Le Conseil National de Lutte contre le Sida et les Infections Sexuellement Transmissibles (CNLS/IST) organise, depuis le 20 juillet 2023, la revue des activités de lutte contre le VIH/Sida de 2022 à l’Hôtel Concorde à Lomé. Ces travaux qui dureront deux jours, permettront aux acteurs impliqués d’évaluer les acquis, de plancher sur les faiblesses et les goulots d’étranglements et de réfléchir aux stratégies à mettre en œuvre pour améliorer la performance des différentes interventions de mise en œuvre.
Le rapport des activités de riposte contre le VIH/Sida réalisées au Togo en 2022 est soumis, depuis le 20 juillet 2023, à l’appréciation des différents acteurs de lutte, réunis en atelier à Lomé. Selon le contenu de ce rapport, la prévalence du VIH est estimée en 2022 au Togo à 1,7%. Sur la période de 2010-2022, le pays a enregistré une réduction de 65% des nouvelles infections et une réduction de 64% des décès liés au Sida. De façon pragmatique, les offres des services de prévention ont permis de dépister plus de 57.000 personnes, de distribuer 18 millions de préservatifs et de toucher ainsi toutes les populations cibles de la riposte nationale mais avec des niveaux variables. Dans le domaine de soins et de traitement, en 2022, le nombre de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) bénéficiant des antirétroviraux (ARV) se chiffre à 86679, soit un taux de couverture thérapeutique de 81% avec un bon arrimage aux soins. Il faut également noter que 75% des PVVIH qui sont sous traitement ont pu tester leur charge virale et 90% parmi elles ont une charge virale supprimée. Les bonnes performances en matière de prise en charge de la co-infection Tuberculose/ VIH sont maintenues, avec plus de 99% de tuberculeux dépistés et mis sous traitement. Ce qui a permis de stabiliser le taux de décès autour de 15% depuis 5 ans.
Le coordonnateur du CNLS/ IST, Pr Palokinam Vincent Pitché a reconnu que ces acquis de la lutte au Togo ne cachent pas les nombreuses faiblesses et les goulots d’étranglement qui, selon lui, entravent la performance globale de la réponse nationale. A son avis, le dépistage des PVVIH reste un véritable défi et le taux de couverture se situe à 81% alors que la barre doit être à 95%. Dans le domaine de la prévention de la transmission de la mère à l’enfant (PTME), les performances se chiffrent à 80%, avec un taux de 9% de transmission chez l’enfant, ce qui fait que les performances sont encore en dessous des objectifs nationaux et éloigne le pays d’une éventuelle élimination à moyen terme. « Le démarrage de la prophylaxie pré exposition est encore timide. En matière de prise en charge, nous avons des insuffisances avec les enfants dont le taux de couverture thérapeutique était de 57% en 2022 contre 83% chez l’adulte. Nous devons y travailler collectivement pour combler ce gap entre les enfants et les adultes », a-t-il souligné. Il a remercié l’ONUSIDA pour son appui dans l’élaboration d’un plan d’action sur la prise en charge pédiatrique et pour le projet PEPFAR qui en a fait une priorité. Le Pr Pitché a convié les acteurs de lutte à poursuivre le travail, en vue d’améliorer la qualité des données sur les populations-clés.
Mettre fin à l’épidémie du Sida comme problème de santé publique
Le secrétaire général du ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de l’Accès universel aux Soins, Dr Kokou Wotobé a salué l’implication des plus hautes autorités du pays dans la lutte contre le VIH/Sida. Ce qui, selon lui, a permis d’atteindre les différents résultats engrangés. Il a convié les acteurs de lutte à redoubler d’ardeur au travail pour permettre au pays d’atteindre les objectifs de l’ODD n° 3 de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à savoir : « Mettre fin à l’épidémie du Sida comme problème de santé publique ».
Le Représentant-pays de l’ONUSIDA, Dr Eric Verchurer a renseigné que son institution vient de publier un rapport sur l’état de la riposte contre le VIH/Sida nommé « The Path that Ends AIDS », un rapport qui montre la voie à suivre pour mettre fin au Sida. Le document, à son avis, contient des données et des études de cas qui montrent que l’éradication du sida est un choix politique et financier et que les pays et les leaders qui suivent cette voie enregistrent des résultats extraordinaires. « Le rapport souligne que les ripostes efficaces contre le VIH sont celles qui s’enracinent dans un engagement politique fort. Cela passe par l’utilisation des données de la science et des preuves, la lutte contre les inégalités qui freinent les progrès, le soutien apporté au rôle essentiel des communautés et des organisations de la société civile dans la riposte et la garantie d’un financement adéquat et pérenne », a-t-il souligné.
Françoise AOUI
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