Les lendemains des fêtes paraissent généralement lourds pour les citoyens qui ont du mal à renouer avec le quotidien. Si les fonctionnaires se sentent obligés de se rendre au boulot après la fête du nouvel an, rien ne l’impose aux commerçants et aux particuliers qui profitent de la journée pour faire le bilan des recettes. Ce 2 janvier, dans les rues Lomé et particulièrement au grand marché d’Agbadahonou, le centre des affaires, rien ne semblait bouger. Les quelque rares commerçants assis devant les boutiques peinaient à les ouvrir. Tellement, l’amertume et la désolation se lisaient sur les visages…
Après une période de fêtes de fin d’année marquée par un calme, les populations de Lomé ont eu du mal, au lendemain du nouvel an, à renouer avec le quotidien. Pas à cause de la fatigue de la fête a mis à cause de la crise qui a gagné du terrain, ôtant ainsi l’envie de vivre une ambiance festive. En effet, si les fêtes de fin d’année paraissent comme des périodes propices pour les commerçants de réaliser un grand chiffre d’affaires, l’heure n’est pas à l’euphorie, cette année. Ce 2 janvier, les grandes rues de la capitale sont restées presque désertes. Au grand marché de Lomé, il était possible de se faire une idée sur le nombre de commerçants présents. Ceux-ci y étaient pour « tuer le temps et échanger un peu avec les amis ».
Très déçus des recettes enregistrées lors des fêtes, ces commerçants restent perplexes. « Nous avons l’impression que les choses vont de mal en pire et nous ne savons comment faire. Parce que si les périodes de fêtes sont restées aussi dures comme nous l’avons constaté, nous ne savons comment sera l’année en cours. Et puis, sans trop me mêler, j’avoue que les marches nous ont fragilisés. Des gens ont peur de dépenser le peu qu’ils ont. Et puis, seuls les courageux viennent de nos jours au grand marché pour leurs emplettes, Déckon restant quelques fois bloqué par les marcheurs. Ils préfèrent se rabattre sur les boutiques du quartier. », a déploré M. Inoussa B., commerçant. Dans ce contexte morose, a-t-il poursuivi, c’est vraiment triste pour nous les commerçants quand il faut payer le loyer et les différentes taxes sans pouvoir vendre surtout au moment des fêtes. Dame Kossiwa devant son petit commerce de légumes se plaint. « En réalité, l’on devrait rester à la maison le lendemain de la fête. Mais, la situation économique du pays fait que nous sortons. Malheureusement, depuis que je suis là avec mon piment vert, mes gombos et autres, personne n’achète. Apparemment, les rares personnes qui sont arrivées au marché sont là pour se souhaiter les vœux. Personne ne s’intéresse aux achats. Peut -être par manque d’argent».
La timide ambiance au marché est surtout marquée par l’absence des taxis, des taxis motos et même des revendeurs de l’essence frelaté. Les rares vendeurs de ce carburant, qui ont des stocks, profitent de la rupture au niveau des stations d’essence pour majorer le prix. Si certains citoyens profitent du nouvel an pour se reposer ou faire le bilan, l’absence d’autres particuliers, notamment des « Zémidjans, des bonnes femmes » dans les coins de rues, cause des désagréments aux fonctionnaires et aux hommes d’affaires qui eux, sont obligés de se rendre sur leurs lieux de travail. Pour déjeuner, ils se voient contraints, aux heures de repas, de parcourir une longue distance à la recherche d’un lieu pour se restaurer. Là encore, il faut avoir la chance d’être servi. Ceci amène à dire que l’on a vraiment besoin de chacun et de chaque corps de métier dans la vie. Car, un métier quel qu’il soit a de la valeur. Pourvu qu’on l’exerce dans les règles et avec amour.
Au demeurant, amertume, désespoir, désolation et la peur du lendemain animent le togolais chaque. Dans ce contexte, le discours du président de la République annoncé pour aujourd’hui est tant attendu pour dissiper ces sentiments.
Yankolina M. TINGAENA
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