Les luttes traditionnelles Evala, édition 2024 en pays kabyè, démarrées le 13 juillet, ont pris fin, samedi 20 juillet 2024, avec les finales dans les cantons de Tcharè, Soumdina et Lassa. La veille, les confrontations finales avaient été enregistrées dans quatre cantons à savoir : Kouméa, Landa, Lama et Djamdè. Comme depuis le début, le chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé, a été témoin dans toutes ces arènes des démonstrations de force, d’agilité, de courage, d’endurance et de l’esprit de fair-play. Manifestant ainsi son soutien à l’expression culturelle et à la préservation des traditions dans le pays. Le peuple kabyè, qui adhère à cette vision du terroir et d’ailleurs, s’est encore une fois mobilisé, pour faire de ces retrouvailles annuelles un succès historique dans la convivialité et la bonne ambiance. Partout, la mobilisation était à la hauteur de cette envie et le spectacle sur un air de liesse populaire.
Le président Faure Gnassingbé suit avec attention les prestations des lutteurs
Les rideaux sont tombés, samedi 20 juillet 2024, sur les luttes traditionnelles Evala 2024 en pays kabyè qui sont ainsi classées définitivement dans l’histoire. Après la série de finales dans les cantons de Kouméa, Landa, Lama et Djamdè, vendredi et la boucle, samedi, par les finales à Tcharè, Soumdina et Lassa. Dans tous ces cantons, ces « combats fraternels » ont été suivis de bout en bout par le chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé. Il avait à ses côtés, le Premier ministre, Victoire Tomégah-Dogbé, le président de l’Assemblée nationale, Kodjo Adédzé, des présidents des institutions de la République, des membres du gouvernement, des chefs traditionnels représentatifs de tout le pays, ainsi qu’un parterre d’invités de marque.
L’ambiance autour des arènes était entretenue par des supporters et encadreurs qui chantaient et dansaient, pour vanter et encourager les lutteurs, mais aussi témoigner leur reconnaissance au chef de l’Etat pour sa politique de valorisation des us et coutumes. De nombreux touristes n’ont pas voulu se faire conter l’événement. Témoins des manifestations dans toutes les arènes, ils n’ont pas du tout boudé leur plaisir, tant les empoignades étaient d’une technicité admirable et ont livré les verdicts suivants dans les dernières confrontations.
Une lutte technique et physique
Samedi, sur le terrain de l’EPP Ahodo, les lutteurs de Lassa bas (en rouge) ont remporté la partie avec 19 victoires contre 13 pour Lassa haut, en blanc. Par contre, les cadets de Lassa bas n’ont pas emboité les pas de leurs aînés. Ils se sont fait battre par leurs congénères de Lassa haut par 12 victoires contre 9. Avant Lassa, la finale du canton de Soumdina qui a eu pour cadre le terrain de l’école officielle de Sétidè a tourné à l’avantage des Evala de Soumdina bas (en blanc) qui ont terrassé 20 fois contre 16 pour les hommes de haut, en rouge. La même dynamique gagnante est maintenue par les petits frères où Soumdina bas a dominé le haut par 14 victoires contre 12. Plus tôt dans la matinée, sur le terrain de l’USP de Tcharè, les forgerons de Wyamdè ont été méconnaissables dans le duel cantonal qui les opposait à leurs homologues du village de Tcharè, qui se sont imposés par 13 victoires contre 7 chez les Evala. Côté Ahoza, les rouges de Tcharè vont maintenir la tendance, en gagnant par 14 points contre 9 pour les blancs de Wyamdè.
Quatre finales toutes aussi alléchantes la veille
La veille, sur le terrain du Lycée de Kouméa, la coalition Keweye, regroupant Karè, Sondè, Lohou, Mandela et Sèdina, a dominé celle de Piyou, composée de Laouda, Fèouda, Piyo, Houdè, Kpatayou, Tchoïda et Namdina, par 35 victoires contre 24 chez les Evala. En revanche, elle a été battue au niveau des Ahoza par 12 contre 8.
A Landa, sur le terrain du centre artisanal féminin, la coalition Kassi-Déwa-Landa a gagné celle de Kadja-Houloung-Kpagalo par 18 points contre 14 chez les Evala. Les blancs de Kadja ont toujours mordu la poussière côté Ahoza par 20 défaites contre 14. Sur le terrain du Lycée de Lama, Lama bas en rouge, a été impuissant devant Lama haut en blanc, qui a remporté la finale par 30 victoires contre 23. La confrontation entre Djamdè haut et Djamdè bas s’est déroulée sur le terrain du CEG de la localité. Aux termes d’âpres explications, c’est Djamdè haut qui a su tirer son épingle du jeu avec une victoire serrée de 12 points contre 11 pour Djamdè bas au niveau des Evala. Chez les jeunes Ahoza, la victoire n’a pas changé de camp et les cadets de Djamdè haut ont été meilleurs face à leurs homologues du bas, battus par 14 victoires contre 9.
Partout, les lutteurs ont su démontrer aux yeux du public leur potentiel physique, technique et moral, en se défendant avec bravoure et témérité, mais surtout avec beaucoup de courage et de fair-play. Car au-delà d’être un sport, les luttes traditionnelles représentent pour le jeune Kabyè une école d’initiation dans l’échelle sociale.
Pour développer son schème transcendantal
Fête initiatique et véritable trait d’union intergénérationnel, Evala est une superbe école pour le jeune Kabyè, où les valeurs identitaires physiques et morales lui sont inculquées pour développer son schème transcendantal, avant son intégration dans la classe des adultes. Fête annuelle de la force physique, de la ruse et de l’endurance, les luttes traditionnelles en pays kabyè constituent l’une des plus grandes manifestations initiatiques spectaculaires et saisissantes des jeunes garçons au Togo. Cette année encore, des centaines de jeunes hommes se sont réunis sur les places publiques dédiées pour éprouver leur force, leur agilité et leurs techniques. Loin d’être une guerre, c’est plutôt un fraternel combat psychologique. Dans la mesure où, c’est à travers ces manifestations que les jeunes initiés de la même génération se découvrent, mesurent leur capacité physique de futurs défenseurs de la cité, en cas d’agression. Cette initiation du jeune kabyè à l’âge de 18 ans lui ouvre la marche des escaliers hiérarchiques de la société kabyè. C’est cette entrée qui lui attribue le nom de « nouvel homme » que signifie « Evalou », singulier de « Evala » et lui donne le droit, entre autres, de consulter pour rechercher les causes d’un malheur dans la famille, de donner l’eau viatique à un défunt, de prendre les armes pour défendre la communauté en danger, de se marier pour fonder un foyer.
Faustin LAGBAI
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