Une séance de travail sur le déroulement de la campagne électorale, a regroupé, hier au cabinet du ministère des Affaires étrangères, à Lomé, le gouvernement et le groupe des cinq, constitué de la Délégation de l’Union Européenne, du Programme des Nations Unies pour le Développement(PNUD) au Togo, des ambassades d’Allemagne, de France et des Etats-Unis. Le gouvernement, représenté par les ministres Damehame Yark, de la Sécurité et de la Protection civile, Payadowa Boukpessi, de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales et Pius Agbétomey, de la Justice et des Relations avec les institutions de la République entendait situer ces partenaires sur les événements d’actualité liés aux élections législatives du 20 décembre prochain au Togo.
A l’occasion, le ministre Yark a situé les diplomates sur les violences que certaines préfectures, notamment dans les quartiers nord de Lomé, dans les villes de Sokodé et Bafilo… ont connues ces derniers temps. Ceci, en cherchant à braver l’interdiction de manifester faite aux partis politiques qui ont promis d’empêcher les législatives par tous les moyens. Il a expliqué que ces violences sont le fait de quelques groupes d’individus qui ont érigé ou tenté d’ériger des barricades sur la route nationales no 1 et d’autres artères. Selon le ministre, ces manifestations violentes ont été rapidement maîtrisées par les forces d’ordre et de sécurité. Mais, malheureusement, l’on déplore trois individus morts, dont deux à Lomé, par billes de fusils de chasse, et un, suite aux sévices à Sokodé. Les enquêtes sont en cours pour situer les responsabilités dans cette affaire, a laissé entendre le ministre, qui a aussi fait cas de certaines interpellations.
« Nous venons d’avoir une séance de travail avec le G5. C’est des partenaires qui suivent, au jour le jour, la situation politique de notre pays. Depuis le 4 décembre, la campagne électorale a commencé et nous avons voulu partager cette information avec eux. La campagne a commencé. Mais, malheureusement, tous les partis ne vont pas aux élections. Il y a des partis qui ont décidé de boycotter mais, qui, au même moment, veulent organiser des manifestations pour empêcher les élections, ce qui n’est pas normal. Que ce soit le 6 ou le 8, il y a eu des manifestations dans certains endroits du pays qui ont malheureusement dégénéré. Il était normal que le gouvernement porte les informations à l’endroit de ces ambassadeurs. Il y a pas mal de choses qui ont été dites sur les réseaux sociaux, pas mal de vidéos qui circulent, qui sont des contres vérités, non vérifiées. Nous avons beaucoup insisté sur cette vidéo qui parle du chef d’état-major des Forces Armées Togolaises(FAT) qui s’est déplacé sur le terrain pour contrôler de dispositif sécuritaire et que les gens ont vite fait de trouver des conclusions par rapport aux deux corps qui ont été découverts à Lomé. Il fallait dire aux ambassadeurs la réalité de ce qui s’est passé le samedi. Ce samedi, le chef d’état-major s’est déplacé à Agoè Togblécopé à bord d’une voiture 4×4 double cabine, bien immatriculée. Arrivée à une barricade tenue par les manifestants, il a ordonné à son chauffeur de rebourser chemin. C’est lorsqu’ il donnait l’ordre que son escorte, qui était derrière lui, a fait sortir l’arme que le chef d’état-major a perçue par le rétroviseur. Il faut préciser, le chef d’état-major était assis côté non chauffeur. Quand il a vu l’acte de son escorte, il a immédiatement, ordonné de faire rentrer l’arme. Malheureusement les gens ont vite fait de dire qu’on a vu le chef d’état-major sur les lieux, alors que l’endroit où les deux corps ont été retrouvés n’a rien à avoir avec l’endroit où le général a reboursé chemin. Il fallait que les ambassadeurs le sachent », a expliqué le ministre. A son avis, cette vidéo a été travaillée par les gens. « Quand vous la suivez, il y a un bruit comme un hélicoptère. Que les gens soient honnêtes. On regrette ces morts, on n’a pas à avoir des morts dans notre pays. On pouvait éviter ces morts », a souligné le ministre.
Les raisons de l’interdiction
A sa suite, son collègue Boukpessi de l’Administration territoriale a, pour sa part, expliqué les raisons de l’interdiction faite aux partis boycotteurs. Il évoqué notamment, la loi sur les manifestations au Togo. Cette loi, a-t-il précisé, interdit les manifestations s’il y a risque de troubles à l’ordre public. Il a aussi évoqué le code électoral en son article 129 qui stipule : « Quiconque par attroupements, clameurs ou démonstrations menaçantes aura troublé les opérations d’une consultation électorale ou porté atteinte à l’exercice du droit électoral ou à la liberté de vote, sera puni d’un emprisonnement de 6 mois à 2 ans et de l’interdiction du droit de voter et d’être éligible pendant 5 cinq ans au moins et 10 ans au plus ».
Le ministre Pius Agbétomey a, quant à lui, expliqué les procédures en cours pour dire le droit.
Le gouvernement a saisi l’occasion pour faire le tour d’horizon du déroulement de la campagne, « qui se poursuit d’une façon sereine dans plusieurs endroits du territoire… Ceux qui ont décidé de boycotter, c’est leur choix. S’ils veulent boycotter pour empêcher, je pense que la loi est là pour tout le monde », selon les termes du ministre Yark.
Les ambassadeurs sont intervenus, posant des questions concernant divers aspects du processus électoral, notamment les mesures d’apaisement, l’implication de l’armée dans la sécurisation de ce processus et la nécessité pour tous les acteurs d’éviter les provocations. Sur la question concernant l’implication de l’armée, le ministre Yark a expliqué que le recours aux éléments de ce corps est justifié par l’insuffisance du personnel. Il a dit que dans tous les cas, l’armée est sollicitée pour être déployée seulement à certains points sensibles.
Bernardin ADJOSSE
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