Election Présidentielle

Organisation consensuelle des présidentielles de 2020 : L’appel du Gouvernement rencontre la réticence de certains leaders de l’opposition

les ministres au cours des échanges
Organisation consensuelle des présidentielles de 2020 : L’appel du Gouvernement rencontre la réticence de certains leaders de l’opposition

Dans le cadre des préparatifs des prochaines élections présidentielles   au Togo, le Gouvernement a initié une rencontre d’échange mardi 19 novembre 2019, avec les leaders des partis politiques. L’objectif était de faire l’état des lieux de l’organisation de cette élection et d’informer les partenaires politiques des dispositions que prennent les institutions impliquées pour sa préparation. Tous les partis invités ont répondu présents à cette réunion. Mais dès l’ouverture des échanges, l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) de Jean-Pierre Fabre, la C14 de Mme Kafui Adjamagbo-Johnson et le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) de Me Yaovi Agboyibor se sont retirés du huis clos en exigeant des préalables.  

La rencontre d’échange avec les leaders des partis politiques  a été animée par le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, M. Payadowa Boukpessi assisté de ses collègues Eninan Massia Christian Trimua, chargé des Relations avec les Institutions de la République et Pius Agbétomey de la Justice. Cette rencontre visait à partager avec les  partenaires politiques toutes les informations sur la préparation du scrutin présidentiel de 2020. L’idée étant de parvenir à la mise en place d’un comité de suivi. En effet, le gouvernement et les autres institutions impliquées dans le processus électoral ont entamé les activités propres à la préparation de cette élection dans les délais impartis, afin d’être prêts pour la tenue de ce scrutin, dont le calendrier a été rappelé à l’intention de tous les acteurs, il y a quelques semaines, par la Cour constitutionnelle. A rappeler que  la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) ainsi que le ministère de la Sécurité ont fait le point, chacun à son niveau, de l’état d’avancement des travaux préparatoires aux représentants des partis politiques.

Mais juste après l’entame des échanges mardis, les représentants de l’ANC, du CAR et de la C14 se sont retirés,  arguant  que le gouvernement n’a pas pris en compte les préalables qu’ils avaient posés avant la réunion.

Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson de la C14 trouve que « ce dont on a parlé, ne nous intéresse pas, c’est-à-dire qu’on a compris qu’on ne nous donne aucune opportunité, si nous restons, d’influencer le processus électoral, de poser les problèmes que nous avons, dans le souci de contribuer à un scrutin qui soit apaisé et, dont le résultat soit accepté par tous. Nous ne voulons rien bloquer…Nous, nous sommes intéressés par des discussions de fond, ce qui doit être fait de manière consensuelle. Ensuite, nous ferons le suivi de ce que nous aurons arrêté ensemble ».

  1. Fabre Jean-Pierre de l’ANC partage la même position. Selon lui, « ce qu’on aurait souhaité entendre c’est la prise en compte des préoccupations des partis politiques et non nous faire écouter les exposés de la CENI, de la HAAC et des services de sécurité. Cela n’ira pas dans le cadre de l’amélioration du cadre électoral. Nos préoccupations concernent le fichier électoral, la composition de la CENI et de la Cour constitutionnelle. En ce qui concerne la Cour constitutionnelle, nous disons que pour le moment, sa composition actuelle viole la Constitution, telle que révisée le 8 mai 2019. On ne fait pas des élections pour respecter la loi, mais pour que tout le monde parte à égalité de chance. Par ce retrait, nous voulons donner un signal pour qu’on prenne du recul et qu’on ne recommence pas comme par le passé», a-t-il fait savoir.

L’initiative pourtant saluée par plusieurs acteurs politiques

Pour le secrétaire exécutif de l’Union pour la République (UNIR), Atcholé Aklesso « nous avons eu droit à des discussions fructueuses, qui nous rassurent au niveau de notre parti que les organes chargés de l’organisation de la présidentielle ont avancé suffisamment dans leur travail(…) et que nous serons dans les délais pour tenir cette élection ». De l’avis de M. Atcholé, les textes doivent être respectés. « Ces textes n’ont pas connu de modification, à ce que je sache. Je ne comprends pas qu’à la veille des élections, on puisse poser ce genre de problèmes. Tout le monde sait aussi dans quelles conditions, ces textes peuvent être revus », a-t-il indiqué.

Abass Kaboua du Mouvement des Républicains Centristes (MRC) a pour sa part précisé que  « nous sommes des politiques et non des techniciens. Nous apportons peut-être, de temps en temps, des amendements ou propositions. Le gouvernement sait où il va, puisque c’est consigné dans les lois votées par l’Assemblée nationale… Selon lui, cette réunion d’échanges «  n’avait rien d’une imposition. » « Nous ne sommes pas venus à une réunion de préalables, mais à une réunion d’information. Si sur plus de 30 partis politiques, trois se barrent, je ne pense pas que ça puisse créer de problèmes. Donc, nous avons été édifiés sur les activités de la CENI qui est actuellement à l’étape de la formation des Opérateurs de saisie. Lorsqu’ils auront terminé, ils vont installer les Commissions de Listes et Cartes (CLC) et tout ce qui concerne les élections. La CENI nous a également éclairés sur la création désormais de 46 Commissions Electorales Locales Indépendantes (CELI) au lieu de 38 précédemment, puis sur la création de 6 Commissions Electorales d’Ambassade Indépendantes (CEAI). Elle nous a aussi expliqué pourquoi la création de six CEAI seulement, alors que le Togo dispose de 21 ambassades à l’extérieur. Donc, il fallait attendre pour écouter et poser des questions d’éclaircissement. Ils ont tenté de lever nos inquiétudes. Nous avons aussi parlé du budget de la CENI qui, depuis quelques années, fonctionne sur fonds propres, de l’aspect sécuritaire, du vote par anticipation des forces de défense et de sécurité, de la transmission des résultats, etc. Un certain nombre de partis ont pris sur eux, comme moi de faire, par écrit, des propositions, tout en sachant qu’à six mois d’une élection, dans l’espace CEDEAO, à moins que vous ne vous entendiez de façon consensuelle, on ne peut plus toucher au Code électoral, ni créer de nouvelles lois ou règles. Je veux terminer, en disant que nous tous, dans ce pays, nous devons pouvoir apprendre à nous contrôler et respecter, parce que ce qui se passe devient du sérieux », a ajouté M. Abass Kaboua.

Agbéyomé Kodjo du Mouvement Patriotique pour la Démocratie et le Développement (MPDD) a, de son côté, apprécié l’initiative de cette réunion d’échange, mais demande un vrai dialogue structuré pour régler les dysfonctionnements. « Je pense qu’on devra aller à un vrai dialogue structuré de 48 heures pour nous entendre sur un certain nombre de choses. Vous savez qu’il y a un certain nombre de leaders de partis politiques qui, à l’entame de la réunion, ont déserté. Je pense que si la bonne volonté existe, on arrivera à un consensus. Le ministre et ses collaborateurs ont fait le point sur le processus. Nous, nous avons un certain nombre de préalables, mais nous n’avons pas voulu quitter la salle. Nous avons dit ce que nous voulons et qui peut être bon pour des élections libres, transparentes et apaisées. Si, c’est pour venir écouter l’évolution de l’organisation sans avoir la capacité d’infléchir sur les dysfonctionnements, quelle conclusion vous voulez que je tire ? Il faut faire des efforts pour que tout le monde vienne avec enthousiasme et que le peuple s’engage avec détermination », a-t-il déclaré.

La deuxième rencontre est prévue le mois prochain.

Blandine TAGBA-ABAKI

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