La Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF-TG), structure dont le rôle est de recevoir, d’analyser et de traiter les déclarations d’opérations suspectes signalées par les assujettis, a organisé, hier, à Lomé, une journée de réflexion sur la contribution des organisations à but non lucratif (OBNL) à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Il a été question de créer les conditions propices à une application effective des dispositions prescrites par la loi pour empêcher l’utilisation de ces organisations de la société civile à des fins de criminalité financière.
Les ONG et associations, de par leur rôle dans le développement à la base, peuvent être amenées à se frotter avec de l’argent sale ou des fonds destinés, au final, à des activités terroristes. C’est consciente de ce risque et face aux menaces terroristes, de plus en plus pressantes, que la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF-TG), selon la recommandation N°8 du GAFI, a trouvé urgent d’organiser une journée de réflexion sur la contribution des OBNL, identifiées comme un circuit généralement emprunté par les criminels, à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Concrètement, il s’est agi d’informer les OBNL des devoirs que leur attribue la loi et de les conscientiser sur les risques auxquels ils s’exposent et exposent toute la population. Cette rencontre a pour finalité d’associer, dans un processus participatif, autorités publiques et société civile à la recherche des moyens pragmatiques, en vue d’empêcher les criminels d’utiliser les associations et ONG à leurs fins. Selon le président de la CENTIF-TG, M. Tchaa Bignossi Aquitème, dans ses attributions, la CENTIF ne peut mener des investigations qu’à partir des déclarations que lui transmettent des personnes légalement désignées comme personnes assujetties. Ces personnes assujetties sont tenues aussi de s’organiser d’une certaine manière pour pouvoir détecter les opérations et les opérateurs économiques suspectés de blanchiment d’argent ou de financement du terrorisme. Pour y arriver, ces personnes assujetties ont besoin de savoir ce que c’est que le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, les typologies, les indicateurs dans leurs secteurs d’activité et comment savoir qu’elles font face à un cas de suspicion, etc. M. Aquitème a souligné qu’une des typologies les plus courantes des criminels consiste à faire des dons de sommes faramineuses à des OBNL, des gestes qui peuvent cacher des intentions de financement du terrorisme. C’est pourquoi, a-t-il indiqué, une synergie d’actions s’impose pour bénéficier des ressources sans un abus calculé des criminels au col blanc ou de quelques individus malicieux déguisés en mécènes bienveillants. Pour ce faire, a-t-il recommandé, il faut être vigilant et savoir avec qui on travaille, enregistrer toujours des sommes reçues et déclarer à partir d’un certain montant (500.000 FCFA notamment), auprès de la CENTIF pour qu’elle en fasse usage et rende compte à qui de droit.
Pour l’occasion, le secrétaire général du ministère d’Etat, chargé de l’Economie, des Finances et de la Planification du développement, M. Gnaro Badawasso, a expliqué que le blanchiment de capitaux est nuisible à l’économie, car il contribue à sa déstabilisation. Ce pourquoi, il faut combattre cette pratique avec la plus grande rigueur. Au Togo, l’arsenal contre cette pratique est assez fourni comprenant la loi, les institutions comme la CENTIF et tout ce qui se fait au niveau des banques, ce qui place le pays parmi les mieux notés en ce qui concerne la vigilance face au blanchiment de capitaux. Il n’y a aucune faille dans la coopération entre l’Etat et les banques, a-t-il relevé.
A noter que l’organisation de cette journée de réflexion a été possible grâce à l’appui du Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA).
Blandine TAGBA-ABAKI
RSS