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Prise de la pierre sacrée « Kpessosso » 362e édition : La pierre de couleur blanc sale appelle à l’union, au pardon et à la réconciliation

Prise de la pierre sacrée « Kpessosso » 362e édition : La pierre de couleur blanc sale appelle à l’union, au pardon et à la réconciliation

Après 13 lunes, le peuple Guin, dans sa diversité, s’est retrouvé, le jeudi 18 septembre 2025 à Avé Gbatso, un lieu mystique, pour la prise de la pierre sacrée « Kpessosso », qui marque l’apothéose de leur fête traditionnelle « Epé-Ekpé », la 362e édition. Cette année, la pierre de couleur blanc sale appelle à l’union, au pardon et à la réconciliation. L’éclat de ces festivités a été rehaussé par la présence du ministre des Droits de l’Homme, de la Formation à la Citoyenneté, des Relations avec les Institutions de la République, Pâcome Adjourouvi, représentant le Président du Conseil. Il avait à ses côtés d’autres membres du gouvernement, des présidents d’institutions de la République et diverses autres personnalités.

Loge officielle lors de la cérémonie.

La ville d’Aného, dans la préfecture des Lacs, a connu une liesse populaire, jeudi. Les filles et fils Guin de cette localité se sont retrouvés à Glidji-Kpodji, sanctuaire des divinités, pour commémorer en apothéose, la 362e édition de leur fête traditionnelle « Epé-Ekpé ». Comme chaque année, les festivités ont été marquées par la procession des adeptes des 41 divinités du panthéon guin, la libation aux mânes des ancêtres, entrecoupées de chants et danses rituels. Le temps fort de cette célébration a été la prise de la pierre sacrée « Kpessosso », un rituel de communion entre les vivants, les ancêtres et les divinités. La couleur de la pierre révèle un message aux vivants. Blanc sale, cette année, elle interdit à tous de se prévaloir de ce qui ne nous appartient pas. Elle recommande d’éviter de chercher les femmes d’autrui, invite à l’union et à la solidarité. Le Togo, selon les oracles, ne connaîtra pas la guerre, ni la famine. Aux jeunes femmes et filles, il est recommandé d’éviter les avortements provoqués, et aux malfaiteurs, de cesser de faire du mal. La pierre recommande aux filles et fils Guin de faire des immolations aux sièges ancestraux.

Un jour idéal pour les Gê de souche et de cœur

Au nom du gouvernement, le ministre des Droits de l’Homme, de la Formation à la Citoyenneté et des Relations avec les Institutions de la République, Pâcome Adjourouvi, a rendu hommage à tous les fils et filles Guin qui, chaque année, se mobilisent pour perpétuer cette tradition vivante, ancrée dans l’histoire, la fierté et la dignité du peuple togolais. « L’ignorance de l’histoire de son peuple est une forme de servitude, une perte d’identité », a-t-il indiqué. Selon lui, ce jour est un jour idéal pour les Guin de souche et de cœur du Togo et de la diaspora, une opportunité de renouer avec la tradition dont ils ont hérité de leurs parents, et à laquelle ils sont profondément attachés, depuis 362 ans. Ce moment est une tradition de longue date, une promesse tenue par les Guin aux ancêtres d’être fidèles à leur engagement, en célébrant Epé-Ekpé qui marque le début d’une nouvelle année, renouvelle les alliances avec des divinités. Ce jour rappelle aux filles et fils Gê leur origine historique qui remonte au 17e siècle au Ghana, où leurs ancêtres ont connu l’exode, en emportant les attributs royaux, ainsi que la pierre sacrée qui illuminait leur âme et leur apportait la sagesse et la paix.

Par ailleurs, le ministre a souligné que cette heureuse occasion de la fête identitaire constitue un cadre approprié pour les natifs Guin de réfléchir sur les voies et moyens pouvant conduire au développement de leur préfecture. « La culture est source de richesses et d’emplois. Nous devons la valoriser et la promouvoir, pour le bien-être de nos populations. Ceci est possible à travers les communes, qui doivent initier des projets culturels et drainer des fonds pour leur réalisation », a-t-il laissé entendre.

Le peuple Guin soutient la Ve République

Au nom du peuple Guin, et avec la bienveillance de son Altesse Asafo Atsè Kangni Folly-Bébé, prince régent du trône royal Gê à Glidji, M. Patrice Ayayi Ayivi, président du comité d’organisation de Epé-Ekpé 2025, a remercié le Président du Conseil qui ne cesse d’apporter son soutien à la valorisation des traditions, des us et coutumes. « Le peuple Guin, Mina et alliés profitent de cette opportunité, pour lui apporter son soutien dans la quête d’un Togo de paix, d’unité et de justice sociale. Nous sommes dans la Ve République que nous souhaitons inclusive pour tout le Togo », a-t-il déclaré. Epé-Ekpé, dit-il, est une fête inédite et unique en son genre, tant au niveau de son âge (Plus de 3 siècles), de sa durée : elle démarre du mois d’août, avec la cérémonie de « Si tutu de Na Bosro Mafli », et finit au mois de décembre, avec « Vodu Djapu », c’est-à-dire le retour des divinités à la mer. Egalement de sa richesse et son inclusivité, à l’image de la division du travail, où chaque divinité joue sa partition dans le temps et dans l’espace. Sans oublier ses spécificités marquées par l’utilisation du calendrier lunaire, faisant qu’elle n’a pas de date fixe. Mais, elle se déroule, généralement entre août et septembre. La prise de la pierre se passe toujours un jeudi après-midi et le lieu de la cérémonie est inamovible. Cela se termine toujours par un message au peuple pour la jouissance d’une bonne année.

Komla GOKATSE

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