Le peuple togolais a commémoré, le 24 janvier 2024, le 50e anniversaire de l’attentat de Sarakawa à travers des cérémonies de recueillement sur divers sites indiqués dans toutes les préfectures du pays.
A Lomé, c’est le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, l’ambassadeur Calixte Batossie Madjoulba, qui a procédé au dépôt de gerbe de fleurs, à la place des martyrs, au nom du chef de l’Etat. Ce geste mémorial a été suivi de la sonnerie aux morts et de l’audition du message du chef de l’Etat de l’époque, le Père de la Nation Gnassingbé Eyadèma, en présence de plusieurs autres personnalités, dont des membres du gouvernement et des institutions de la République, des officiers des Forces Armées Togolaises, députés, autorités traditionnelles et autres. Le tout dans une ambiance de recueillement entretenue par la chorale Saint Pierre et Paul de Lomé.
Devoir de mémoire, devenu une tradition, la cérémonie marque le souvenir de l’attentat de Sarakawa, le 24 janvier 1974.
En effet, au cours d’une liaison entre Lomé et Pya, dans la préfecture de la Kozah, l’avion présidentiel à bord duquel se trouvait le chef de l’Etat d’alors, feu Gnassingbé Eyadéma et plusieurs personnalités politiques et militaires, s’est écrasé à Sarakawa. Un tragique accident, qui en fait, fut un attentat déguisé, ayant occasionné la mort de valeureux fils de la nation. En leur mémoire, les Togolais s’unissent dans la résilience face à cette tragédie, en cette date commémorative, pour marquer leur reconnaissance envers ces valeureux citoyens.
Un attentat plutôt libérateur
Sarakawa a le mérite d’avoir forgé la détermination du peuple à bâtir son avenir sur ses propres valeurs. En effet, l’évènement de Sarakawa fut un attentat odieux déguisé en accident d’avion, le 24 janvier 1974, à proximité de la localité de Sarakawa, située dans la préfecture de la Kozah au nord Togo. Pour des raisons qui seront élucidées plus tard, comme un sabotage imputé aux milieux financiers étrangers hostiles au projet de nationalisation de la société des mines de phosphates, le DC3 présidentiel effectuant la liaison Lomé-Pya, avec à son bord, le président Gnassingbé Eyadema et plusieurs de ses collaborateurs, s’écrase en pleine brousse à Sarakawa.
De cet attentat déguisé, le président s’en sort indemne, mais plusieurs compatriotes y perdent la vie. La réaction a été immédiate, avec des changements majeurs qui vont s’opérer dans le pays. Le président Gnassingbé Eyadema, sorti miraculeusement indemne du crash, annonce, dès le 2 février 1974, la nationalisation de la Compagnie togolaise des mines du Bénin. Le début d’une ère nouvelle s’ouvre alors sur le Togo, marquant un engagement fort en faveur de sa souveraineté économique et de son authenticité. C’est dire que la date mémorable du 24 janvier est hautement symbolique au Togo. Rebaptisée « jour de la libération économique » cette date renvoie à la détermination du Togo à préserver son identité culturelle et à renforcer son autonomie, face aux influences étrangères. Pour certains historiens, l’attentat de Sarakawa a forgé la détermination du peuple togolais à défendre sa souveraineté et à construire un avenir fondé sur ses propres valeurs et aspirations. L’évènement a marqué en effet un tournant historique dans la vie économique du Togo, du fait qu’il est survenu dans un contexte particulier où le chef de l’État d’alors avait entrepris des discussions visant l’amélioration de la participation nationale au capital des sociétés d’exploitation minières, majoritairement détenues par des actionnaires étrangers. Et c’est à juste titre que dans toute sa première réaction, suite à cet attentat, il a fait un appel à l’endroit des Togolais, qui reste toujours d’actualité. Il fit cette importante déclaration : « Quelles que soient les circonstances et quoi qu’il m’arrive, vous continuerez la bataille que nous avons entreprise ensemble pour notre indépendance économique ». Un appel qui révèle le parallèle qu’on peut établir entre les grandes batailles pour l’épanouissement économique du peuple togolais et celles qui sont encore menées aujourd’hui sous la houlette du président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé, visant à relever les importants défis de l’heure, en s’appuyant sur les forces et les atouts du pays. Le but étant jusqu’alors le même, celui de poursuivre le combat pour s’affirmer, en tant que nation souveraine, économiquement indépendante et prospère.
Ainsi, tout en rendant un hommage aux illustres disparus au cours cet « odieux accident », à travers cette commémoration, l’idéal reste que ce repère historique puisse engager tous les Togolais vers un patriotisme plus accru et plus affirmé.
Martial Kokou KATAKA
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