L’acupuncture est l’une des rares pratiques médicinales traditionnelles dont les échos ont vite traversé son territoire d’origine, la Chine, pour envahir le monde. Au Togo, cette technique se répand, avec l’ouverture des cabinets qui traitent toute une gamme de maladies, par des méthodes aussi curieuses que fascinantes, mais efficaces. Dans le cadre de la coopération sino-togolaise, l’habituelle mission médicale chinoise fait, depuis des années, la promotion de cette pratique traditionnelle de traitement des maladies, sur la base des méthodes visant à « régulariser la fonction du corps humain ». La présente mission, forte de 21 membres, est répartie entre le centre hospitalier régional Lomé-Commune et l’hôpital chinois de Tomdè, à Kara, où les patients vivent, au quotidien, tous les bienfaits de cette médecine.
Les bonnes relations d’amitié entre la Chine et le Togo se traduisent, depuis des années, par la coopération dans divers domaines, dont celui de la santé. A travers la coopération, la Chine envoie constamment des missions médicales au Togo, dont celle en cours est la 17e édition du genre. Comme d’habitude, cette mission de 21 membres est repartie au CHR Lomé-Commune et à l’Hôpital Chinois de Tomdè à Kara. Dans ces deux localités, la mission, conduite par Dr Jia Xu, consulte et traite les maladies suivant l’art de la médecine conventionnelle. Mais, au-delà de cette pratique, la mission fait usage de la méthode de l’acupuncture, une spécialité de la tradition chinoise, indépendante de la pratique observée dans la médecine moderne, qui procure d’énormes bienfaits aux patients. La mission a été renforcée, entre temps, par l’arrivée du Dr acupuncteur Lan Kui Ling et son collègue Wu Rui Ping. Ce qui a fait augmenter considérablement le nombre des patients consultés avec de multiples méthodes de traitement propres à cet art médicinal. Les moyens de traitement s’appuient sur l’usage des machines telles que les infra-rouges et des stimulateurs à fonctions multiples.
De l’avis du Dr Lan Kui Ling, les malades accueillis, en dehors de l’acupuncture, bénéficient d’autres techniques de traitement tels que : le saigné, le feu acupuncture, les ventouses, la moxibustion, l’oreillo- acupuncture, le massage de points et l’infiltration. Les patients bénéficient de produits chinois, en particulier, le médicament traditionnel du Dr Wu Rui Ping, un produit fabriqué dans le service à base des herbes chinoises, très efficace contre les douleurs lombaires et articulaires, très apprécié des malades.
Pour être plus pratiques, les médecins chinois se font aider par leur assistant, M. Tsevi. De même, un bureau est aménagé à la résidence de la mission à Lomé, où Dr Lan Kui Ling reçoit spécialement les hautes personnalités souffrantes. Une attention particulière est accordée aux patients pour le traitement des maladies relevant de la compétence de l’acupuncture.
- Un vaste champ de traitement des malades
L’acupuncture, connue pour son utilisation des aiguilles et de la moxibustion, permet de traiter de nombreuses pathologies : engourdissement des membres inférieurs et supérieurs, bouffé de chaleur, hémiplégie, paralysie faciale, sciatique, faiblesse sexuelle, frigidité, infécondité, énurésie, cervicarthrose, lombalgie, arthrose-arthrite, impotence de l’œil, maux de tête chronique, épilepsie, lombosciatique, etc.
D’une manière générale, environ 63 types de maladies peuvent être traitées sur la base des méthodes d’acupuncture, une technique qui s’est, jusqu’alors montrée inefficace face aux redoutables maladies du siècle, le SIDA, le cancer et le diabète. Selon le chef de mission, Dr Jia Xu, l’on peut faire appel à un acupuncteur dans nombreuses autres cas, notamment dans le bon traitement de l’apoplexie et des troubles de la fonction.
Le traitement par l’acupuncture, à son avis, est bénéfique à bien des égards. « Il a des effets bidirectionnels sur le corps ». L’utilisation, « est extensive », avec des « effets significatifs, un traitement pratique, économique et fiable ». L’acupuncture peut atténuer les effets secondaires de certains médicaments, a-t-il expliqué, citant, par exemple, les céphalées, les vertiges et les malaises de l’estomac.
L’acupuncture intervient en tant qu’une solution pour entretenir l’énergie vitale chez l’Homme. Dans ces conditions, l’acupuncture apparaît comme une spécialité bien indépendante de la médecine moderne.
- L’acupuncture et la médecine moderne
En effet, la société moderne impose à l’Homme un mode de vie qui est souvent une source de stress permanent, de contraintes et de frustrations, tant dans le milieu familial que professionnel. Dans ce monde, tout doit se résoudre sous pression et vite. Pour un homme soumis, d’une façon répétitive, à ce genre de situation, l’équilibre se rompt au sein de son organisme et tombe malade. La médecine conventionnelle imposera à ce malade la prise de médicament chimique ou le recours à la chirurgie, sans tenir compte des effets secondaires qui peuvent entraîner, après un certain temps, l’aggravation, parfois sévère, de la santé globale.
Dans ces conditions, l’acupuncture ou la médecine traditionnelle chinoise soigne au naturel. Elle identifie la cause et le terrain qui ont entrainé, la plupart du temps, un dysfonctionnement au sein de l’organisme. Elle traite les problèmes à la source, afin de rétablir l’équilibre fonctionnel métabolique qui se nomme homéostasie, en termes médicaux, lorsqu’il s’agit de troubles organiques. Selon la pensée médicale chinoise, « lorsque le sang et l’énergie circulent librement, la santé est à son meilleur ».
La présence de douleurs dans les membres, selon les praticiens, « indique qu’il peut y avoir une insuffisance, un blocage ou une hyperactivité fonctionnelle dans la circulation du sang et de l’énergie. Le rôle de l’acupuncteur, dans ce cas, sera de rétablir la bonne circulation du sang et de l’énergie, en désenflammant la région douloureuse ou en renforçant, au contraire, une activité déficiente du métabolisme local ». Tout ce processus d’amélioration de la force vitale s’accompagne de conseils « visant un mode de vie sain » et « une alimentation appropriée à la physiologie digestive du primate qu’est l’Homme ».
De ce fait, l’acupuncture est une médecine spécialisée indépendante qui a sa théorie très unique et ses propres expériences chimiques. Mais, avec le développement de la science médicale, surtout en matière de la médication, on peut dire que la médecine traditionnelle chinoise et la médecine conventionnelle se complètent, a fait savoir Dr Jia Xu. La médecine moderne s’appuie sur l’étiologie pour les traitements, alors que l’acupuncture « régularise la fonction du corps humain », pour « draguer les jungluo (méridiens) », « améliorer la circulation périphérique du sang » ou, tout simplement, pour « traiter la maladie ».
Du reste, l’acupuncture enregistre, d’année en année, des succès qui tiennent du fait qu’elle applique des méthodes rigoureuses de la tradition chinoise, qui ont fait leur preuve partout dans le monde. L’écoute des problèmes, dont souffrent les patients, la justesse du diagnostic et la qualité des soins reçus, contribuent largement au succès de cette pratique. Le traitement des maladies se fait en tenant compte de leurs conditions énergétiques, avec parfois l’intégration des recommandations visant une alimentation appropriée, l’apprentissage d’exerces de respiration indiqués.
Bernardin ADJOSSE
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