Nécrologie

Le Premier ministre a représenté le chef de l’Etat  à la cérémonie d’hommage aux illustres humoristes disparus  

Le PM Klassou avec à ses côtés les présidents des institutions de la République et les membres de son gouvernement
Le Premier ministre a représenté le chef de l’Etat  à la cérémonie d’hommage aux illustres humoristes disparus  

La nouvelle est tombée dimanche, 23 juillet, aux environs de 17 h 30, annonçant la disparition tragique des comédiens Agbasco, Folo, Ousmane, les frères Gafo et Jacqueline.  A  l’annonce, personne n’a cru à cette terrible et incroyable nouvelle. Mais, progressivement, ce que tout le monde prenait pour une plaisanterie de mauvais goût, est devenu une triste et poignante réalité. Nos ambassadeurs du rire s’en sont allés à la fleur de leur âge, suite à un accident, pour le moins révoltant. Ils sont partis pour un voyage sans retour, laissant tout un peuple atterré. Vendredi dernier, devant un monde réuni au Lycée de Tokoin, des hommages mérités leur ont été rendus. L’atmosphère était pesante et l’émotion vive, tant  beaucoup étaient en sanglot et inconsolables. Le gouvernement, avec en tête le représentant du chef de l’Etat, le Premier ministre, Komi Selom Klassou, était au grand complet à ce moment de deuil national. On y trouvait également les présidents des institutions de la République, les députés, les chefs traditionnels, les  responsables et membres des différentes corporations d’artistes et promoteurs culturels, les familles éplorées…

L’union des humoristes togolais est en deuil, avec la disparition tragique de Sodji Asrivi Mawunaloo, dit « Caporal-Chef-major Agbasco Wiyao »,  Foli Kofi Adjeoda, dit « Folo », Koriko Ousmane Souroudou, dit « Ousmane », Alayi Wiyao Pierre, Limaziè Manipida, dits «les frères Gafo » et Akakpo Akou Jacqueline. Ceci, suite à un accident de la circulation sur la nationale N°1, alors qu’ils revenaient du nord du pays, dans le cadre d’une campagne de promotion artistique. Ces jeunes stars d’humour, décédés dans la  fleur de l’âge, avaient conquis le public. Ils avaient fait inconsciemment partie de chacun de nous, de notre quotidien, de notre univers, au point où finalement nous les croyions tous immortels.  Ils étaient pour nous, des éveilleurs.

A travers ce témoignage anonyme, l’on comprend aisément les hommages unanimes que leur a rendus le peuple togolais, vendredi dernier à Lomé. Des prières et louanges, en leur honneur vendredi, ont précédé leur inhumation durant le week-end.  Il y a eu d’abord la prière musulmane, dite par l’Imam Zakari Agoro de la mosquée centrale, suivie de la prière protestante, dirigée par le Révérend pasteur  Koku Kuma Gavo. La prière catholique a été dite par le révérend père Tsikata Martial. Le message, partout, a été le même : « il y a un temps pour toute chose, un temps pour rire et un temps pour pleurer… », «  Tout ce qui est sur la terre est voué au néant. Seul subsistera le visage de ton Seigneur, plein de majesté et de noblesse… », « …Nous ne pouvons rien contre la volonté de Dieu. Peut-être que Dieu a voulu que nos frères disparus partent tôt, parce qu’il a besoin aujourd’hui d’eux que nous  (…). Nous ne pouvons pas nous opposer au bon vouloir de Dieu. Ce que Dieu  veut, on est obligé de l’accepter. Sinon comment comprendre cela ?… ».

A travers des passages tirés du Saint  Coran et des Saintes Ecritures, ces  officiants ont invité l’assistance à méditer sur ce temps de mourir et à nous y préparer. La mort est certaine, ont-ils  dit, mais nous ignorons la date. Alors, comment se préparer à cette rencontre ?  C’est d’accomplir sa tâche au quotidien en se mettant à la construction de la cité terrestre et en même temps à la cité céleste. Ceci,  à travers le service et l’amour de nos frères et sœurs. Sur cette lancée, le  président de l’Union Musulmane du Togo (UMT), El-Hadj Inoussa Bouraïma, inconsolable, a relevé, avec émotion : « Oui ! Toute âme goutera la mort. Mais, c’est seulement le jour de la résurrection que vous recevrez votre entière rétribution. Quiconque donc sera écarté du feu et introduit au Paradis, a certes réussi. Et la vie présente n’est qu’un objet de jouissance trompeuse », sourate 3 verset 185. Ainsi, dit-il, « vous avez gouté tôt, même trop tôt, cette implacable mort. Oh ! Quel destin funeste. Mais Allah qui connaît tout, qui est au courant de tout, saura vous pardonner ». Il a, pour conclure, invité chaque citoyen à plus de prudence pour notre bien.

Après la séquence des prières pour le repos des âmes de nos vaillants humoristes, les témoignages de ceux qui ont eu le plaisir et l’honneur de travailler avec  eux se sont multipliés. Parmi eux, la communauté des artistes, qui a énuméré les qualités innées que les disparus portaient en bandoulière, depuis leur engagement : intelligence, créativité, loyauté, etc. Mesurant l’immensité de cette perte, le porte-parole, Hervé Djessoa, dit Prof. Abawoé, a précisé par cette parabole : « Nul ne peut évaluer le coût d’opportunité de cette perte, tant ils réunissaient en eux cette fourchette de vertus que tous ceux qui les ont connus n’oseront dire le contraire ». Les autres ont dit merci au chef du  gouvernement  qui, sur instruction du président de la République et,  à travers le ministre en charge de la Culture, a su, avec dextérité, coordonner jusqu’alors toutes les actions  en parfaite harmonie et symbiose avec les familles éplorées et la communauté des artistes.

Le combat pour l’éclosion culturelle est loin d’être fini

Selon le porte-parole des familles éplorées, M. Sodji Donald Ahlin, c’est avec stupeur et désolation que les familles ont appris l’accident qui a coûté la vie de leurs frères, fils, père et sœur. « … Nous n’avons pas de mots pour décrire notre état d’âme, suite à ce drame », a-t-il fait savoir. Selon les Ecritures, a ajouté M.  Sodji Donald, « nous ne devions pas avoir peur de celui qui peut tuer le corps, mais celui qui peut tuer l’esprit ». En se référant au passage : « Les morts ne sont pas morts, ils sont dans l’eau qui coule, dans l’eau qui dort, dans la foule, dans les demeures… », le porte-parole a affirmé que « nos pères, frères et sœurs ne sont pas morts, ils sont dans leurs œuvres et resteront toujours gravés dans nos mémoires, ils ne sont que partis ».

Le ministre en charge de la Culture, M. Guy Madjé Lorenzo, avant de livrer son message, a salué la mobilisation générale de tout le public togolais à l’annonce de la terrible nouvelle. Dès les premières heures, a dit le ministre, c’est le chef de l’Etat en personne qui a exprimé sa profonde tristesse et sa vive compassion aux familles éplorées.

Pour M. Guy Madjé Lorenzo, « nous avons le devoir de ne pas oublier Agbasco et ses confrères tombés sur le champ de bataille les armes à la main ». L’artiste ne meurt véritablement que quand on oublie, lui et ses œuvres car, il existe des morts immortels ; il en est de même pour les artistes. Aux familles éplorées, victimes de cette tragédie, le ministre leur a souhaité courage et réconfort dans cette terrible épreuve. A l’endroit des autres artistes, il a indiqué : « La meilleure manière de pleurer vos confrères disparus est de poursuivre la longue route de créativité,  car le combat pour l’éclosion culturelle de notre pays est loin d’être fini. Ce drame, loin de nous abattre ou de nous décourager, doit nous insuffler la flamme nécessaire pour relever le défi et donner un sens au sentiment de finitude de l’homme ».

Beaucoup ont fondu en larme sous le coût de l’émotion et de l’amertume. Les étoiles, à peine nées, ont donc été éteintes par le destin en plein élan. La perte est douloureuse pour la famille des disparus, pour leurs fans et pour notre pays privé de ses ambassadeurs prometteurs.

Non ! La lumière que vous avez été ne s’éteindra pas. Elle éclairera notre futur. Que le Paradis soit votre demeure éternelle ! Adieu nos chers compatriotes!

Bernadette A. GNAMSOU


 

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