Le président de la République Faure Essozimna Gnassingbé a assisté, lundi à Dakar, où il séjourne dans le cadre du Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest Africaine (UEMOA), à une conférence sous le thème « Développement durable et dette soutenue, trouver le juste équilibre ».Elle est organisée par la présidence de la République du Sénégal et le Fonds monétaire international, en partenariat avec les Nations Unies et le Cercle des économistes. Il s’agissait pour cette rencontre de haut niveau de comprendre comment accompagner le développement des pays africains, sans aggraver le poids de l’endettement, au moment où les besoins en infrastructures, en formation et autres défis sont loin d’être satisfaits.
Les pays d’Afrique subsaharienne ont réalisé des progrès socio-économiques remarquables au cours des deux dernières décennies mais les besoins de développement restent importants. Dans le même temps, la marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour financer le développement dans ces pays, est de plus en plus limitée, la dette publique ayant augmenté rapidement, même si elle s’est stabilisée au cours des dernières années. C’est pourquoi il est apparu indispensable, pour les dirigeants subsahariens d’ouvrir un large spectre de réflexion et d’actions collectives à envisager pour répondre aux problématiques de soutenabilité de la dette africaine vis-à-vis du développement du continent.
C’est à cet exercice que se sont livrés, les chefs d’Etat des pays membre l’Union économique et monétaire ouest Africaine (UEMOA), lors d’une conférence, hier à Dakar, au Sénégal. Le président de la République Faure Essozimna Gnassingbé a activement pris part à cette rencontre, aux côtés de ses pairs du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Niger, et du Sénégal, ainsi que du premier malien.
Placée sous le thème « Développement durable et dette soutenue, trouver le juste équilibre », il s’agissait pour les participants de répondre à des questions suivantes : « Comment les autorités de l’Afrique Sub-saharienne peuvent-elles renforcer la capacité et la transparence de la gestion de la dette afin d’optimiser l’utilisation des ressources issues de la dette ? », « Comment la communauté internationale peut-elle aider les pays d’Afrique subsaharienne en leur garantissant un régime fiscal international adéquat ? », «Comment attirer davantage d’investissements privés dans les pays d’Afrique subsaharienne ? », « Quelles sont les perspectives pour les partenaires de développement d’honorer leurs engagements d’augmentation de l’aide publique au développement ? », « Comment intensifier les initiatives de financement innovantes ? », « Comment toutes les institutions de développement devraient-elles améliorer leur collaboration ? ».
En, claire, cette rencontre a mis au cœur des débats, l’idée d’un plan « massif d’investissement international, appelé « Pacte de Dakar ». Étalé sur une quinzaine d’année, il vise à mettre œuvre des « projets cohérents, intégrés et accompagnés des formations nécessaires à leur bonne mise en œuvre et à leur suivi. Pour atteindre cet objectif, les participants se sont accordés sur « 7 points de convergences », que sont : « La nécessité de renforcer la mobilisation des ressources internes, fiscales et épargnes publics pour financer le développement », « l’impératif d’améliorer la gouvernance de finance publique et l’environnement des affaires », « la nécessité de prendre en compte la contrainte particulière liée à l’impact environnemental, notamment le changement climatique et aux dépenses en matière de sécurité face au choc terroriste », « l’urgence des besoins en investissement en Afrique », « nécessité d’une meilleure rémunération des matières premières et la lutte contre l’évasion fiscal », « un effort de sensibilisation à faire pour amener les institutions et organismes concourant à la formulation de la perception du risque en Afrique » et « la nécessité de poursuivre la collaboration entre les pays sub-sahariens et les partenaires bilatéraux et multilatéraux ».
Pour le président du Sénégal, M. Macky Sall, ces 7 points de convergences permettront de trouver les bases d’une gouvernance financière mondiale plus équitable, afin que l’Afrique, grâce à des investissements massifs, soit des locomotives de la croissance mondiale. Selon lui, l’Afrique a besoin d’investissements conséquents dans les infrastructures aussi bien physiques qu’immatérielles, dans l’éducation et la formation, afin de disposer des ressources humaines qualifiées, aptes à satisfaire les besoins du marché, à entreprendre et à créer des activités génératrices d’emplois et de richesses. A cet effet, a-t-il poursuivi, les pays africains doivent mobiliser des ressources internes mais aussi et surtout doivent faire appel aux financements externes, en investissements et en prêts, à long terme. Ce qui leur permettra de réussir le pari de l’émergence. Ainsi, le président Macky Sall, a convié les partenaires financiers, notamment la Fonds Monétaire international (FMI) et la Banque mondiale à réexaminer leurs critères et conditions d’octroi de financement et surtout leurs modalités de remboursement de la dette, en tenant compte de spécificités de l’Afrique. « Nous nous inscrivons, non pas dans une dérogation quelconque que nous demandons, mais dans une logique de l’histoire économique, observée partout ailleurs. L’endettement n’a jamais été, en soit un problème, dès lors qu’il est un endettement responsable et qualitatif. C’est-à-dire qu’il finance l’économie productive, source de croissance, de développement et de bien-être social. La dette investie dans des secteurs qui génèrent en retour, plus de capacité productive crée par elle-même, les conditions de son remboursement », a-t-il observé.
En prenant la parole, le président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé a relevé les efforts que chaque pays consent pour le respect des critères de convergences, qui sont le gage d’un financement de la part des institutions internationales. En outre, il a déploré le traitement réservé aux pays africains lorsqu’il s’agit de les accorder des financements. « Je sais que ce sont des questions difficiles, au niveau mondial on parle des objectifs du développement durable et bien d’autres évidemment. C’est une bonne chose. Mais nous sommes en Afrique et nous avons le continent qui a le plus grand défi à relever. Je ne pense pas qu’on peut nous englober dans des objectifs mondiaux. À un moment donné, nous devons nous en tenir à ce que nous avons sur notre continent », a-t-il signifié. Le chef de l’Etat a convié les toutes les parties prenantes à « avoir le courage et l’audace de mettre ces questions sur la table et d’en débattre de façon durable » et de façon permanente, au-delà de cette conférence de Dakar. «Je ne pense pas que nous pouvons trouver la solution au cours de cette journée, mais ce que je souhaiterais, c’est que le débat soit poursuivi de façon sérieuse ».
La directrice générale du FMI, Mme Kristalina Georgieva, a remercié les chefs d’Etat pour leurs remarques pertinentes et salué leur vision d’offrir à leurs populations respectives des conditions décentes de vie et de travail. Elle a renouvelé l’engagement de son institution à accompagner le continent, tout en prenant en compte les contributions issues du « Pacte de Dakar ».
Yves T. AWI
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