Le Comité régional Afrique de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) tient, depuis ce 22 Août 2022, à Lomé, sa 72e session consacrée aux débats sur les politiques sanitaires du continent de ces dernières années. Les travaux ont été ouverts par le chef de l’Etat Faure Essozimna Gnassingbé qui a eu, à l’occasion, une distinction reconnaissant les efforts du Togo dans l’élimination de quatre maladies tropicales négligées (MTN). Une fierté nationale, mais aussi une source de motivation à faire davantage et qui devrait inspirer d’autres pays à engager plus d’efforts dans la lutte contre certaines maladies qu’on peut éliminer, grâce à la volonté politique. A cet effet, la session sera sanctionnée par des résolutions qui guideront l’action du continent sur la mise en œuvre des politiques. On notait à la cérémonie d’ouverture la présence de plusieurs personnalités, dont le directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, le Premier ministre Victoire Tomégah-Dogbé et la présidente de l’Assemblée nationale, Yawa Djigbodi Tsègan.
Lomé est devenue depuis ce 22 août et ce pendant 5 jours, la capitale mondiale de la santé, avec la tenue de la 72e session du Comité régional de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS-Afrique). Les travaux, qui regroupent des experts autour des ministres en charge de la santé des 47 pays membres de l’OMS Afrique, vont se dérouler en présentiel et par visioconférence. Ils vont débattre de tous les volets de la santé en plus des nouvelles innovations techniques en cours dans la région, en se basant sur cinq principaux piliers. Les participants vont discuter de la Stratégie régionale pour lutter contre les maladies non transmissibles graves dans les établissements de santé de premier niveau, tout en planchant sur le cadre de renforcement de la mise en œuvre du plan d’action global pour la santé mentale. Ils vont aussi échanger sur les défis liés à la protection contre les risques financiers devant permettre une couverture sanitaire universelle, sur le cadre de lutte intégrée concernant l’élimination et l’éradication des maladies tropicales. Enfin, les travaux vont s’intéresser aux innovations à apporter aux bureaux nationaux de l’OMS, pour plus d’efficacité et d’efficience dans leurs soutiens aux pays africains.
Les politiques sanitaires du Togo saluées
A Lomé, on estime que la tenue de cette session en terre togolaise « est une reconnaissance des efforts et avancées réalisés par notre pays, sous le leadership du chef de l’Etat, dans le domaine de la santé publique ». Une reconnaissance certifiée par l’OMS et ses partenaires. En cela, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus a remis une distinction au président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé, pour les efforts et les résultats obtenus en matière de politiques sanitaires, notamment en ce qui concerne l’élimination de quatre maladies tropicales négligées (MTN) : la dracunculose (ver de Guinée), la filariose lymphatique (éléphantiasis), la trypanosomiase humaine africaine (maladie du sommeil) et le trachome.
Selon le patron de l’OMS, le Togo est actuellement le premier pays au monde à avoir éliminé les quatre MTN. Il a donc salué les politiques de santé mises en branle et qui ont permis au pays d’enregistrer des avancées significatives, en matière de mise en œuvre de la couverture sanitaire universelle, de renforcement des infrastructures sanitaires, de la qualité des ressources humaines, de gestion de la crise sanitaire liée à la Covid-19, etc. En vue des résultats plus probants, Dr Ghebreyesus a convié les Etats membres de l’OMS-Afrique à changer de paradigmes, en s’attelant aux déterminants de la santé, avec un accent sur les soins de santé primaires et sur le renforcement de la couverture vaccinale, essentiellement, chez les enfants, entretemps, mise en berne en raison de la crise sanitaire.
Tenir compte des enjeux de l’heure et surtout agir
En ouvrant les travaux le chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé, a exprimé ses félicitations au directeur général, pour sa récente reconduction à la tête de l’Organisation Mondiale de la Santé, en formant ses vœux de pleins succès pour ce nouveau mandat. Il a rappelé que la présente session se tient dans un contexte toujours éprouvé par la pandémie, où la santé reste encore fortement tributaire des inégalités d’accès aux soins, des changements climatiques, des conflits dans plusieurs régions du monde et de l’insécurité sur le continent.
« Notre réflexion globale doit nécessairement intégrer l’impact de ces crises multidimensionnelles, dont la complexité et la persistance menacent la survie même de l’humanité. En Afrique, comme partout ailleurs, nous devons donc tenir compte des enjeux de l’heure, et surtout agir : Agir pour garantir l’accès à des soins de qualité pour tous, partout et en tout temps ; Agir pour offrir une protection sociale et une couverture sanitaire universelle à nos concitoyens ; Agir pour éradiquer le phénomène des médicaments contrefaits et de mauvaise qualité… Il y a beaucoup à faire, c’est indéniable », a souligné le président togolais. Mais face à l’importance des défis qui restent à relever, le président de la République a reconnu et salué les progrès accomplis au niveau du continent, « comme autant de victoires dans notre lutte pour améliorer la vie dans son acception générale : soigner et protéger, mais aussi prévenir, anticiper, éduquer ». Le chef de l’Etat Faure Gnassingbé a rappelé que la santé est une priorité de cohésion sociale qu’il faut placer au cœur de la politique de développement. Ainsi, l’une des ambitions de la feuille de route du gouvernement à l’horizon 2025 reste « d’offrir une identité et garantir la couverture santé et l’accès aux services de base à tous ». Une ambition en lien avec le treizième programme général de travail de l’OMS, qui vise à faire bénéficier un milliard de personnes supplémentaires d’une couverture sanitaire universelle. « Dans cette optique, nous avons fait évoluer le cadre institutionnel, notamment avec la création d’un ministère délégué chargé de l’accès universel aux soins au sein du ministère de la santé. Quant au cadre législatif, il a vu, entre autres, l’adoption de la loi instituant l’assurance maladie universelle, dont le déploiement est confié à l’institut national d’assurance maladie. La politique que nous mettons en œuvre dans le domaine de la santé intègre bien le concept ꞌꞌOne healthꞌꞌ, par l’approche holistique que nous avons adoptée », a-t-il fait noter, en citant au passage les différents programmes mis en œuvre pour accroître l’accès aux services et aux soins de santé.
L’engagement pour la santé, la clé qui ouvre les portes de l’harmonie
Au nombre des actions concertées résultant du souci constant de préserver la santé des populations, le président Faure Gnassingbé a mentionné l’Initiative de Lomé lancée, le 18 janvier 2020, par le Togo et cinq (05) autres pays africains, à savoir : le Congo, le Ghana, le Niger, l’Ouganda et le Sénégal. « La déclaration politique qui en est issue vise à mettre en œuvre des plans nationaux de lutte contre les médicaments de qualité inférieure et falsifiés, à travers une action coordonnée des pouvoirs publics et du secteur privé. En rappelant que près de la moitié des signalements de trafic proviennent d’Afrique subsaharienne, et -pire- que plus de cent mille (100.000) décès d’enfants de moins de cinq (05) ans, chaque année, seraient liés à l’utilisation d’antipaludéens de mauvaise qualité, je plaide pour que nous soyons rejoints dans cette lutte par l’ensemble des autres pays qui n’ont pas encore adhéré à l’initiative », a lancé le président de la République avant de souligner : « L’engagement pour la santé est pour nous une responsabilité, mais elle est surtout, pour nos sociétés, la clé qui ouvre les portes de l’harmonie, du progrès et de la prospérité. Je vous remercie, à cet égard, des appréciations que vous avez eues à l’endroit de mon pays, pour les résultats obtenus dans l’éradication de maladies tropicales négligées, et dans la riposte nationale contre la pandémie de la Covid-19 ».
Il a saisi l’occasion pour saluer les partenaires, en particulier l’OMS, avec qui le Togo entretient des relations ayant « franchi le cap de la simple coopération institutionnelle pour être, désormais, un véritable partenariat pour soutenir nos systèmes de santé, pour coordonner la réponse aux urgences, pour défendre l’équité vaccinale, bref un partenariat pour nous orienter, tirant leçon des crises actuelles, vers des solutions plus durables, équitables et saines ». Il a émis le vœu que les présentes assises permettent à la région et à l’OMS d’apporter une réponse toujours plus efficace, plus humaine et plus pérenne aux besoins des États et des populations.
Du reste, la politique sanitaire au Togo est « arrimée aux besoins des populations, enrichie de la sève des leçons tirées des expériences antérieures et en parfaite concordance avec les différents thèmes, objet de la présente session », a fait comprendre le ministre togolais en charge de la santé, Pr. Moustafa Mijiyawa.
A noter qu’au cours des travaux, le Togo va présenter son modèle de partenariat public-privé en matière de gouvernance des structures sanitaires, ainsi que les politiques nationales d’amélioration de l’offre des soins de santé, à travers le programme Wezou, School Assur, l’instauration de l’assurance maladie universelle et la mise en place des structures de soins spécialisées.
Les cinq piliers du nouvel ordre de la santé publique en Afrique
Selon la commissaire à la Santé, aux Affaires humanitaires et au Développement social de l’Union Africaine (UA), Mme Minata Samate Cessouma, le continent africain est celui qui supporte un lourd fardeau de maladies aggravées par les catastrophes naturelles et anthropiques. Le continent continue d’apprécier ses services et efforts pour rationaliser la prestation des soins de santé dans la Région africaine de l’OMS. Aujourd’hui, précise Mme Cessouma, l’Afrique se trouve à un tournant historique, avec une priorité accrue pour remédier aux importantes déficiences structurelles, de plus en plus profondes en matière de santé publique, aux niveaux national, régional et continental. Pour exploiter la dynamique actuelle, la Commission de l’UA et le Centre de Contrôle et Prévention des Maladies (CDC-Afrique) ont lancé, en 2021, le « Nouvel ordre de la santé publique en Afrique », qui repose sur cinq piliers centraux. Il s’agit du « renforcement des institutions de santé publique », du « renforcement des capacités du personnel de santé, aussi bien en nombre qu’en qualité », de la « fabrication de vaccins, de produits de diagnostic et thérapeutiques », du « développement des partenariats respectueux, gagnant/gagnant et surtout orientés vers l’action » et de « l’augmentation des ressources nationales pour la sécurité sanitaire ». Pour Mme Cessouma, ce cadre d’action vise à renforcer l’autosuffisance des systèmes africains de santé publique et à remédier aux déséquilibres mondiaux actuels, tout en augmentant la voix collective de l’Afrique sur les questions de santé mondiale.
La directrice de l’OMS-Afrique, Dr Moeti Matshidiso, pour sa part, a salué les efforts menés en matière de lutte contre les maladies infectieuses et non transmissibles, de la réduction de la mortalité maternelle et infantile, sans oublier la promotion de l’assainissement. A son avis, ces efforts doivent se poursuivre, grâce à un accroissement du financement pour la santé, malgré le ralentissement des activités économiques mondiales pour cause de la Covid-19.
Bernardin ADJOSSE
Françoise AOUI
Komla GOKATSE
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