, la coalition Akéi-Lao, de blanc vêtu, ne tardera pas à reprendre la situation en main. La rage de vaincre sera maintenue jusqu’au bout, malgré les velléités très vite étouffées des jaunes. A l’arrivée, les Evala d’Akéi-Lao remportent largement la partie par 29 points, contre 14 pour leurs homologues de Kioudè-Gnama. Côté Ahoza, les jeunes lutteurs d’Akéi-Lao, sur la trace de leurs aînés, s’imposent par 13 victoires contre 10 face à leurs égaux de Kioudè-Gnama.
Le temps de bravoure et d’émotions
Dans l’arène, devant un public si nombreux, le jeune lutteur doit montrer de quoi il est capable : sa bravoure, son endurance, sa force et ses stratégies. La lutte Evala n’est pas seulement un rite, c’est également un événement festif, une rencontre si grandiose et importante pour le peuple kabyè. Comme d’autres cultures togolaises, elle est une des expressions vivifiantes de l’unité et de la cohésion sociale, une passerelle de la solidarité des fils et filles du pays. Cette initiation traduit une certaine responsabilité : l’éveil de la conscience et symbolise un ponceau entre l’enfance et l’adolescence, entre l’adolescence et la maturité. Bref, c’est l’emblème de son identité.
Le temps des Evala donne lieu à des rencontres entre frères et sœurs, amis d’enfance, d’une génération à une autre. L’immense joie de circonstance, mêlée aux autres émotions, rend l’événement encore particulier, au cours duquel les commerçants vendent, les visiteurs ne boudent pas leur plaisir et chacun trouve ce qu’il désire pour passer de bons moments.
Faustin LAGBAI
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