La première session ordinaire du Conseil National de Crédit s’est tenue, le 21 mars 2023, au siège national de la BCEAO à Lomé. Le Conseil a examiné trois points portant sur l’évolution de la situation économique, monétaire et du système bancaire et financier au 31 décembre 2022, sur les facteurs de blocage du financement du secteur de l’habitat et sur le projet du rapport du CNC destiné au Comité de politique monétaire de la BCEAO. L’ouverture a été présidée, au nom du ministre de l’Economie et des Finances, par M. Simfeitcheou Pré, ministre conseiller auprès du président de la République, en présence du Directeur National de la BCEAO, M. Kossi Tenou.
Les membres du Conseil National de Crédit (CNC) réunis, le 21 mars 2023, à Lomé, pour le compte de leur première session de l’année, ont échangé sur trois points, dont ceux relatifs à l’évolution de la situation économique, monétaire et du système bancaire et financier au 31 décembre 2022, ainsi qu’aux facteurs bloquant le financement du secteur de l’habitat. La réunion a été officiée par le ministre conseiller du président de la République, M. Simfeitcheou Pré. Il a évoqué l’environnement macro-financier dans le contexte de persistance des tensions inflationnistes et de la poursuite du conflit russo‑ukrainien. Selon lui, « les informations disponibles indiquent que l’activité économique mondiale devrait ralentir en 2023, en liaison avec : “les effets négatifs du conflit russo‑ukrainien”, “la poursuite de la désorganisation des chaînes d’approvisionnement” et le durcissement des conditions financières” ».
Au niveau national, il a estimé que les projections laissent apparaître une résilience de l’activité économique, avec un regain de croissance économique de 80 points de base à 6,6% en 2023, après 5,8% en 2022 et 6% en 2021. « Tous les secteurs contribueront à cette croissance économique, en particulier le secteur tertiaire, dont la contribution est attendue à 4%. Quant au taux d’inflation, il devrait amorcer une baisse pour se situer en moyenne à 6,8% à fin décembre 2023, contre 7,6% en 2022 et 4,5% en 2021 », a-t-il indiqué.
Les banques exhortées à soutenir davantage la mobilisation des ressources
Au titre des finances publiques, M. Pré a relevé que le budget de l’Etat est légèrement en hausse. « En effet, la loi des finances 2023 a arrêté un budget de 1.958 milliards, contre 1.876 milliards dans le budget 2022 remanié. Dans le cadre de l’exécution du budget 2023, il est prévu 575 milliards des ressources à tirer des emprunts obligataires. C’est pourquoi, je voudrais, d’ores et déjà, demander au président de l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers du Togo (APBEF-Togo), qui est présent parmi nous, d’exhorter les banques à soutenir davantage le trésor public dans la mobilisation des ressources sur le marché régional des titres publics », a lancé le ministre conseiller. Concernant le financement de l’économie, trois principales évolutions ont été notées. Elles sont relatives « à l’accroissement soutenu du volume de crédit octroyé aux opérateurs économiques », à « la baisse des taux d’intérêt débiteurs de 20 points de base, en glissement annuel à 7,4% en 2022 » et à « l’amélioration concernant la poursuite de l’assainissement du portefeuille de crédit des banques et des systèmes financiers décentralisés ».
Point sur le renchérissement des coûts des opérations de transfert
Au regard de ces évolutions, M. Pré a félicité tous les acteurs, en particulier les premiers responsables des banques et des systèmes financiers décentralisés. « Je les encourage à maintenir cet élan pour accompagner les opérateurs économiques dans ce contexte particulier marqué par les besoins importants de financement des entreprises et de l’Etat. J’exhorte particulièrement les banques et les systèmes financiers décentralisés à développer des produits innovants visant à mobiliser sur le marché ou directement auprès de la clientèle l’épargne disponible pour accroître les concours à l’économie ».
Par ailleurs, le ministre conseiller a abordé le volet relatif au renchérissement des coûts des opérations de transfert, en rappelant que les opérateurs économiques constituent un maillon central de l’économie et donc de l’activité du système bancaire. Et le rôle des banques est, entre autres, de faciliter et de fluidifier les transactions liées à leurs opérations, surtout celles avec l’étranger. « Malheureusement, il m’a été rapporté que certains opérateurs économiques éprouvent des difficultés, dans le cadre du règlement de leurs fournisseurs étrangers, notamment européens, en raison du renchérissement des coûts des opérations de transfert. Ces pratiques sont intolérables. Le Directeur National de la BCEAO m’a, toutefois, rassuré qu’il a organisé, le 10 février dernier, une réunion avec les directeurs généraux des établissements de crédit pour clarifier les dispositions réglementaires en matière de conditions de banque sur les opérations de transfert hors UEMOA. Je voudrais, à mon tour, demander au président de l’APBEF-Togo d’inviter les établissements de crédit à prendre des mesures idoines pour se conformer aux dispositions réglementaires relatives aux conditions de banque sur les opérations de transfert hors UEMOA », a exhorté M. Pré.
Les leçons à tirer des récentes faillites bancaires
Au dernier commentaire portant sur les leçons à tirer des récentes faillites bancaires, le ministre Pré a relevé qu’au regard de l’effondrement de certaines banques aux Etats-Unis, on peut déduire que les institutions financières, qui ne prennent pas suffisamment de dispositions pour respecter les normes des indicateurs de solidité financière, peuvent se retrouver dans des situations similaires et faire faillite. « Conscient de l’importance du rôle que les établissements de crédit jouent dans notre économie, je voudrais demander au Directeur National de la BCEAO d’exhorter les établissements de crédit à prendre des mesures idoines pour améliorer davantage leur situation prudentielle, afin de rendre leurs établissements plus solides et plus résilients, gage de la stabilité du système financier », a-t-il suggéré. Pour conclure, il a souhaité que les banques et les systèmes financiers décentralisés puissent relever, en 2023, les défis de l’accroissement des financements aux micros, petites et moyennes entreprises à des coûts abordables, de l’augmentation du financement des secteurs de l’agriculture et de l’habitat, du renforcement de la digitalisation des services financiers et de l’amélioration continue de la qualité des services financiers.
Le CNC est un observatoire des évolutions économiques du Togo, qui se réunit quatre fois par an. Il rassemble les représentants du secteur bancaire et de la micro finance, ceux du ministère de l’Economie et des Finances, de la BCEAO, du patronat, de la Chambre du commerce et des associations de consommateurs. Le Conseil National du Crédit étudie les conditions de fonctionnement du système bancaire et financier, notamment dans ses relations avec la clientèle et dans la gestion des moyens de paiement, ainsi que les conditions de financement de l’activité économique.
Dorethée BROOHM
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