Le Comité des Ministres du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (GAO) a tenu, le mardi 2 avril à Lomé, une réunion extraordinaire, sous la direction de son président en exercice, la ministre togolaise de l’Energie et des Mines, Mawunyo Mila Aziablé. La rencontre, qui se tient dans un contexte régional marqué par une crise énergétique, est convoquée à l’initiative du Togo, afin de trouver une solution durable au problème d’approvisionnement en gaz auquel est confronté le GAO. Entendu que ce problème est le principal facteur explicatif des séquences de délestage électrique que connait les pays membres du GAO, dont le Togo.
Tenue sous le thème « Quelles stratégies d’approvisionnement en gaz pour combler le déficit énergétique actuel de la sous-région ? », cette réunion du Comité des Ministres (CM) du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (GAO) s’est déroulée, en présence des ministres en charge de l’énergie du Bénin, Ghana et du Togo, ainsi que celui en charge des ressources pétrolières du Nigeria et bien d’autres personnalités relevant de la CEDEAO, de l’Autorité du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest, de WAPCo, de la société opératrice du réseau du GAO, etc. Elle est convoquée par la présidence du CM, avec l’idée d’échanger sur les décisions à prendre, pour éliminer les goulots d’étranglement qui empêchent l’accroissement de l’offre du gaz sur le GAO. Il a été aussi question d’examiner les performances du GAO, tout en réfléchissant aux moyens de les améliorer. Et pour y arriver, l’agenda des travaux a pris en compte divers points portant, entre autres, sur la lettre envoyée à la CEDEAO demandant de faire de l’Autorité du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (AGAO) une institution spécialisée de la Communauté, ainsi que sur les questions opérationnelles, commerciales et financières du GAO.
A l’ouverture des travaux, la ministre togolaise en charge de l’Energie et présidente du Comité des Ministres, Mme Mawunyo Mila Aziablé, a émis l’espoir de voir « cette réunion permettre d’identifier les problèmes, que ce soit du côté de l’offre ou de la demande de gaz, et de proposer des solutions à court terme pour une mise en œuvre immédiate ; tandis que l’Autorité du GAO et WAPCo seraient invités à s’engager dans des solutions plus stratégiques à moyen et à long termes, à travers une revue/évaluation du Projet GAO ». Elle a rappelé le contexte, soulignant que le Projet de Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest est une initiative qui trouve son origine dans le document de politique énergétique de la CEDEAO. Politique révisée, en 2023, et qui vise, à travers son objectif stratégique 2, à « améliorer la sécurité, la fiabilité et la qualité de l’approvisionnement énergétique par le développement du marché régional de l’électricité, la disponibilité des interconnexions électriques et gazières et la disponibilité de produits pétroliers de qualité dans tous les Etats membres ».
Le GAO, une infrastructure de fierté régionale
Le Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (GAO) est une infrastructure de développement économique et d’intégration régionale « conçue pour transporter le gaz naturel vers les compagnies de production d’électricité et autres acheteurs et utilisateurs industriels de gaz naturel dans la région de l’Afrique de l’Ouest ». Pour la ministre, l’infrastructure, unique en son genre en Afrique, constitue une fierté pour la région, qu’il faut préserver et rendre encore plus performante par ses réalisations et la satisfaction des nombreuses attentes placées en elle. Pour ce faire, il y a lieu de dresser un bilan, après plus de 10 ans de fonctionnement. Selon la ministre Mila Aziablé, « depuis sa mise en service, en novembre 2011 jusqu’à ce jour, le GAO a fait face à un certain nombre de défis, allant des dommages subis en mer, à la déclaration de Force Majeure en 2013, qui n’a été levée qu’en 2020, après plus de 7 ans, sans oublier les difficultés de paiement de certains acheteurs. « Ces situations qui ont évidemment affecté la performance du GAO, ont obligé le Comité des Ministres, la plus haute instance de gouvernance du Projet, à trouver des solutions ensemble avec les autres parties prenantes à savoir : l’Autorité du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (AGAO) et WAPCo, l’Opérateur du réseau. C’est ainsi que, plusieurs réformes ont été initiées et réalisées pour pallier les difficultés ». A cet effet, elle a salué les efforts de tous les acteurs, de même que les réformes lancées récemment, afin de créer des conditions équitables tout au long de la chaîne de valeur du GAO, en vue du développement harmonieux d’un marché sous régional du gaz naturel. Dans ce sens, le Projet du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest a connu des résultats tangibles, tels que l’ouverture du GAO, en 2012, aux chargeurs autres que le chargeur d’origine, permettant d’enregistrer plus de onze (11) chargeurs, dont au moins trois sont déjà opérationnels à ce jour. Elle a fait cas aussi de l’amélioration de la disponibilité du gaz sur le GAO et du projet d’interconnexion Takoradi-Tema (TTIP) qui a permis d’accroitre significativement le volume de gaz transporté par le GAO, avec un impact positif sur le tarif de transport, sans oublier le processus en cours dans les Etats parties, pour amender la loi et le règlement du GAO dans le but de renforcer l’Autorité du GAO et de promouvoir un environnement commercial équitable.
Photo de groupes des participants.
Toutefois, reconnait la ministre, malgré ces efforts, beaucoup reste à faire pour rendre le GAO plus fiable et plus attractif. « Tant qu’il reste du travail à faire, rien n’est encore fait… Alors, malgré tous les résultats obtenus jusqu’à présent, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer considérablement l’approvisionnement en gaz, afin d’atteindre le niveau de la demande exprimée dans les pays acheteurs. Par exemple, la demande de gaz naturel au Togo, basée uniquement sur la capacité installée, est actuellement de 35 000 MMBTU par jour, mais seulement 5 000 à 15 000 MMBTU par jour sont fournis au pays, alors même que le Togo fait face actuellement à des coupures d’électricité à cause du déficit entre l’offre et la demande. Il en va de même pour nos voisins, le Bénin et le Ghana », a-t-elle fait observer.
Bernardin ADJOSSE
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