Un atelier de formation sur les techniques et outils de « Fact-checking » ou encore la vérification des faits s’est tenu, jeudi et vendredi derniers à Kpalimé. Cette session a regroupé une quinzaine de professionnels de médias publics et privés, (radios, presses écrites et en ligne), venus des Régions Maritime et des Plateaux. Initiée par le Centre d’Observation et d’Analyse du Web (COAWEB), la rencontre a permis d’outiller les participants à la détection des fausses informations et de les sensibiliser sur l’importance de vérifier les informations avant leur diffusion ou publication.
M. Noel Kokou Tadégnon, explique les différents outils du fact-checkin.
Le paysage médiatique et le rapport à l’information du monde ont subi une mutation en profondeur. Par conséquent l’on s’informe, aujourd’hui, via les réseaux sociaux qui offrent des contenus surabondants, mais souvent partiels ou trompeurs. Une information de qualité reste pourtant indispensable pour faire vivre la société. Dans ce cadre tout à fait nouveau, continuer à informer est donc un réel défi pour les professionnels des médias. Il est absolument essentiel que les journalistes affirment leur rôle et responsabilité pour bâtir une relation de confiance avec les citoyens dans ce nouvel espace public. Cela passe par un rappel constant à la recherche de ce qu’est une vraie information.
Vue partielle des participants lors de la formation
C’est l’objectif que s’est fixé le Centre d’Observation et d’Analyse du Web (COAWEB) en initiant, pendant deux jours, une formation aux techniques et outils de recherche et de vérification appelé le « fact-checking ». Les participants, 15 journalistes des Régions Maritime et des Plateaux, ont suivi des cours théoriques et pratiques ponctués de nombreux exercices sur les modules suivants : « introduction à la désinformation : définition, types et exemple, Fake news : origine et impacts avec le web et les réseaux sociaux. », « introduction au fact-checking », « comment comprendre le phénomène des fake news », « outils de vérification des photos/vidéos, lecture de métadonnées/Exifviewer dans firefox ou chrome/tineye/Yandex ».
Selon M. Noel Kokou Tadégnon, vice-président du COAWEB et formateur, cette session est axée sur la vérification des informations et la promotion de l’éducation aux médias et à l’information. Elle vise à contrer la prolifération des fausses informations dans la sphère médiatique togolaise, en sensibilisant et en formant les journalistes et la société civile. « Aujourd’hui, notre monde fait face à ce phénomène qui, si on ne prend pas garde, risque de nous amener dans des problèmes difficilement résolvables. Donc, il est capital pour nous de pouvoir les aider. Nous, au niveau de TogoCheck, nous faisons des recherches là-dessus, on travaille au quotidien sur ces fausses informations et on essaie aussi de former », a-t-il souligné.
Pour lui, il est capital de transmettre aussi ces connaissances aux journalistes, afin qu’ils puissent être en mesure de travailler de manière autonome, à lutter contre ces fausses informations. « Pour nous, il est important d’alerter les confrères, de les former, de les aguerrir pour aider aussi la population à comprendre les enjeux liés à ce phénomène qui, aujourd’hui, commencent par inquiéter le monde », a affirmé M. Tadégnon. Le vice-président du COAWEB a également relevé que cette formation s’inscrit dans le cadre du projet “Promouvoir la liberté d’expression et des médias et protéger les défenseurs des droits de l’Homme au Togo” initié par l’Observatoire Togolais des Médias (OTM), en collaboration avec l’Institut PANOS Afrique de l’Ouest (IPAO) et le Réseau Inter Africain pour les Femmes, Médias, Genre et Développement (FAMEDEV), et l’appui de l’Union Européenne.
Une fonction consubstantielle du journalisme
Le fact-checking, « guide de vérification d’information », se veut un rempart aux dérives. C’est un retour à la vérification des données et faits, dans l’optique, non seulement de renforcer l’éthique de la pratique professionnelle, mais surtout d’ouvrir la voie vers une meilleure pédagogie de l’information à destination du public. Pour le formateur, Noel Tadégnon, il est important de se rappeler que la vérification des faits existe, depuis que le journalisme s’est imposé comme une profession et qu’il est une fonction consubstantielle, une étape sine qua non au traitement de l’information. C’est pourquoi, selon lui, à l’heure de la prolifération des informations de toute sorte, plusieurs outils permettent, de nos jours, d’identifier l’origine exacte d’une information (photo, vidéo) en ligne, notamment sur les réseaux sociaux. Il s’agit pour la vérification d’images de « google images », « yandex images », « tineye » … En ce qui concerne le checking des images, les professionnels des médias peuvent utiliser « invid » et « youtube Dataviewer ». « La liste de ces outils est non exhaustive, mais elle présente les principaux outils utilisés par les « fact-checkiers » et les journalistes à travers le monde », a-t-il précisé.
« Cette formation est une belle initiative, dans la mesure où, le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui est plein d’informations qui ne sont pas vraies et réelles. Quand il y a une information, il va falloir la vérifier, qu’on soit au niveau du web, de la presse écrite, de la radio ou de la télévision, il y a un certain nombre de questions qu’il faut se poser, pour éviter de désinformer, de mal informer et d’induire les gens en erreur », a confié Eric Gato, journaliste (Desk Politique) à Taxi Fm.
M. Noel Kokou Tadégnon remet l’attestation à Mme Essowazam Pewili.
Pour Mme Essowazam Pewili, journaliste à Radio Maranatha, cette initiative est « la bienvenue, parce que j’ai appris beaucoup de choses. Je souhaite que cette formation se déroule, de temps en temps, pour pouvoir acquérir encore beaucoup de connaissances et aider les populations à connaître la vraie information ».
A l’issue de cette formation, chaque participant est reparti avec une attestation.
Yves T. AWI
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