Les partenaires bilatéraux et multilatéraux, les investisseurs privés et les fonds souverains, la société civile et toutes les autres sources de financement sont conviés, depuis le 1er décembre 2022, aux travaux d’une table ronde des bailleurs de fonds visant à mobiliser davantage de ressources pour financer la stratégie d’accès à l’eau potable au Togo (AEP 2021-2030). Cet événement, qui marque le lancement de cette stratégie, va prêter son cadre pour présenter le Plan Directeur de l’AEP du Grand Lomé (2023-2050). La rencontre de deux jours a été ouverte, à l’Hôtel 2Février à Lomé, par le Premier ministre Victoire Tomégah-Dogbé, en présence de plusieurs autres personnalités.
« Le Togo est en route pour l’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement ». Ce message, repris à maintes reprises, hier, à l’ouverture de la table ronde des bailleurs de fonds pour le financement des projets relevant du secteur de l’eau, traduit la détermination du gouvernement à garantir l’accès aux services de base à tous. Une détermination qui se concrétise dans le secteur de l’eau par la mise en place de la Stratégie d’Accès universel en Eau Potable (AEP 2021-2030) et du Plan Directeur d’AEP du Grand Lomé 2023-2050. Deux initiatives qui ont suscité l’organisation de cette table ronde des bailleurs de fonds visant à mobiliser davantage de ressources, pour financer leur mise en œuvre. Organisée par le ministère de l’Eau et de l’Hydraulique villageoise, avec l’appui de ses partenaires, cette table ronde, s’inscrit dans la droite ligne de la feuille de route gouvernementale 2020-2025, en ce qui concerne son programme 6, relatif notamment à l’augmentation de l’accès en eau potable et à l’assainissement. La rencontre constitue donc un cadre pour partager la vision du pays et échanger sur les priorités de la Stratégie. Il a été surtout question de mobiliser les parties prenantes, en vue de recueillir leurs engagements techniques et financiers pour sa mise en œuvre. Elle offre aussi un cadre pour renforcer les partenariats entre le gouvernement, les Partenaires Techniques et Financiers, le secteur privé et la société civile, permettant de s’assurer de la mise en place d’un mécanisme de suivi des engagements et des flux financiers orientés vers les interventions du Plan Directeur d’AEP 2021-2050.
L’eau est indiscutablement un enjeu stratégique
A l’ouverture, le Premier ministre Victoire Tomégah-Dogbé, a salué la disponibilité et l’accompagnement des partenaires, dont l’intervention au Togo prend en compte les problématiques majeures de la feuille de route gouvernementale, pour la transformation structurelle de l’économie et la réponse efficiente à la demande sociale. A son avis, l’eau est indiscutablement un enjeu stratégique, pour faire face à toute sorte de défis, en matière d’amélioration de l’hygiène et de la santé, du développement de l’agriculture et de toute autre activité de la vie quotidienne. « L’accès universel à l’eau potable, et le service d’assainissement, assorti d’une gestion efficace de ressources en eau, contribuent à l’élimination de la pauvreté et à la promotion d’une croissance économique inclusive… Le taux de déserte en eau potable, au plan national, est passé de 34% à 68% entre 2010 et 2021. Sur la même période, la déserte en eau potable est passée de 41% à 69% en milieu rural, de 29% à 53%, en milieu semi urbain et de 33% à 60%, en milieu urbain. Il y a eu des progrès, surtout ces dernières années, mais les déficits à relever restent importants », a-t-elle indiqué, en faisant cas des difficultés de l’eau potable, en particulier en milieu rural. Et pour relever ces défis, il faut, nécessairement, augmenter les investissements dans ce secteur important et stratégique, à son avis.
Un secteur à fort potentiel économique
De l’avis de Mme Tomégah-Dogbé, la mise en place d’une plateforme de financement de la Stratégie d’Accès universel en Eau Potable, parviendra à accélérer l’atteinte des résultats attendus dans le secteur. Elle a rassuré que le secteur de l’eau est un domaine à fort potentiel économique que beaucoup ignorent. Ainsi, elle a émis le vœu que les acteurs du privé se tournent vers ce secteur rentable. Le gouvernement et les partenaires financiers doivent donc travailler ensemble, pour détecter le meilleur moyen d’inciter les investisseurs privés à se tourner vers ce secteur. A son avis, « il n’y a pas de doute que ce secteur joue un rôle important dans le renforcement de la résilience des populations, notamment dans les zones les plus exposées aux crises sécuritaires ». Le domaine de financement pour la mise en œuvre de la stratégie de financement pour l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est estimé à plus de 1450 milliards de FCFA à l’horizon 2030. Parallèlement à cette stratégie, un plan directeur d’approvisionnement en eau potable du grand Lomé a été élaboré à l’horizon 2050. L’objectif étant de mettre en place, un plan de développement national permettant de renforcer les infrastructures en zone semi urbaine et rurale. Ceci, afin de garantir un accès de toute la population à l’assainissement et de mettre fin à la défécation à l’air libre. Il s’agit de réaliser et d’accroître les réseaux de collecte, tout en développant le traitement des eaux usées en zones urbaines et en renforçant les capacités de la maîtrise d’irrigation. Pour ce faire, le chef du gouvernement a souhaité que les efforts entre investissements publics et la mobilisation d’investissements privés se convergent. Entendu que le Togo a mené d’importantes réformes, en matière d’amélioration de l’environnement général des investissements, en mettant en place un cadre des affaires attractif.
A l’occasion, la directrice de la l’Agence française de développement (AFD), Mme Zolika Bouabdallah, a invité ses pairs (partenaires financiers et techniques) à se mobiliser pour cette stratégie. Elle les a rassurés, en indiquant que « le moment est propice pour investir dans le domaine de l’eau potable, être les pionniers du développement de ce secteur dans un cadre renouvelé. C’est pourquoi, nous serons très investis… pour une session entre bailleurs/financeurs, afin que tous, collectivement, nous parvenions à mobiliser les financements nécessaires à l’opérationnalisation des Plans Directeurs d’Approvisionnement en eau potable dans le Grand Lomé et dans les 13 villes secondaires et pour financer les délégations de service public en milieu semi-urbain et rural ».
Auparavant, le ministre Bolidja Tiem de l’Eau et de l’Hydraulique villageoise, a rappelé les objectifs assignés à son département dans la feuille de route gouvernementale 2020-2025. Il s’agit d’atteindre un taux d’accès de 85% au plan national, 95 % en milieu rural, 85% en milieu semi-urbain, 75% en milieu urbain hors Grand Lomé et 80% dans le Grand Lomé. Il est aussi question d’appuyer l’agriculture dans la maîtrise de l’eau, afin d’améliorer les rendements via l’irrigation, tout en augmentant l’accès aux infrastructures d’assainissement.
Bernardin ADJOSSE
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