Des mutualistes d’Afrique et des pays du Nord, des Organisations internationales et de la société civile et des représentants de gouvernement se sont donnés rendez vous, Lomé, pour une conférence internationale, axée sur le thème : « le pari de la mutualité pour le XXIe siècle ». L’initiative, placée sous le haut patronage de la présidence de la République togolaise, est organisée par l’Association Internationale de la Mutualité (AIM), en collaboration avec la Commission de l’UEMOA. La cérémonie de démarrage des travaux, a été présidée par le ministre Gilbert Bawara de la Fonction publique, du Travail et de la Réforme administrative, en présence de certains membres du gouvernement et de diverses autres personnalités.
L’ouverture de cette conférence internationale, dite de Lomé, a été marquée par des interventions sur « les enjeux politiques pour la mutualité au XXIe siècle », « Le contexte régional en mutation », « La mutualité au-delà d’un cadre réglementaire » et « un message et déclaration d’ouverture ».
Les travaux, de deux jours, sont constitués d’un programme « ambitieux et riche en enseignements », relatif au thème central : « Le pari de la mutualité pour le XXIe siècle ». C’est une thématique d’une grande importance et d’actualité. En effet, l’Organisation Mondiale du Travail (OIT) s’alarme sur le fait que « 75% de la population en Afrique ne bénéficie d’aucun système de protection sociale (surtout dans les zones rurales ». Une situation d’inégalités sociales qui est source de mécontentement et de conflits sur le continent, selon M. Christian Zahn, président de l’Association Internationale de la Mutualité (AIM). A son avis l’un des objectifs d’une mutuelle est de permettre l’accès des populations à des soins de santé de qualité, en se focalisant sur les succès et principes nobles des mouvements mutualistes à traves le monde. Son rôle, reconnu important, réside dans son mode de fonctionnement, qui porte sur des valeurs sociales, celles liées notamment au système de protection sociale basée sur la solidarité. Le président de l’AIM a alors salué les partenaires de cette organisation en Afrique, pour avoir compris qu’il faut fédérer et mieux organiser leurs actions en faveur des populations. « Seuls les systèmes de protection sociale basés sur la solidarité sont en mesure d’assurer la couverture sanitaire universelle, ainsi que la justice (…) A un moment charnière de son histoire, l’Afrique a, plus que jamais, besoin de systèmes de protection de santé forts, solides, ambitieux et solidaires, au sein desquels les mutuelles jouent un grand rôle… », a-t-il martelé.
Les systèmes de couvertures sanitaires africains doivent être améliorés
Selon le contexte régional en mutation, décrit brièvement par M. Abdelaziz Alaoui, vice-président de l’AIM, l’UEMOA est le seul espace régional qui dispose d’une réglementation mutualiste. « Nous devons avancer de manière unie face à des décideurs qui ont besoin de nous (…), s’inspirer de ce qui a fonctionné ailleurs pour améliorer nos systèmes de couverture sanitaire par le biais des organisations ou mouvements mutualistes », a-t-il souligné. Dans cette optique, M. Assoukou Raymond Krikpeu, représentant-résident de la Commission de l’UEMOA à Lomé, a évoqué des acquis en termes d’adoption de textes réglementant le fonctionnement de cette organisation, dont le règlement, du 26 juin 2010, sur la mutualité.
A l’ouverture des travaux, le ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Réforme administrative, M. Gilbert Bawara, a salué l’organisation de cette conférence, la 2e du genre au Togo. Il a relevé les efforts fournis par les chefs d’Etat du continent, en matière d’intégration sociale, régionale et internationale, évoquant « l’amélioration des régimes actuels de protection sociale et leur extension aux travailleurs et à leurs familles qui en sont présentement exclus, ainsi que la promotion de la sécurité, la santé et l’hygiène sur les lieux de travail ».
Le Togo, a laissé entendre le ministre Bawara, dans le cadre des actions multiformes en matière de protection sociale en faveur de l’ensemble de la population, « s’est résolument engagé à mettre en place, au cours des mois à venir et de manière progressive, une couverture maladie universelle en faveur de toutes les couches de la population togolaise ». Pour cela, le Togo va bénéficier des expériences réussies en la matière dans d’autres pays comme la Belgique et le Rwanda, a-t-il ajouté.
L’Association Internationale de la Mutualité (AIM) est une organisation-cadre de la société civile, composée de fédérations de mutuelles de santé et d’organismes d’assurance maladie comptant 59 membres (dont 22 africains) répartis dans 30 pays à travers l’Europe, l’Amérique Latine, l’Afrique et le Moyen-Orient. Elle fournit une couverture sanitaire à près de 240 millions de personnes. La rencontre de Lomé culminera par la validation d’un nouveau document politique pérennisant les avancées faites durant l’événement.
Martial Kokou KATAKA
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