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Contre le Covid-19 : A côté des mesures et actions gouvernementales, des initiatives endogènes comme à Kovié dans le Zio

Un dispositif de lavage à l'entrée de Kovié
Contre le Covid-19 : A côté des mesures et actions gouvernementales, des initiatives endogènes comme à Kovié dans le Zio

La guerre sanitaire imposée à l’humanité par l’apparition, depuis novembre 2019, de la pandémie du Coronavirus coupe le sommeil à tout le monde, en premier lieu les autorités à différents niveaux. Au Togo, le gouvernement qui suit de très près la situation au jour le jour, dès le premier cas confirmé le 06 mars dernier, prend moult mesures pour non seulement gérer la pandémie et limiter sa propagation, mais aussi, soulager la population en générale, les couches vulnérables en particulier, des effets socio-économiques pervers de cette crise sanitaire. A Kovié, dans la commune de Zio 2, localité située à une trentaine de km de Lomé, important grenier du Togo, autorités communales, chefferie traditionnelle, organisations des jeunes et cadres du milieu prennent très au sérieux la menace et ne dorment pas sur leurs lauriers. Plusieurs initiatives endogènes sont prises pour y faire face.

Célèbre, d’abord par son sanctuaire marial « Notre Dame des Sept Douleurs » où convergent en chaque fin d’année, des milliers de pèlerins, surtout catholiques, et ensuite, par son riz de qualité aussi prisée sur le marché togolais qu’à l’extérieur, le canton de Kovié est une zone essentiellement agricole et bien précieuse dans le système de production des denrées alimentaires du Sud-Togo. En tant que tel, de la survie de sa population dépendra l’issue de la campagne agricole. Mieux que quiconque, elle est en première ligne responsable de sa protection, surtout en ce moment de la pandémie du Coronavirus. Comment appréhende-t-elle alors ce mal et qu’est-ce qui est fait pour se prémunir ?
Du haut de ses 17 ans, la jeune Marie vend du vin de palme dans un carrefour, sur la route de Mission Tové allant vers Kovié. Autour d’elle, quelques clients sans protection comme elle-même et d’autres avec des masques à la tempe. Plus loin, un regroupement sous forme de marché autour de Komla le charcutier et quelques revendeuses du « Tchouk » la boisson locale. Bon nombre s’est protégé, mais d’autres non. Entre autre justificatif, « Il fait chaud et on n’arrive pas à respirer ». Et pourtant, tous sont conscients des ravages du COVID-19 avec de multiples séances de sensibilisation et des dispositifs mis en place pour aider au respect des mesures barrières édictées par le gouvernement.
« Au début, on n’y croyait pas trop qu’il y a une maladie qui fait des ravages depuis la Chine, en Europe jusqu’aux Etats-Unis. Mais avec les sensibilisations et surtout les annonces du gouvernement, faisant état de la présence de la maladie dans nos mûrs, à Lomé, à quelques kilomètres de nous, les gens ont commencé par prendre conscience de la chose. L’apparition des masques et les forces de l’ordre qui veillent au respect des mesures barrières ont amené la majorité à accepter que quelque chose se passe et il faut y prêter attention. Pour autant, on ne se voilera pas la face. Il existe toujours une minorité qui n’est pas encore rentré dans les rangs, mais avec les sensibilisations, nous pensons pouvoir y arriver », a reconnu M. Kokou Adokanou, un habitant du milieu.
Plus optimiste, le chef canton de Kovié, Togbui Kossivi Kossi Zavon Modzro IV rend grâce à Dieu du fait que la quasi majorité ait finalement compris que la maladie n’épargne personne et que tout le monde doit être prudent.

Les sensibilisations ont fait leurs effets

« Chaque temps, le maire de la commune Zio 2 et son équipe passent dans les marchés et dans les villages pour sensibiliser. Donc c’est certain que le message est passé. Au départ, les gens pensaient que c’est une blague ou une maladie de la ville, mais maintenant tous ont compris. On a placé les dispositifs de lavage des mains dans toutes les places publiques. Pour les masques, les gens estiment que, comme la zone est bouchée et qu’ils ne sortent pas, ce n’est pas la peine d’en porter. Mais moi, je donne l’exemple. Il y a un dispositif à ma devanture et quiconque arrive, lave les mains, porte un masque avant de rentrer. Certains évoquent des difficultés de respiration, mais avec le temps, ils s’habituent peu à peu. En termes de matériel, nous sommes appuyés par la mairie et certains fils du milieu. Nous souhaitons que les mesures de soutien annoncées par le gouvernement soient mises en œuvre dans un délai court, afin de soulager les populations des effets néfastes de cette pandémie. Nous prions qu’elle soit vite vaincue, afin que la situation redevienne à la normale », a déclaré le chef canton.
Pour le secrétaire général de la commune Zio 2, M. Torsohou Gnouléléng, nul ne peut dire au Togo qu’il n’est pas au courant des ravages que le COVID-19 fait de par le monde. Selon lui, les populations sont d’une manière ou d’une autre informées de cette pandémie, seulement elles sont un peu lentes à suivre des démarches du gouvernement. Il a expliqué que, dès les premiers cas, la mairie a pris sur elle de mener des campagnes de sensibilisation à partir des véhicules sonorisés qui ont sillonné les 60 villages de la commune pour pouvoir informer les populations sur la pandémie, notamment les mesures individuelles et collectives à prendre.
Au-delà, la mairie a commandé un certain nombre de dispositif de lave-mains qu’elle a disposé dans les différentes places publiques de tous les villages, dans les stations de zémidjan et chez les chez qui continuent de recevoir des audiences. Régulièrement, des équipes de la mairie sortent sur le terrain pour suivre l’observation de ces mesures par les populations.
« Nous sommes dans un milieu où les gens sont un peu superstitieux. Ils disent que cette maladie est pour la ville, que les villages sont épargnés. C’est pourquoi, parfois, nous nous faisons assister par les forces de l’ordre, parce que là où nous sommes arrivés, il faut un peu une dose de dissuasion, afin que les populations puissent toutes suivre les mesures. Les jours de marchés, déjà dans la matinée, nous préposons des gens aux entrées des marchés où nous déposons les lave-mains. Donc les agents sont là pour les exhorter à se laver les mains et aussi les inviter à porter des cache-nez. Au tour de midi-14 heures, quand le marché bat son plein, les agents circulent pour inciter ceux qui ont pu s’échapper aux contrôles du matin à porter les masques », a souligné le secrétaire général.

Autres initiatives endogènes

Au regard du coût élevé des masques et du pouvoir d’achat des populations, la mairie de Zio 2 envisage acquérir ces masques pour elles. Ne disposant pas de ces moyens pour le moment, des réflexions sont en cours pour que, même si ce ne sont pas des masques chirurgicaux, que ce soit des masques simples qui puissent les protéger, notamment ceux qui sont conçus maintenant en tissus propre. En outre, la commune a lancé une initiative dénommée « Synergie Zio 2 contre le COVID-19 ». Elle vise à mettre ensemble toutes les initiatives de riposte contre la pandémie : partage d’informations et d’idées et contribution en don. C’est une plateforme qui va regrouper l’ensemble des citoyens, les opérateurs économiques et les cadres du milieu pour partager les informations et apporter leur contribution pour que les populations puissent en bénéficier sur le terrain.
« Au-delà, les efforts de la mairie sont soutenus par des initiatives endogènes des cadres et des associations des jeunes qui offrent des dispositifs de lave-mains et des masques artisanaux. La mairie, à ce jour, a commandé 2000 masques à distribuer. Mais 2000 masques pour une commune de plus de 50.000 habitants, cela ne représente rien. C’est pourquoi nous réitérons encore une fois l’appel à toutes les bonnes volontés qui peuvent contribuer en masques, en lave-mains ou en financement pour acquérir tous ces besoins », a indiqué M. Torsohou Gnouléléng.
Il a remercié le gouvernement pour la panoplie de mesures prises pour soulager les populations, espérant qu’au-delà des dispositions concernant l’eau, l’électricité et le carburant, d’autres mesures sociales, notamment les masques et les lave-mains à coûts réduits et les transfert monétaires aux couches vulnérables puissent permettre aux habitants des contrées reculées de tirer parti, afin de pouvoir faire face à la pandémie.

Faustin LAGBAI

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