Santé Universelle

Reconquérir le destin de l’Afrique grâce à l’innovation dans les soins de santé et au capital humain

Une vue du Centre Médical Africain d’Excellence à Abuja
Reconquérir le destin de l’Afrique grâce à l’innovation dans les soins de santé et au capital humain

« Reprendre le destin de l’Afrique ». C’est le thème d’une table ronde captivante tenue lors des Assemblées générales annuelles d’Afreximbank, qui se sont déroulées, à Abuja, au Nigéria.

 Cette session, qui a mis en lumière les liens entre santé, commerce et développement sur le continent, a réuni des leaders à l’origine d’un impact transformateur dans leurs domaines respectifs. Il s’agit de M. Brian Deaver, PDG de l’African Medical Centre of Excellence (AMCE), Oluranti Doherty, directeur général du développement des exportations chez Afreximbank, et le professeur Ghulam Mufti, professeur d’hémato-oncologie et figure de proue de l’hématologie et de l’oncologie au King’s College de Londres.

Axée sur la transformation structurelle de l’économie africaine, la discussion a exploré comment l’investissement dans la santé et les talents peut accélérer la transition du continent vers une croissance durable et indépendante. Le récent lancement du Centre Médical Africain d’Excellence (AMCE) à Abuja, officiellement inauguré le 5 juin 2025, après des années de planification et de partenariat, en est un exemple marquant. Cet hôpital est une initiative phare de la vision d’Afreximbank en matière d’infrastructures propices à l’exportation et une intervention essentielle pour inverser la dépendance de l’Afrique au tourisme médical émetteur.

Brian Deaver, directeur de l’AMCE, a expliqué comment l’établissement est conçu pour offrir des soins de classe mondiale tout en renforçant les capacités locales. « Cet hôpital ne se limite pas à la prestation de soins, il est aussi dédié à l’enseignement, à la formation, à la recherche et au développement des compétences », a-t-il déclaré. Axé sur les maladies non transmissibles comme le cancer et les maladies cardiovasculaires, l’AMCE vise à offrir des services complets souvent indisponibles ou inaccessibles aux patients africains sur le continent. « Nous souhaitons apporter au Nigéria les soins de qualité offerts aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Inde », a ajouté M. Deaver. « Il n’y a aucune raison pour que les patients africains aient à parcourir des milliers de kilomètres pour se faire soigner. »

L’Afrique mérite les soins de santé de qualité

Oluranti Doherty, d’Afreximbank, a souligné qu’AMCE illustre le mandat plus large de l’institution, qui vise à soutenir le commerce intra-africain et la préservation de la valeur. « Le développement des exportations ne concerne pas seulement les biens », a-t-elle déclaré. « Il concerne également les services, et la santé est l’un des services les moins exportés en Afrique. » Elle a indiqué que l’investissement de la banque dans AMCE reflète une stratégie délibérée visant à approfondir l’économie des services en Afrique tout en préservant la vie et la productivité de ses populations. « Nous ne pouvons pas envisager de reconquérir le destin de l’Afrique sans d’abord nous assurer que sa population est en assez bonne santé pour le poursuivre », a-t-elle déclaré.

Le professeur Ghulam Mufti, pour sa part, a souligné l’importance de l’excellence clinique et de la recherche. Ayant formé et encadré une génération d’hématologues à travers le monde, il a parlé avec passion du transfert de connaissances. « Nous ne sommes pas ici pour imposer nos valeurs, nous sommes ici pour apprendre et collaborer », a-t-il déclaré. Son engagement auprès de l’AMCE n’est pas seulement académique, mais profondément personnel, animé par une conviction profonde : les Africains méritent des soins à la fois de pointe et culturellement ancrés.

Les jeunes médecins invités à maintenir l’excellence en Afrique

Ensemble, les intervenants ont souligné l’importance stratégique des infrastructures de santé, non seulement en tant que bien public, mais aussi en tant que moteur économique. Alors que 40 % des dépenses annuelles de santé du Nigéria sont actuellement consacrées aux traitements à l’étranger, le potentiel de réaffectation de ces capitaux au niveau local est immense. Au-delà des aspects économiques, la discussion est revenue sur une conviction commune quant à la dignité et à la capacité des professionnels africains à bâtir et à maintenir l’excellence sur leur territoire.

Deaver a conclu par un appel à l’action. « Nous devons mettre un terme à la fuite des cerveaux, et donner aux jeunes médecins, chercheurs et infirmiers les moyens de croire qu’ils peuvent mener une carrière épanouissante ici, en Afrique », a-t-il déclaré. « L’AMCE est une pièce du puzzle, mais il en faut bien d’autres. »

Alors que l’Afrique réinvente son avenir, des initiatives comme l’AMCE représentent plus que de simples infrastructures : elles témoignent d’une volonté. Celle de retenir les talents, d’offrir des soins dignes et de passer du déficit à la fatalité. Comme l’a clairement démontré ce panel, la capacité du continent à reprendre ce destin en main repose sur la santé de ses populations et sur le courage d’investir dans ses propres solutions.

Mousouloumi BOUKARI

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