Un séminaire de formation a réuni, du 7 au 9 septembre à Dakar au Sénégal, des journalistes et blogueurs africains francophones autour du thème « Partenariat pour la sensibilisation et la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ». Organisée par le Centre africain pour la politique commerciale (CAPC) de la Commission Economique pour l’Afrique (CEA), cette rencontre a pour but d’approfondir la compréhension et l’appréciation des participants quant au rôle de cette Zone de libre-échange dans la stimulation de la croissance économique sur le continent. Cet atelier de formation offre ainsi des opportunités d’apprentissage par les pairs où les participants partagent leurs expériences et explorent les dernières approches et techniques de reportage sur les projets de développement.
Des journalistes et blogueurs africains francophones se sont retrouvés, du 7 au 9 septembre dernier à Dakar au Sénégal, pour un atelier de formation sur la ZLECAf. Durant trois jours, ils ont renforcé leurs capacités dans le sens d’améliorer leurs productions sur le marché commun africain, pour que les Etats fassent un effort en matière de mise en œuvre effective de ce marché virtuel au niveau de chaque pays, mais aussi, en vue d’amener les populations à se l’approprier. Ainsi, plus qu’un renforcement de capacités, ce séminaire sur la ZLECAf a été un échange d’expériences et de bonnes pratiques, en matière d’information et de communication. Il s’est agi de voir dans quel langage, par quels mots simples s’adresser au public, pour qu’il adhère à cette zone d’échanges qui peine à se mettre en place ou à prendre véritablement son envol. Par rapport aux cibles, quels angles de traitement choisir pour que l’information puisse passer et comment déconstruire les préjugés et les idées reçues sur la ZLECAf.
Une initiative ambitieuse mais qui a du plomb dans l’aile
En effet, c’est en juin 2015 que l’Union Africaine a ouvert les négociations, en vue d’un accord portant création de la ZLECAf. Dernière initiative d’intégration régionale en date et aussi la plus ambitieuse de l’histoire de l’OMC, il a été ratifié, le 21 mars 2018 et lancé, officiellement en juillet 2019. Le projet vise concrètement à réduire les coûts des intrants et les dépenses de transport et de retards pour les exportateurs africains. Il doit également permettre une réduction des tarifs douaniers entre Etats membres et de doubler le commerce intra africain d’ici 2035. Les premiers échanges étaient prévus pour, le 1er juillet 2020, mais ont été retardés à cause de la crise sanitaire liée à la COVID-19. Finalement, l’accord est opérationnel à partir du 1er janvier 2021. Cependant, l’on constate que sur 55 pays signataires, 43 Etats ont ratifié, 11 sont non ratificateurs et 1 n’a pas du tout signé. Ceci, pour des raisons diverses liées, notamment à une forme de protectionnisme, à la méfiance des petits pays par rapport aux grands qui craignent que leur marché ne soit inondé, à l’insécurité, à la différence de monnaies, au non-respect de la libre circulation des personnes, à l’ingérence d’acteurs étrangers ou purement à un afro pessimisme au regard de bien d’autres traités qui ont accouché des éléphants blancs. Or, pour atteindre l’intégration tant voulue par la Commission de l’UA et son agenda 2063 adopté par tous les pays membres, il est impératif de trouver des formules idoines pour intégrer, à terme, l’ensemble des 55 Etats membres au sein de ce vaste marché unique africain de plus d’1,3 milliard de consommateurs. D’où, le rôle des journalistes est nécessaire pour interpeler les décideurs aux plans national, sous régional et continental, les collectivités territoriales, sensibiliser les opérateurs économiques, la société civile, les femmes, les jeunes entrepreneurs et autres sur cet accord panafricain qui va, in fine, booster les économies africaines.
Trois jours durant, les participants, aidés de personnes ressources, ont planché sur diverses thématiques au cours des ateliers et au sein des groupes de travail. Il s’agit, entre autres, de « Communication, journalisme et développement humain-Quels enjeux pour la stimulation de la croissance économique dans les productions médiatiques ? », « Etat de la mise en œuvre de la ZLECAf », « Projet conjoint EIF-ECA-IFC en appui à la ZLECAf en Afrique de l’Ouest », « Les défis de la communication sur la ZLECAf : voir la forêt et les arbres en même temps. Intégrité des données, informations erronées, désinformations et clarifications », « Construire la crédibilité à l’ère des nouveaux médias ». Ils ont également discuté sur le lien entre la ZLECAf, le journalisme, mon média et mon pays, les idées reçues et préjugés sur la ZLECAf, l’évolution du paysage médiatique en Afrique, comment faire progresser les compétences numériques pour la recherche et la collecte des données, afin de rendre compte de la ZLECAf, mais aussi sur les défis auxquels les journalistes sont confrontés.
Des recommandations pour une mise en œuvre optimale de l’accord
En termes de recommandations, les participants encouragent la CEA à fournir davantage de formation et à faciliter la formation des formateurs au niveau local. Ils soulignent la nécessité de mener des études tenant compte des spécificités nationales et sous régionales en lien avec la ZLECAF, afin de permettre aux acteurs de mieux appréhender les enjeux liés à l’accord. La plénière a relevé, dans le même temps, l’importance de la complémentarité entre la ZLECAf et les autres initiatives continentales (MUTAA, Protocole sur la libre circulation des personnes et des biens, droits de résidence et d’établissement) pour garantir que l’accord soit mis en œuvre de manière optimale. La réunion a également souligné la nécessité de poursuivre les efforts d’inclusion du secteur privé, ciblant notamment les femmes et les jeunes entrepreneurs dans la mise en œuvre de la ZLECAf, et l’importance de la collaboration multipartite dans la mise en œuvre de l’accord. Les journalistes encouragent un partage régulier et détaillé des informations et activités sur la ZLECAf aux niveaux national, sous régional et continental et invitent les Nations-Unies et ses partenaires à encourager les gouvernements à inclure les enjeux de la ZLECAf dans les curricula d’éducation nationale. Par la même occasion, ils demandent à la CEA de mener un plaidoyer pour une meilleure inclusion des médias dans les comités nationaux ZLECAF, etc.
Les échanges ont permis, à la fin, de mettre en place le réseau des médias ZLECAf, dont la mission sera précisée, plus tard.
Du reste, comme le notifiait le secrétaire général de la ZLECAf, Wamkele Keabetswe Mene, lors de la dernière foire commerciale intra africaine (IATF 2021) de novembre dernier, l’Afrique gagnerait à accélérer son développement industriel et établir des chaines d’approvisionnement et des chaines de valeur propres au continent. Cela, les dirigeants togolais l’ont compris et sont à pied d’œuvre avec diverses initiatives phares comme la Plateforme Industrielle d’Adéticopé (PIA), la formalisation des micro, petites et moyennes entreprises, la formation des opérateurs économiques, l’amélioration continue du climat des affaires et bien d’autres mesures.
A noter que l’accord de la Zone de Libre-Echange Continental Africaine (ZLECAf) institue un marché unique pour les marchandises, à travers l’élimination progressive des barrières tarifaires et non tarifaires au commerce des marchandises. Le siège de la ZLECAf se trouve à Accra, au Ghana.
Blandine TAGBA-ABAKI
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