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11e Table ronde annuelle d’ATIDI: Nécessité de donner aux entrepreneurs les moyens de propulser la croissance économique en Afrique

Dr Situmbeko Musokotwane ( à gauche) et M. Manuel Moses président la cérémonie d'ouverture
11e Table ronde annuelle d’ATIDI: Nécessité de donner aux entrepreneurs les moyens de propulser la croissance économique en Afrique

L’Assurance pour le Développement du Commerce et de l’Investissement en Afrique (ATIDI), a tenu sa 11e table ronde annuelle le 27 juin 2024, en marge de sa 24e assemblée générale annuelle, organisée à Livingston, en Zambie.

Cette session de recherche des solutions innovantes pour attirer les capitaux en Afrique a rassemblé des experts financiers, des décideurs politiques, des chefs d’entreprises et placée sous le thème : « « Autonomiser demain : favoriser l’investissement ». L’objectif était d’identifier les défis de financement, puis fournir des solutions stratégiques qui permettront d’améliorer l’accès au financement, en particulier l’accès des marchés africains aux capitaux mondiaux, afin de favoriser la croissance économique et façonner un avenir plus prospère, plus équitable et plus durable pour l’Afrique.

Le Président Directeur Général d’ATIDI, M. Manuel Moses lors de son intervention

L’Afrique continue de lutter pour attirer des capitaux tant dans les secteurs public que privé. Par exemple, le rapport de surveillance des tendances mondiales des investissements de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) pour 2023 montre qu’au cours des deux dernières années, l’Afrique ne représente que 3,5 % (48 milliards de dollars) des flux mondiaux d’Investissement Directs Etrangers (IDE). De plus, la majorité de ces flux sont orientés vers le secteur des ressources naturelles et les projets à grande échelle comme des projets d’infrastructures (Routières, ferroviaires, énergie et santé) laissant très peu de place aux autres secteurs, notamment aux PME.

Parmi les facteurs qui entravent les flux de capitaux vers l’Afrique figurent les risques politiques élevés, en particulier le risque d’expropriation, l’échec des contrats, la violence due au terrorisme ou aux troubles civils, et bien d’autres encore.

En plus des risques politiques, les économies africaines sont largement peu diversifiées, ce qui accroît les risques de non-paiement.

C’est autour de ces problématiques que les experts financiers, des décideurs politiques, des chefs d’entreprises  ont échangé le 27 juin 2024,  à Livingston, en Zambie, à la 11e  table ronde annuelle de l’Assurance pour le Développement du Commerce et de l’Investissement en Afrique (ATIDI). Ils ont particulièrement discuté sur deux sujets étroitement liés : l’accès au financement pour le secteur privé et accès à un financement durable pour le secteur public en Afrique. Ces deux sujets soulignent la nécessité impérative de combler les lacunes existantes en matière de développement des infrastructures et de donner aux entrepreneurs les moyens de propulser la croissance économique et, à terme, de réduire la pauvreté endémique sur le continent.

Les experts financiers, des décideurs politiques, des chefs d’entreprises à la table ronde

Forger des partenariats stratégiques

S’agissant du premier thème, « l’accès au financement pour le secteur privé », les participants à la table ronde ont relevé qu’au niveau du secteur privé, l’accès au financement constitue une condition préalable fondamentale pour libérer l’esprit d’entreprise et stimuler le dynamisme économique au sein du secteur privé. Pourtant, cette bouée de sauvetage essentielle reste hors de portée pour tant d’aspirants entrepreneurs et d’entreprises existantes. Que ce soit à cause des barrières réglementaires, du manque de garanties ou d’une culture financière limitée, des millions de personnes se retrouvent exclues du système financier formel, entravant ainsi leur potentiel d’innovation, de croissance et de création d’emplois. A cet égard, les experts à la table ronde ont fait ressortir ces défis et tracé la voie à suivre pour améliorer l’accès au financement pour le secteur privé. Ils ont remis en question les contraintes existantes, identifié des solutions innovantes et demandé aux décideurs de forger des partenariats stratégiques pour améliorer l’accès aux ressources financières cruciales pour la croissance du secteur privé et, à terme, la croissance du continent.

Pour ce qui est de l’accès au financement dans le secteur public, les participants ont abordé l’accès à la finance durable pour les pays africains et les difficultés qu’endurent les gouvernants pour accéder aux marchés de capitaux mondiaux afin de combler le déficit d’infrastructures. Ils ont reconnu que l’Afrique a un immense potentiel pour accroître sa situation économique, mais manque d’infrastructures essentielles telles que les routes et les chemins de fer, l’énergie et l’assainissement, qui sont un gros obstacle. La Banque mondiale estime que l’Afrique doit dépenser près de 7,1 % de son PIB (soit 220 milliards de dollars) par an pour combler le déficit d’infrastructures, mais ne parvient à dépenser qu’environ la moitié de ce montant. Un facteur clé qui rend difficile pour les continents de combler cet écart est l’accès limité aux marchés de capitaux mondiaux. Selon eux, les obstacles à l’accès à la finance durable sont des problèmes de solvabilité à la perception d’un système de gouvernance médiocre et aux complexités réglementaires. Ils alors exploré des mécanismes de financement innovants, proposé des solutions pour améliorer les cadres de viabilité de la dette et favoriser plus de transparence et une plus grande responsabilité dans la gestion des finances publiques.

Réalisation des ODD sur le continent

Le Secrétaire général adjoint à l’administration et aux finances du Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe (COMESA), Dr. Dev Haman, a, ensuite, fait un exposé sur le rôle que le financement du commerce peut jouer pour accélérer la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) sur le continent. Selon lui, les ODD représentent une vision mondiale partagée pour parvenir à un monde plus équitable et plus durable d’ici 2030. Cependant, la réalisation de ce programme ambitieux nécessite des efforts concertés pour mobiliser des ressources, catalyser les investissements et favoriser des approches innovantes en matière de financement du développement. Dans ce contexte, le financement du commerce apparaît comme un puissant catalyseur de la réalisation des ODD, constituant l’élément vital de la promotion du commerce régional en supprimant les risques liés aux transactions transfrontalières.

A l’ouverture des travaux de la 11e  table ronde annuelle d’ATIDI, le ministre zambien des Finances et de la Planification nationale, Dr Situmbeko Musokotwane a exhorté les participants à travailler pour mettre sur pied un environnement favorable au financement du secteur privé, créateur d’emploi. Il les a invité à favoriser un dialogue sur les mesures concrètes pour l’intégration de l’Afrique dans le monde du système financier, promouvoir la coopération, l’innovation et la durabilité pour une prospérité à long terme.

S’engager activement dans le dialogue inclusif

Le Président Directeur Général d’ATIDI, M. Manuel Moses, pour sa part, a expliqué qu’au cours des 23 dernières années d’existence, l’ATIDI est passée de seulement 7 membres dans les États d’Afrique orientale et australe en 2001 à 24 États membres dans l’Afrique orientale, occidentale, centrale et australe. Dès sa création, l’ATIDI s’est concentrée sur la fourniture de solutions visant à atténuer les perceptions de risques politiques élevés tels que l’expropriation, la confiscation, la perturbation des activités commerciales due à des troubles civils ou à la violence et à la guerre. Ainsi, l’activité exclusive de l’ATIDI était de fournir une assurance contre les risques politiques, également appelés risques d’investissements. « Aujourd’hui, la gamme de produits et de services que nous proposons s’est considérablement élargie en réponse à l’évolution de l’environnement des risques, l’organisation fournissant des solutions aux risques dans une perspective plus large. Dans tout notre travail, nous nous efforçons de fournir des solutions innovantes pour attirer des capitaux vers l’Afrique et, à la fin de 2023, nous avions facilité plus de 85 milliards de dollars d’investissements en Afrique », a relevé M. Manuel Moses.

Pour lui, l’investissement ne concerne pas seulement les transactions financières, « il s’agit d’investir aussi dans les personnes, dans les idées et dans l’avenir durable que nous souhaitons tous. L’Afrique abrite la population la plus jeune du monde, avec plus de la moitié de sa population âgée de moins de 25 ans et un âge médian de 19 ans. De toute évidence, il est urgent que les dirigeants du continent créent des opportunités pour la jeune population. Un moyen plus simple et plus rapide est de trouver des solutions aux problèmes qui entravent la croissance du secteur privé.». Raison pour laquelle, il a interpellé les experts à aider les dirigeants à trouver des solutions réalisables pour attirer davantage d’investissements pour le continent, à formuler des recommandations  pour permettre aux décideurs politiques de parvenir à une position commune pour soutenir le développement de l’Afrique.

« Permettez-moi d’exhorter chacun d’entre vous à s’engager activement dans le dialogue, à partager ses idées et à collaborer les uns avec les autres à la recherche de solutions concrètes. Notre continent a besoin d’un leadership audacieux, d’une pensée innovante et d’un engagement inébranlable en faveur d’un changement positif.Ensemble, saisissons ce moment pour façonner un avenir non seulement prospère mais également durable et inclusif », a conclu le PDG d’ATIDI.

Moussouloumi BOUKARI

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