27 avril 1960-27 avril 2025, il y a 65 ans que le Togo a accédé à sa souveraineté internationale, lui permettant de définir dorénavant son identité et sa politique dans le concert des nations. Pour y arriver, il a fallu une lutte acharnée, portée par le courage, la persévérance et la détermination de quelques figures majeures du pays. Afin de rendre hommage à ces pionniers de l’indépendance, une conférence spéciale a été organisée, samedi 26 avril 2025, au Palais des Congrès à Lomé, pour rappeler leur engagement et préserver leur mémoire historique. Une manière de renforcer l’unité nationale et d’inspirer les générations futures à poursuivre l’œuvre de construction d’un pays fort et prospère.
Diverses personnalités présentes à la cérémonie d’hommages.
La conférence d’hommages tenue, samedi 26 avril 2025, à Lomé, pour saluer les grandes figures de l’indépendance, a été présidée par le Premier ministre, Victoire Tomégah-Dogbé, représentant le chef de l’Etat. Elle avait à ses côtés, les membres du gouvernement et plusieurs autres personnalités, dont des historiens, chercheurs et invités.
En effet, à l’occasion du 65e anniversaire de l’indépendance du Togo, un ouvrage a été réalisé pour rendre hommage aux figures politiques, coutumières et culturelles, dont l’engagement a été déterminant dans l’accession du Togo à la souveraineté internationale. Ces travaux, menés par des experts, notamment Kadanga Kodjona, Essohanam Batchana, Akue Adotevi et Wiyao Evalo, ont exploré les contributions stratégiques, politiques et culturelles de ces héros nationaux. Grâce à ces recherches, une meilleure compréhension de l’histoire du Togo a été développée, permettant de préserver la mémoire collective et d’inspirer les générations futures par les valeurs de courage, d’unité et de patriotisme portées par ces grandes figures.
Le document présenté par M. Essohanam Batchana, professeur titulaire d’histoire contemporaine, met en lumière une liste non exhaustive de 42 figures majeures ayant contribué à l’accession du pays à sa souveraineté. Suivant leurs courants politiques, ces figures sont des nationalistes ou progressistes, mais aussi les figures culturelles, religieuses et traditionnelles. Le groupe du courant nationaliste comprend 21 personnalités dont Sylvanus Olympio, premier président du Togo et figure emblématique de l’indépendance. Ce courant, qui prônait une rupture immédiate avec l’administration coloniale française, comprenait principalement comme partis politiques le Comité de l’Unité Togolaise (CUT) et la JUVENTO.
Le courant des progressistes, quant à lui, regroupe 16 personnalités, dont Nicolas Grunitzky, successeur de Sylvanus Olympio. Selon l’orateur, ces leaders privilégiaient une transition progressive vers l’indépendance, estimant que la collaboration avec la France pouvait encore être bénéfique. Le Parti Togolais du Progrès (PTP) et l’Union des Chefs et Populations du Nord (UCPN) étaient les principales structures de ce courant.
Le dernier groupe, celui des figures culturelles et traditionnelles, inclut 5 personnalités issues de la culture, de la religion et de la chefferie traditionnelle. Leur rôle a été crucial pour mobiliser les communautés et renforcer l’identité nationale, à travers les traditions et valeurs culturelles, a expliqué le communicateur. Pour lui, bien que les deux courants divergeaient sur les méthodes, ils partagèrent un objectif commun : conduire le Togo vers la libération du joug colonial.
Au-delà, réfléchir sur les défis actuels et les aspirations futures
A l’occasion, Pr. Batchana a partagé des récits et anecdotes captivants sur les luttes et sacrifices qui ont jalonné le chemin vers l’indépendance. Témoignages qui ont permis de ranimer la mémoire collective sur les sacrifices consentis par ces figures emblématiques. Mais au-delà de l’hommage, la conférence a été l’occasion de réfléchir sur les défis actuels et aspirations futures du Togo.
Dans son mot de cadrage, le président de la Commission scientifique, Pr Kodjona Kadanga, a rappelé que la conférence est une opportunité unique de réaffirmer les valeurs d’unité, de mémoire et d’engagement pour l’avenir du pays, dans le respect des sacrifices consentis par les héros de l’indépendance. Selon lui, la présente publication vient enrichir l’historiographie des écrits sur ces leaders, afin qu’ils ne tombent pas dans l’oubli.
Le Premier ministre (2e à droite), accompagnée du Pr Batchana (1er à droite), découvre les expositions.
Les intervenants ont appelé à une unité nationale et à un engagement collectif, pour poursuivre l’œuvre des pionniers de l’indépendance. Ils ont également insisté sur la nécessité de transmettre ces valeurs aux générations futures. Pour ces enseignants chercheurs, il est temps, après plus de 65 ans d’indépendance politique, que les historiens s’approprient leurs histoires, en prenant absolument leurs marques pour dégager les grands traits et les grands hommes de leur continent et de leur pays. L’exercice est périlleux, vu que l’histoire nationale ne fait pas recette, ont-ils relevé. Mais, on doit savoir célébrer « nos héros, au besoin, les créer. Et le 65e anniversaire de l’indépendance du Togo offre l’occasion ».
A l’issue de cette conférence, le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Chefferie coutumière, Col Hodabalo Awaté, a souligné qu’au-delà des grandes figures magnifiées, « c’est la ténacité, la persévérance et le sens de l’intérêt général d’un homme qui a su drainer et incarner les aspirations du peuple togolais à un moment précis de son existence. Cet homme, c’est le président Sylvanus Epiphanio Kwami Olympio, appelé à juste titre le Père de l’indépendance du Togo ». Le ministre a adressé ses félicitations aux chercheurs, dont le savoir-faire a permis de mettre à la disposition des Togolais, ce travail de référence. Cette initiative venant du président de la République, prouve à suffisance que devant les exigences de réconciliation, d’unité et de concorde nationale, il est prêt à tout. Car il sait qu’un peuple divisé sur sa mémoire et ses grands hommes est exposé aux conflits multiformes susceptibles de fragiliser le lien national et le vivre-ensemble, a-t-il confié. Pour preuve, il a été désigné par les chefs d’Etat de l’Union africaine comme médiateur dans le conflit opposant le Rwanda et la RDC. Cette désignation confirme et consacre le président « Homme d’Etat de paix, d’union, du dialogue et de réconciliation », a déclaré Col Awaté. Cette reconnaissance, toute singulière qui transcende les frontières du pays et celle de l’Afrique, hisse davantage l’étoile du drapeau togolais dans le concert des nations, réjouit et honore tous les fils du pays, a-t-il dit.
Une visite guidée des expositions de ces 42 figures emblématiques a mis fin à la rencontre. Bernadette A. GNAMSOU
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