Un déjeuner de presse a réuni, le mardi 25 Juin 2024 à l’Hôtel 2 Février à Lomé, une quinzaine de journalistes publics et privés, spécialistes des questions économiques et financières, à l’initiative du Dépositaire Central/Banque de Règlement (DC/BR) de l’UEMOA. Une occasion pour les premiers responsables de cette institution financière, qui est un pilier essentiel dans le fonctionnement de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM), de lever le voile sur ses activités et de mieux se faire connaître de tous les acteurs financiers. L’objectif est de renforcer son positionnement et sa visibilité dans l’écosystème du marché financier régional. La rencontre a été animée par le directeur général du (DC/BR), M. Birahim Diouf.
Les journalistes attentifs aux explications.
La Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) et le Dépositaire Central / Banque de Règlement (DC/BR) constituent, depuis le 16 septembre 1996, date du démarrage effectif de leurs activités, un tandem solide du marché financier régional de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA). En général, l’on sait qu’à la BRVM, on parle de vente et/ou achat des actions, des obligations et autres titres financiers. Alors que les activités de son binôme, le DC/BR, sont plus ou moins méconnues, sauf pour les initiés du marché de la finance.
Pour mieux se faire découvrir, le directeur général du Dépositaire Central/Banque de Règlement (DC/BR), M. Birahim Diouf, a convié des journalistes du public et privé du Togo à un déjeuner de presse. Dans sa présentation, M. Diouf a indiqué que le Dépositaire Central /Banque de Règlement, créé le 18 décembre 1996, est une institution financière spécialisée de l’Union Economique et Monétaire Ouest- Africaine (UEMOA) constituée sous forme de Société Anonyme privée et chargée d’une mission de service public communautaire. Le DC/BR est l’un des organes centraux du marché financier régional de l’UEMOA et est commun aux huit Etats membres : Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo. M. Diouf a précisé également que le dépositaire est l’une des institutions clés du marché financier régional, car il conserve l’ensemble des titres émis (actions et obligations émises par syndication). Il travaille à atteindre les objectifs tels que : « réduire les risques et améliorer l’efficacité du marché des valeurs mobilières », « assurer la conservation, la circulation, la compensation et un règlement efficace sur le marché financier régional ».
Les missions du DC/BR
En termes de mission, le directeur général, M. Birahim Diouf, a fait savoir que le Dépositaire Central/Banque de Règlement est chargé de la conservation et de la circulation des valeurs mobilières dématérialisées, aussi bien pour le compte des émetteurs que pour celui des intermédiaires. Il fait office de Banque de Règlement et peut détenir des encaisses des négociateurs. En sa qualité de structure centrale du Marché Financier Régional (MFR), le DC/BR assure également d’autres missions à savoir : « La codification des valeurs mobilières à titre exclusif, pour la zone UEMOA » ; « la centralisation de la conservation des compte-titres pour ses adhérents » ; « le dénouement des opérations de bourse » ; « le règlement des soldes résultant des compensations des opérations de marché et le paiement des produits (intérêts, dividendes, etc.) » ; « la gestion des opérations sur titres (transferts de titres, nantissement de titres, mise en pension, mainlevées de titres…) » et « la gestion du Fonds de Garantie du Marché ».
En sa qualité d’infrastructure clé du marché financier régional conforme aux standards internationaux, le DC/BR dispose de divers services au profit des clients. Il centralise la conservation et assure la circulation scripturale des valeurs mobilières pour le compte de ses adhérents, afin de simplifier la circulation et l’administration des titres. A cet effet, il ouvre des comptes courants aux émetteurs et aux intermédiaires habilités à détenir des valeurs mobilières, enregistre les mouvements initiés par les adhérents et procède, à son initiative sur la base des informations reçues à la suite de la séance de Bourse, aux virements des titres consécutifs aux achats/ventes de titres et à certains évènements sur les valeurs. Concernant les titres détenus par les investisseurs étrangers à la suite d’opérations réalisées sur le Marché Financier, le DC/BR peut être également dépositaire des titres, dans le cadre d’accords bilatéraux signés avec des organismes dépositaires ou de compensation étrangers ou internationaux.
« La santé du marché financier régional est rassurante»
En ce qui concerne les résultats, M. Birahim Diouf a indiqué que sur la récente évolution du DC/BR, l’institution a terminé l’année 2023 avec une bonne progression de ses activités. Il a distribué 1.929 milliards de FCFA, contre 1.497 milliards de FCFA en 2022, pour le paiement des dividendes, des intérêts et le remboursement du capital des obligations, en progression de 28,83%. « La santé du marché financier régional est rassurante et se porte très bien, parce que lorsqu’on regarde les statistiques et la courbe de progression, elle a accru de plus de 28 % en 2023, avec près de 19.140 milliards de FCFA, en terme d’émissions. S’il y a une progression, cela veut dire que les émetteurs continuent d’émettre. Donc, il y a un effet positif. En termes de payement de dividendes, nous avons assez de volumes intéressants. D’un point de vue comportement et stabilité, nous n’avons pas encore eu de cas critique où le marché est en difficulté. Au vu de tous ces éléments positifs, le marché et la structure centrale se portent bien », a-t-il indiqué.
Fort de ses résultats, le directeur général du DC/BR a exhorté les investisseurs et même les citoyens lambda à investir. « Je rappelle que le marché financier sous-régional se porte très bien. Pour les investisseurs à long terme, ce marché est le lieu où il faut investir, parce qu’il s’agit d’investissements à long terme et non d’investissements spéculatifs. Donc, j’invite tout le monde à investir et, s’il y en a qui l’ont déjà fait, je les encourage à faire davantage. Cependant, je suggère qu’il faut au préalable s’informer suffisamment, à travers des canaux d’information dédiés ou auprès des Sociétés Générales d’Intermédiation (SGI) présentes dans chaque pays. Je dis cela parce que quand il faut investir, il faut se rassurer et notre rôle c’est d’assurer tous les acteurs déjà présents sur le marché et les potentiels investisseurs ».
La vision de faire du DC/BR une infrastructure de marché de classe mondiale
Selon le DG Birahim Diouf, cette rencontre « est une prise de contact » qui est la suite d’une série initiée dans la région pour rencontrer les professionnels de la presse pour mieux faire découvrir le DC/BR, qui joue un rôle important dans le marché financier régional. « C’est donc une occasion d’échanger avec la presse du Togo pour l’informer de ce que nous faisons. Cette initiative participe à une stratégie de communication menée, depuis 2022, pour renforcer son positionnement et sa visibilité dans l’écosystème du marché financier régional. Elle permet également de toucher tous les acteurs, surtout les petits clients de ce marché pour être au fait de ce que nous faisons et ce que nous pouvons apporter à ce marché », a-t-il justifié.
Il a précisé que le Dépositaire Central/Banque de Règlement de l’UEMOA s’inscrit dans une nouvelle vision 2021-2025 consistant à « Faire du DC/BR une infrastructure de marché de classe mondiale pour la gestion des titres et le dénouement des transactions ». Pour ce faire, M. Birahim Diouf a présenté deux projets majeurs inscrits dans son Plan d’Affaires 2021-2025. Le premier projet, « l’inscription en compte au niveau client », vise à aligner le Marché Financier Régional (MFR) aux meilleures pratiques internationales, en termes de transparence, de gestion des risques et de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, tout en favorisant l’innovation. « Ce projet d’inscription en compte des clients finaux auprès du DC/BR devrait renforcer le dispositif de surveillance des activités du marché et son attractivité à l’international », a-t-il expliqué.
Le deuxième projet majeur est relatif à la réduction du délai ou cycle de règlement/livraison des transactions boursières de T+3 à T+2. Selon M. Diouf, la réduction du délai de règlement des transactions boursières à T+2 boostera la liquidité du marché financier régional. En effet, « une réduction du délai de règlement devrait contribuer à booster la liquidité du marché, en permettant, notamment, aux investisseurs d’entrer plus vite en possession de leurs fonds ou de leurs titres », a-t-il soutenu. D’autres projets tels que la digitalisation des opérations de souscription sur le marché primaire, l’adoption des standards Swift, ainsi que la plateforme d’échanges,
« Repository », ont également fait l’objet des échanges avec les médias. « La digitalisation, devrait permettre d’automatiser, de faciliter les opérations de souscription aux investisseurs individuels, à partir de leur téléphone portable, et de payer en utilisant leur mobile money. Le plus important défi que nous avons commencé à prendre à charge, c’est la digitalisation et la cybersécurité. Je pense que l’on ne peut pas voir à l’échelle internationale des dépositaires centraux qui ne font pas face à ce défi. Aujourd’hui, lorsque vous digitalisez, on parle de l’informatique, de réseau et d’infrastructures numériques et donc vous avez un autre défi à prendre en charge, celui de la cybersécurité ou de la cyberattaque. Nous avons également en perspectives, la formation, la sensibilisation et l’amélioration ou l’élargissement de l’ordre de services », a-t-il renseigné au cours de la rencontre.
Yves T. AWI
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