Une séance d’échanges a regroupé, ce jeudi, à Lomé, des représentants des institutions de la République et des départements ministériels, autour d’une délégation d’experts rwandais. Cette délégation est en mission, depuis lundi, au Togo, pour partager l’expérience de son pays, en matière de réformes constitutionnelles et institutionnelles. C’est une initiative du Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN), devant permettre au Togo de s’inspirer du cas rwandais, pour mener à bien ses réformes, dans un esprit inclusif et participatif.
Le Togo s’est engagé à se donner une nouvelle architecture politique, institutionnelle et constitutionnelle plus inclusive et harmonieuse, susceptible de renforcer le vivre ensemble. Pour ce faire, il a opté pour une démarche ouverte qui prend en compte les réalités du pays et sa capacité à secréter des solutions endogènes. Une démarche qui s’inspire aussi des enseignements tirés par des peuples amis, dans leur marche vers la modernité et le progrès.
C’est dans cette dynamique que le Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN) a invité, à Lomé, une délégation rwandaise de cinq membres, conduite par le Pr Anasthase Shyaka. Depuis lundi dernier, cette délégation est à Lomé où elle partage les expériences rwandaises avec les acteurs socio-politiques du pays, en matière de réformes institutionnelles, constitutionnelles et administratives. A travers des rencontres sectorielles, la délégation, après les échanges avec les membres de la Commission des Réformes, a partagé, ce jeudi, à l’hôtel Concorde, à Lomé, avec les représentants des institutions de la République et des départements ministériels.
Ces rencontres vont permettre à la Commission des Réformes, aux différents acteurs étatiques et non étatiques de s’approprier les différentes démarches préliminaires, les mécanismes à mettre en place et les écueils à prévoir lorsqu’un pays comme le Togo s’engage dans le processus de réformes. Il s’agit d’échanger sur divers points liés à la mise en œuvre des réformes, d’expliquer la nécessité du consensus politique comme condition, entre autres, d’une réforme réussie. Il s’agit aussi de s’entendre sur un cadre de collaboration avec le Rwanda, pour un meilleur accompagnement du processus au Togo.
Les réformes, « une aventure permanente »
Dans une présentation, le Pr Shyaka a rappelé l’histoire mouvementée de son pays, qui a connu le génocide et des problèmes d’ethnicité. Pour sortir de ces difficultés, le Rwanda a dû initier des réformes institutionnelles, administratives et constitutionnelles. Il a fait savoir que les réformes constituent toujours «une aventure permanente» et qu’elles doivent s’opérer d’une manière collective. Autrement dit, le succès des réformes réside dans la qualité de la classe politique à travailler ensemble, sur la base d’un dialogue permanent, visant à mettre en place un système politique axé sur le consensus. Un système politique qui émane surtout de la population, et non des experts, comme on le fait souvent, a expliqué le Pr Shyaka. Selon lui, ce système politique doit se fonder sur la philosophie nationale, en se fixant comme objectifs de promouvoir le partage de pouvoir et la gouvernance inspirée du contexte propre au pays. En somme, de l’avis de l’orateur, toute réforme relève d’un choix stratégique, dont les objectifs visent certains impératifs touchant la promotion de l’unité nationale, le vivre ensemble, la promotion des valeurs de « recevabilité à tous les niveaux ». Ces réformes doivent, avant tout, mettre l’accent sur « la centralité du citoyen », en cherchant à ce que ce dernier s’approprie l’agenda des réformes. Elles doivent partir « d’une confiance en nous-mêmes » et de la volonté de « penser grand », en faisant en sorte que «l’avenir ne soit pas le couteau de notre passé», a-t-il dit. Il a rappelé aussi la nécessité d’une stratégie guidée par la recherche impérative de la sécurité pour tous.
Dans son mot de circonstance, la présidente du HCRRUN, Mme Awa Nana, a rappelé : «pour que les réformes prennent vie, conformément à nos souhaits et vœux, donnons beaucoup de places au dialogue constructif et ouvrons nous au consensus».
Selon elle, il est totalement hors de question, pour le Togo, dans son élan de la construction de l’Etat de droit et du renforcement de la cohésion nationale, d’entamer les réformes sans impliquer suffisamment, en amont, les acteurs des institutions et des départements ministériels, eux qui seront, en dernier ressort, chargés de les traduire dans les faits.
Bernardin ADJOSSE
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