Un séminaire de formation sous régional à l’intention de jeunes travailleuses issues des organisations syndicales sur la campagne pour l’égalité s’est ouvert, ce mardi 28 novembre 2017, à Lomé, sous le thème «Quelles stratégies en faveur de l’égalité dans le monde du travail». Il est organisé par l’Internationale des Services Publics (ISP), en collaboration avec le Bureau régional pour l’Afrique et les pays arabes et veut renforcer les capacités de ces femmes pour une meilleure participation à l’élaboration des politiques syndicales en faveur de la parité. La finalité est l’éradication des inégalités sur les lieux de travail.
L’atelier sous régional ouvert, hier, à Lomé, regroupe des jeunes travailleuses des syndicats affiliés à l’Internationale des Services Publics (ISP) du Burkina Faso, du Cameroun, du Mali, du Sénégal, du Tchad et du Togo. Il intervient dans le cadre de la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et entend outiller les femmes travailleuses pour plus de leadership dans le monde du travail et, à terme, pour y faire régner la parité.
En effet, l’égalité de genre est un droit humain fondamental que l’ISP s’active à promouvoir sur le lieu de travail, au sein des syndicats et, de façon plus générale, dans le contexte politique, économique, social et culturel. Mais, elle s’est rendu compte que malgré la participation accrue des femmes dans tous les secteurs de l’activité économique, malgré leur rôle majeur dans les mouvements politiques et sociaux à travers le monde entier, la discrimination à l’égard des femmes sévit toujours. Une discrimination qui s’exprime, à travers le harcèlement, l’abus, la violence, le chômage, les salaires précaires, etc, constituant un frein à l’émancipation des femmes. A cet effet, même dans le secteur public, à savoir le plus grand employeur mondial de femmes dans l’économie formelle, les femmes occupent principalement des postes à bas salaires. Ce sont ces enjeux qui justifient la tenue de ce séminaire à Lomé. Cette rencontre permettra donc aux participantes d’avoir une meilleure compréhension du concept d’égalité de genre et de la politique de l’ISP, de connaître le fonctionnement des comités des femmes et leur rôle en faveur de l’égalité dans les organisations syndicales. Elle est aussi une occasion d’identifier les stratégies permettant d’influencer les politiques syndicales et nationales en faveur de l’égalité de genre, d’élaborer un plan de campagne pour l’égalité de genre dans les pays. Cette rencontre veut également faire des alliances avec des structures de la société civile qui luttent pour l’égalité de genre et la parité 50/50 et participer activement à la mise en œuvre des politiques nationales pour l’égalité de genre et la parité.
La place des femmes dans le monde du travail, un enjeu primordial
Ouvrant les travaux, au nom de la ministre de l’Action sociale, de la Promotion de la femme et de l’Alphabétisation, le secrétaire général, M. Stanislas Biléba, a reconnu qu’aujourd’hui, la place des femmes dans le monde du travail est un enjeu primordial, puisque c’est par le travail que les femmes gagnent leur autonomie financière, un des piliers de l’égalité. Aussi, la place des femmes dans le monde du travail constitue-t-elle un enjeu primordial pour la réalisation de l’agenda international de développement contenu dans l’objectif 5 de développement durable qui stipule de «garantir l’égalité d’accès des femmes et des filles à l’éducation, aux soins de santé, à un travail décent et à la représentation dans les processus de prise de décisions politiques et économiques». Dans la même logique, l’agenda 2063 de l’UA relève la nécessité d’un développement axé sur les populations et l’égalité entre les hommes et les femmes. Fort de ces considérations, M. Bileba a exhorté l’ISP à continuer ses efforts en soutien aux politiques des Etats pour parvenir à l’éradication complète des disparités de genre dans le monde du travail. Il a émis le vœu que les travaux de ce séminaire débouchent sur la promotion des compétences et le processus pour le leadership participatif et qu’ils permettent aussi à chacun et à chacune d’apporter sa pierre à l’édification d’un monde de travail débarrassé de toute forme de discrimination.
A l’occasion, Mmes Lawson Nadou, secrétaire fédérale des affiliés de l’ISP au Togo, Elisabeth Bikim, présidente du comité des femmes de la sous région francophone et Charlotte Kalanbani, secrétaire sous régionale de l’ISP pour l’Afrique francophone, ont mis l’accent sur la relève dans les organisations syndicales. En ce sens que l’intérêt de ce séminaire est d’amener les jeunes travailleuses, qui sont en train de prendre la relève, à s’imprégner du concept de genre et d’égalité, à cultiver le leadership, en faisant fi de leur timidité et autres obstacles et à amener autant de femmes à émerger sur le plan syndical, ainsi que dans la société. «Nous sommes des êtres humains, on ne peut pas vivre, en laissant une partie de cette humanité brimer nos droits. Ce n’est qu’avec nos droits et obligations que nous pouvons participer en tant que femmes aux côtés des hommes pour bâtir nos pays», a laissé entendre Mme Lawson. Car, «c’est nous-mêmes qui allons nous lever comme une seule femme, aller vers les hommes pour leur montrer que nous avons une personnalité à faire valoir et que nous sommes des êtres capables de faire ce qu’ils peuvent faire en tant qu’hommes», a renchéri Mme Bikim.
Auparavant, le secrétaire régional de l’ISP, M. Sani Baba Mohamed, avait insisté sur l’apprentissage d’autres langues internationales comme l’anglais, dont la méconnaissance par la plupart des femmes constitue un frein à leur évolution et épanouissement.
A noter que l’Internationale des Services Publics (ISP), une organisation non gouvernementale indépendante, est une fédération syndicale internationale qui regroupe 650 syndicats affiliés dans 148 pays. Elle représente 20 millions de femmes et d’hommes qui fournissent des services publics dans le monde entier. Elle défend les droits humains et la justice sociale et promeut l’accès universel à des services publics de qualité. L’ISP travaille avec les Nations Unies.
Blandine TAGBA-ABAKI
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