Les professionnels des médias, venus des pays de la CEDEAO, prennent part à un atelier de formation relatif au journalisme d’investigation sur les crimes économiques et financiers ouvert, mardi dernier à Assinie, une ville balnéaire de la Côte d’Ivoire. Une formation initiée par le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), dans la perspective d’outiller les acteurs des médias de l’espace communautaire et de renforcer leur synergie d’action, en matière de Lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT).
Une trentaine de journalistes d’investigation relevant des télévisions, radios, de la presse écrite et en ligne participent à cet atelier régional de formation qui constitue un cadre visant la mise en œuvre des alliances au sein du réseau des journalistes pour mieux publier les informations sur les dispositifs de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). Pendant trois jours, les participants vont se familiariser avec les notions liées au mandat du Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), une institution spécialisée de la CEDEAO, chargée du renforcement des capacités de ses Etats membres dans la prévention et la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Il s’agit aussi d’outiller les participants sur les initiatives régionales en matière de LBC/FT, mais aussi de renforcer leurs capacités sur les techniques de recherche d’information et d’investigation sur la LBC/FT. La formation est animée par des experts des médias expérimentés en matière de LBC/FT et par le personnel du GIABA, en se basant sur des présentations, des études de cas, des échanges d’expériences… L’objectif étant d’aider les participants à mieux rédiger des articles sur la LBC/ FT et à mieux traiter toute information touchant les crimes économiques et financiers ; ceci, en présentant avec rigueur et responsabilité, leurs effets néfastes sur les économies des Etats.
En ouvrant les travaux au nom du ministre ivoirien en charge de la communication, le Col. Major Idrissa Touré, président de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF-Côte d’Ivoire) a fait savoir que la lutte contre la criminalité économique et financière nécessite des efforts concertés, coordonnés, coopératifs et complémentaires au niveau des parties prenantes. « Initialement, au premier plan de la mise en œuvre des normes de la LBC/FT, se trouvent les agences chargées des enquêtes et poursuites pénales, ainsi que celles chargées de la réglementation/supervision. Toutefois, tenant compte de l’étendue des enjeux, depuis 2009, le GIABA a élargi la base des parties prenantes, en incluant les médias et les journalistes d’investigations qui jouent un rôle crucial dans la mise à jour d’allégations de corruption et dans la lutte contre l’impunité, ainsi que dans la promotion de la bonne gouvernance », a-t-il dit. A ses dires, en Côte d’Ivoire par exemple, la corruption est un fléau qui a fait perdre au pays environ 1400 milliards de FCFA en 2019, soit 4% de son PIB et 64% du service de sa dette.
Malgré les efforts, beaucoup reste encore à faire en matière de lutte
Selon les renseignements du Col. Major Touré, « les tops 5 touchés par la corruption sont la construction, la défense, l’intérieur, l’agriculture et les transports ». Il a estimé que cette situation, à des degrés près, est pareille dans tous les pays de la région, avant de rappeler l’engagement de son pays à la lutte, à travers les instruments administratifs, juridiques et législatifs mis en place et qui sont accompagnés de sensibilisation et du devoir de redevabilité vis à vis des citoyens. Un engagement qui, il faut le reconnaitre, est manifeste dans beaucoup de pays de la région tel que le Togo. Mais malheureusement, malgré ces efforts, beaucoup reste encore à faire « en matière de transparence, d’intégrité et lutte contre la corruption… Il apparait donc nécessaire de renforcer les instruments et mécanismes de promotion de la transparence, de la responsabilité et de la redevabilité, afin qu’ils soutiennent, efficacement, le développement » des pays de la région. Dans ce sens, les actions doivent s’inscrire dans la continuité aux côtés des institutions de contrôles, de régulation des finances publiques et de suivi de la mise en œuvre des politiques publiques, avec l’appui de toutes les parties prenantes, dont les journalistes, a-t-il fait noter, précisant qu’au regard de leur « rôle incontournable dans les changements transformationnels», ils sont « des alliés sûrs ». Il a donc salué la tenue de cet atelier et le rôle du GIABA qui « accompagne les Etats dans les actions communautaires et nationales pour plus de transparence et pour minimiser les conséquences du blanchiment des capitaux et le Financement du Terrorisme ».
Bernardin ADJOSSE
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