L’Organisme National chargé de l’Action de l’Etat en Mer (ONAEM) anime lundi et mardi à Lomé, une concertation dite « conférence maritime 2016 », la troisième du genre depuis la création de cet organisme en 2014. Elle offre ce cadre aux acteurs des administrations impliquées, avec l’assistance technique des experts du gouvernement des Seychelles, pour faire le bilan de la mise en œuvre de la deuxième conférence maritime (juillet 2015) et des recommandations de la réunion du Haut Conseil pour la Mer (HCM), tenue en septembre 2015. Ces assises se déroulent autour du thème : « Appropriation des projets contribuant à la sécurité maritime et portuaire par les administrations impliquées dans l’Action de l’Etat en Mer (AEM) et formation sur le nouveau cadre juridique contre la piraterie maritime ». Elles ont été ouvertes, à l’hôtel Sarakawa, par le Premier ministre, Dr Komi Selom Klassou, en présence d’autres membres du gouvernement et de diverses personnalités dont le ministre d’Etat, chargé des Affaires présidentielles, M. Magnim Esso Solitoki.
Il y a un peu plus de deux ans (2014), le Togo a entamé une réforme structurelle de son secteur maritime pour le rendre plus performant, compétitif et davantage respectueux des exigences internationales liées essentiellement à la sûreté et à la sécurité du transport maritime. L’une des composantes de cette réforme, instituée par décret portant création de l’Organisme National chargé de l’Action de l’Etat en Mer (ONAEM), est la conférence maritime, un cadre de concertation entre toutes les administrations impliquées dans l’Action de l’Etat en Mer (AEM), qui se retrouvent chaque année, pour réfléchir et proposer des orientations et innovations pour faire avancer le secteur maritime du pays.
Ainsi, après la conférence maritime des 9 et 10 juillet 2015 à Lomé, celle des 23 et 24 mai 2016 a démarré ses travaux, lundi, toujours dans la capitale togolaise, sous les auspices du Premier ministre, Dr Komi Selom Klassou.
A ce premier jour, les acteurs impliqués dans l’AEM avaient à s’approprier les idées de projets identifiés et approuvés par le Haut Conseil pour la Mer (HCM), l’an dernier. Ceci, afin d’envisager la mise en œuvre de ces projets à travers les mécanismes de financement appropriés, qui ont besoin de l’appui de l’Etat et ses partenaires au développement pour une bonne exécution. La deuxième journée est consacrée, aujourd’hui, au renforcement des capacités des experts juridiques et officiers de police judiciaire qui, au demeurant, vont bénéficier de la longue expérience du gouvernement des Seychelles et de l’office des Nations Unies contre la drogue et le crime en matière de lutte contre la piraterie et les autres actes illicites en mer.
Renforcer les outils de la gouvernance maritime
« La mise en œuvre de ces projets contribuera à améliorer le niveau de sécurisation du transport maritime et apportera des solutions aux problèmes sociaux et économiques des populations riveraines dont les activités ont un lien avec la mer », a confié le ministre des Infrastructures et des Transports, M. Ninsao Gnofam. Il a évoqué la vision du chef de l’Etat qui a eu l’idée de créer l’organe chargé de l’Action de l’Etat en Mer (AEM), « à même de prendre des initiatives pour renforcer l’existant et entrevoir des perspectives en termes de gouvernance, de sécurité, de préservation de l’environnement marin…devant impacter positivement sur le cadre de gestion et les activités portuaires ».
Selon le Premier ministre Komi Selom Klassou, le Togo a sensiblement amélioré son cadre législatif et réglementaire relatif à la mer, depuis la tenue de la derrière réunion du Haut Conseil pour la Mer (HCM), en septembre 2015. A cet effet, il a énuméré les textes juridiques que le gouvernement a fait adopter par l’Assemblée nationale. Il s’agit, en l’occurrence du « nouveau code pénal » (qui prend en compte les nouvelles menaces contre le secteur maritime, de « la loi relative à la lutte contre la piraterie et autres actes illicites et l’exercice par l’Etat de ses pouvoirs de police en mer ». Le chef du gouvernement a cité également la « loi relative à la délimitation des espaces maritimes sous juridiction nationale » et le « code de la marine marchande » (actuellement à l’étude au niveau de l’hémicycle, ainsi que six autres textes de ratification relatifs à la mer, en plus d’un certain nombre de décrets d’application récemment adoptés.
« Avec cet arsenal juridique rénové et étoffé, notre pays est, d’une part, en phase avec les conventions internationales qui réglementent le secteur de la mer, et, d’autre part, demeure bien outillé pour améliorer sa gouvernance maritime », a déclaré le Premier ministre. Il a fait ensuite observer que « la piraterie maritime est une menace complexe, difficile à définir, à appréhender et à contrecarrer dans ses différentes méthodes opératoires ». Pour illustrer ces propos, M. Klassou a évoqué le rapport 2014 du Bureau Maritime International (BIM), qui note un déplacement observé des actes de la piraterie maritime du Golfe d’Aden vers le Golfe de Guinée.
« Face à cette triste réalité, comment donc mieux contrôler l’espace maritime, sécuriser nos côtes et lutter efficacement contre tous les actes illicites », s’est-il interrogé. Dans ce sens, il a plaidé pour une réaction ferme vis-à-vis de ces actes, en s’appuyant sur la « Stratégie nationale pour la mer et le littoral » dont le Togo a jugé utile de se doter. « Il s’agit de faire de l’espace maritime togolais la plateforme économique stratégique sécurisée et plus singulièrement du Port Autonome de Lomé (PAL), le hub transportuaire de l’Afrique de l’Ouest », a projeté le Premier ministre.
La délégation de l’Organisation du secteur Informel (DOSI), un partenaire stratégique est présente à cette concertation nationale pour apporter sa contribution à la sécurité maritime axée sur la zone du Lac Togo.
A noter que la conférence maritime 2016 a lieu en prélude à la prochaine réunion du HCM annoncée pour le troisième trimestre de l’année et au sommet de l’Union Africaine (UA) sur la sécurité maritime que le Togo prépare activement.
Martial Kokou KATAKA
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