Le Club diplomatique de Lomé s’est réuni, jeudi 6 novembre 2025, à Lomé, marquant la reprise de ses activités, après la longue interruption imposée par des aléas de ces dernières années. Les échanges ont porté sur le thème « Les Nations Unies, 80 ans après : Renouveler le multilatéralisme et tenir les promesses des Objectifs de Développement Durable (ODD) ». Ils ont souligné le rôle de l’ONU dans le contexte mondial actuel, pour relever les défis climatiques, les inégalités et les conflits, tout en cherchant à concrétiser les objectifs mondiaux.

Le ministre Robert Dussey remercie les Nations Unies pour son engagement constant en faveur du Togo
Le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération, de l’Intégration africaine et des Togolais de l’Extérieur, en partenariat avec le Système des Nations Unies (SNU) au Togo, a organisé, jeudi 6 novembre 2025, le Club diplomatique de Lomé.
En effet, lors de la rentrée diplomatique du 4 septembre 2025, le ministre des Affaires étrangères, Pr Robert Dussey, a proposé à la coordonnatrice résidente du SNU au Togo d’être l’oratrice principale de cette séance de reprise. Le choix s’est révélé particulièrement heureux, puisque cette rencontre coïncide avec la commémoration du 80e anniversaire de la Charte des Nations Unies. Ce croisement de date exprime le lien naturel entre l’esprit du club diplomatique de Lomé et la vocation universelle des Nations Unies de favoriser la compréhension naturelle, promouvoir la paix par la parole et bâtir des ponts entre les nations. Ainsi, cette reprise s’inscrit pleinement dans la vision qui a présidé à la création du Club diplomatique de Lomé, en tant que cadre de réflexion libre et responsable, où diplomates, chercheurs, acteurs de développement peuvent confronter leurs expériences et imaginer ensemble des réponses aux grands défis de notre temps.
Les échanges, portés sur le thème « Les Nations Unies, 80 ans après : Renouveler le multilatéralisme et tenir les promesses des Objectifs de Développement Durable (ODD) », ont été précédés d’une projection de la vidéo du Président du Conseil, à l’occasion des 80 ans de la Charte des NU, ainsi qu’une communication de la coordonnatrice résidente du SNU au Togo, Mme Coumba Sow.
Au nom du Secrétaire général des NU, Antonio Guteres, elle a remercié le gouvernement et le peuple togolais, pour leur accueil en cette terre d’hospitalité, depuis 1961, année d’ouverture du premier bureau d’une agence des NU au Togo, en l’occurrence l’OMS. « Les Nations Unies sont fières d’être votre partenaire sur la voie de l’optimisation des ressources du pays. Qu’elles soient humaines, financières, sociales, culturelles, touristiques, environnementales pour un développement durable, ne laissant personne de côté », a-t-elle laissé entendre. Mme Sow a félicité le Togo pour être toujours un fervent défenseur du multilatéralisme et de l’action des NU, il y a 65 ans déjà, alors que 80 nations réclamaient leur souveraineté. Elle s’est réjouie aussi de son engagement en faveur de la paix et du dialogue sur le continent africain, du Sahel aux Grands Lacs, en passant par le Tchad, le Liberia et tant d’autres, ceci, en parfaite cohérence avec la Charte des Nations Unies.

Photo de groupe à l’issue des discussions.
Des missions inimaginables de l’ONU depuis 1945
Selon l’oratrice, les NU ont vu le jour dans les décombres de la seconde Guerre mondiale, avec une mission claire : préserver les générations futures du fléau de la guerre, promouvoir les droits humains et établir un ordre international basé sur des règles communes.
Après 80 ans, l’organisation a réussi à accomplir sa première grande mission, en contribuant à résoudre des conflits meurtriers dans le monde et en Afrique, notamment ceux de la Sierra Leone, du Liberia, du Mozambique, de la Côte d’Ivoire, du Burundi. Ceci, grâce à des missions de maintien et de consolidation de la paix. Elle a aussi réussi à prévenir le chaos d’une 3e guerre mondiale. Chaque année, l’ONU fournit une aide alimentaire et humanitaire vitale à plus de 150 millions de personnes et soutient les Etats à protéger les réfugiés et les migrants. Elle fournit des vaccins à 45% des enfants du monde, soutient les élections dans des dizaines de pays. Elle est le pilier du droit international, un cadre de plus de 80 conventions et traités, couvrant tous les domaines : des mines anti-personnelles à la biodiversité, des produits phytosanitaires à la liberté de la presse ou encore l’accès à l’eau potable.
L’ONU œuvre également pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. La proportion de femmes dans les parlements au monde a doublé, depuis 1995. Au Togo, une femme a été Présidente de l’Assemblée nationale, une autre a été Premier ministre. L’instauration de la parité entre les sexes au sein du Système des Nations Unies est devenue une priorité. Et aujourd’hui, 62 femmes à travers le monde, représentent le Secrétaire général des NU.
La diplomatie reste l’art de bâtir des ponts
La coordonnatrice résidente du SNU au Togo a mentionné aussi la contribution de l’ONU dans la décolonisation de 80 nations. Pour elle, son organisation a amorcé la régénération de la couche d’ozone et offert au monde la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Au cours de huit décennies, certes tumultueuses, les Nations Unies (NU) se sont réinventées, prouvant que la coopération peut triompher, même dans les heures les plus sombres de l’humanité. L’ONU, dit-elle, reste effectivement l’ultime dépositaire d’un corpus de valeurs et de normes : La Charte des Nations Unies place la paix et la coopération au cœur des relations, la Déclaration universelle des droits de l’Homme continue d’inspirer chaque mouvement de liberté, d’égalité et de justice, les ODD incarnent une vision partagée d’un avenir plus juste, inclusif et durable renouvelés à travers le Pacte pour l’avenir.
Mme Sow a félicité ses collègues pour leur engagement, sans quoi, rien de tout cela n’est possible. « Vous êtes les architectes de la confiance, les médiateurs des divergences, les passeurs de compromis. Dans ce monde où les vérités s’entrechoquent, où les récits s’opposent, la diplomatie reste l’art de bâtir des ponts, et les Nations Unies restent l’espace privilégié pour les ériger. Vous avez la responsabilité de traduire en engagements concrets la vision d’un multilatéralisme renouvelé, capable d’inspirer les peuples, notamment les jeunes, qui cherchent à croire en la coopération internationale », a-t-elle indiqué.
Par ailleurs, Mme Sow a touché du doigt les réformes en cours au sein de l’organisation, notamment le Pacte pour l’avenir – une feuille de route visant à adapter les instances internationales aux réalités actuelles. Ce pacte inclut la réforme du Conseil de sécurité des NU, afin que sa composition reflète un peu plus l’ordre mondial actuel. De même, le système de développement doit devenir plus agile, plus proche des réalités locales, pour mettre en œuvre les ODD et accompagner les transitions justes, vertes et numériques.
Dans les débats qui ont suivi, plusieurs intervenants, à l’instar de l’ancien Premier ministre Joseph Kokou Koffigoh, ont relevé la nécessité de renouveler ce contrat de solidarité universelle. C’est le prix à payer pour la paix et la dignité de la planète.
En clôturant la conférence, le ministre Dussey a remercié les ambassadeurs, consuls généraux et honoraires pour leur présence, et tout ce qu’ils font pour le peuple togolais. Cette activité est la dernière de l’année.
Komla GOKATSE
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