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Le 27ème Sommet France-Afrique s’est achevé samedi au Mali sur l’adoption d’une déclaration dite de Bamako

Le 27ème Sommet France-Afrique s’est achevé samedi au Mali sur l’adoption d’une déclaration dite de Bamako

Le 27e sommet France-Afrique s’est achevé samedi dans la soirée dans la capitale malienne sur une déclaration dite de Bamako. Celle-ci appelle à la consolidation de la paix et de la sécurité en Afrique, à la croissance inclusive du continent et au renforcement du partenariat multidimensionnel Afrique-France. A cette grand’messe franco-africaine, ont pris part le président français, François Hollande, son homologue togolais Faure Gnassingbé et une trentaine d’autres chefs d’Etat et de gouvernement  aux côtés de l’hôte du sommet, le président Ibrahim Boubacar Kéita. Le thème de ce 27ème sommet Afrique-France est « Pour le partenariat, la paix et l’émergence ».

Bamako, la capitale malienne s’est drapée de ses grands atours, tant sur le plan infrastructurel que sécuritaire, pour accueillir  le 27ème sommet Afrique-France, avec autant de succès que la 23ème édition de 2005. Le thème choisi : « Pour le partenariat, la paix et l’émergence », est significatif  des enjeux de la coopération Afrique-France et des défis du développement du continent africain.  Une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement dont Faure Essozimna Gnassingbé  étaient au rendez-vous. Dans un élan volontariste, les dirigeants africains et français ont eu à cœur de trouver des pistes de solutions aux problématiques de consolidation de la paix et de la sécurité en Afrique, de croissance inclusive du continent  ainsi que du renforcement continu du partenariat multidimensionnel Afrique-France dans une vision commune, fondée sur la responsabilité partagée et la solidarité effective.

Les attentes du continent pour son émergence

Les grandes préoccupations  de ce sommet ont été dévoilées la veille vendredi, à l’ouverture de la réunion ministérielle préparatoire co-présidée par les ministres malien  Abdoulaye Diop des Affaires étrangères, de la Coopération Internationale et de l’Intégration africaine   et français  Jean- Marc Ayrault des Affaires étrangères. Elles s’articulent, principalement autour des points suivants :

– la responsabilité plus partagée dans la mise en commun de moyens et de forces dans la lutte globale contre le terrorisme, la piraterie, et la criminalité transnationale organisée, au Sahel, en Afrique du Nord, dans la Corne de l’Afrique et dans la région du Bassin du lac Tchad, y compris, notamment la montée en puissance de l’Architecture africaine de paix et sécurité (APSA), et le déploiement d’une Force de réaction rapide, sous l’égide de l’Union africaine ;

– la mobilisation autour de l’agenda 2063 de l’Union Africaine, qui transformera en profondeur le continent dans les domaines prioritaires du développement durable ;

– la mobilisation autour de l’accord de Paris sur le changement climatique par la consolidation du partenariat Afrique-France face aux risques que représentent la désertification qui progresse, la déforestation, le manque d’eau, les risques pour la biodiversité.

– l’accélération des rythmes de croissance économique inclusive, avec des politiques plus efficaces aux plans de l’épargne et de l’investissement, en développant les infrastructures et la capacité commune dans les domaines scientifiques et techniques ;
– la concrétisation du projet de ‘’Fondation franco-africaine pour la croissance’’ visant l’augmentation du niveau des échanges commerciaux entre la France et le continent africain ;

– l’opérationnalisation de l’Initiative africaine sur les énergies renouvelables ;

– l’élargissement du partenariat Afrique-France en matière de connaissance, du savoir, de l’innovation et de la numérisation pour favoriser la diversification des économies.

Toutes ces questions sont consignées dans une Déclaration dite de Bamako soumise à la signature des chefs d’Etat et de Gouvernement.

Les discours annonciateurs de nouveaux objectifs

Le sommet proprement dit a été ouvert samedi 14 janvier, au Centre de conférence international de Bamako (CICB) par les allocutions du président Ibrahim Boubacar Keïta,  du chef de l’Etat français François Hollande et  du président en exercice de l’Union Africaine Idriss Déby Itno.

Dans leurs discours, les dirigeants africains et français ont mis l’accent sur les problèmes africains et sur les solutions également africaines et  insisté sur les questions de paix et de sécurité et le développement équilibré et durable dans un cadre de partenariat franco-africain équitable et gagnant-gagnant.

Dans cette perspective, l’allocution du président français a été très attendue. Au chapitre de  la paix et la sécurité en Afrique, la coopération sécuritaire  avec la France a mis de plus en plus l’accent sur l’antiterrorisme (mise en place d’unités spéciales, outils de surveillance  et la formation de 20 000 soldats par an). Ce chiffre  va passer  à 25 000   soldats formés par an sur les trois prochaines années et une école de formation en cybercriminalité sera ouverte, selon  M. François Hollande qui, vendredi, avait effectué une escale symbolique sur la base militaire française de Gao.

Au chapitre du développement,  M. Hollande a précisé que l’Agence française de développement (AFD) va augmenter de 15 % ses engagements pour mobiliser 23 milliards d’euros (environ 15. 088 milliards de FCFA) pour le continent dans les cinq ans à venir.

Le président français a aussi annoncé un fonds d’investissement franco-africain doté de 76 millions d’euros (49. 856 millions de FCFA) sur 10 ans.

Le président français a également évoqué les questions de développement durable par la lutte contre le réchauffement climatique et l’accès à l’énergie renouvelable, un secteur pour lequel il a annoncé un investissement de 3 milliards d’euros (1.968 milliards FCFA) grâce à la taxe sur les transactions financières

Somme toute, l’émergence pour une croissance inclusive et créatrice d’emploi passe par des solutions durables aux défis et  menaces à la paix et des actions efficaces concertés d’accompagnement à l’économie et au développement.

Une feuille de route adoptée

A la fin de leurs travaux à huis clos, les chefs d’Etat et de gouvernement ont adopté la  Déclaration de Bamako, sorte de feuille  de  route  fixant les axes prioritaires  d’un partenariat franco-africain ambitieux et innovant devant favoriser  la paix et l’émergence économique véritable du continent.

Engagement pour la paix, la  sécurité et le développement

La part du Togo…

Il est intéressant de souligner que l’intrinsèque corrélation entre paix, sécurité et développement qui a dicté le choix des thématiques du Sommet Afrique France de Bamako figurait déjà à l’ordre du jour du Sommet extraordinaire de l’Union Africaine sur la sécurité, la sûreté maritimes et le développement économique tenu du 10 au 15 octobre dernier à Lomé.

En effet, la mobilisation du continent pour la paix et la croissance inclusive et créatrice d’emploi passe par une volonté manifeste de se doter d’instruments juridiques efficaces et contraignants, à l’instar de la Charte de Lomé ratifiée récemment par le Togo.

Aussi, dans  leur Déclaration finale du sommet de Bamako pour le partenariat, la paix et l’émergence, les chefs d’Etat et de Gouvernement ont-ils salué l’adoption de la Charte africaine de Lomé. Ils se sont également félicités de la complémentarité entre le processus de Yaoundé et le sommet de Lomé et ont encouragé les partenaires au développement ainsi que le secteur privé à appuyer ces initiatives.

A Bamako, le président Faure Gnassingbé, lors des travaux à huis clos, a défendu encore la nécessité pour les pays africains d’œuvrer résolument et de manières concertée pour la paix régionale dans le contexte présent, caractérisé par des menaces à la sécurité et à la stabilité qui sont autant de freins aux efforts de développement.

Très engagé sur le terrain du maintien de la paix, le Togo est, avec la France, l’un des premiers contributeurs aux troupes de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).

Asseoir les bases d’un leadership entrepreneurial de la jeunesse et de la femme africaine

L’Afrique représente une formidable force démographique, un  espace d’opportunités économiques et d’investissements et veut s’inscrire dans une perspective d’émergence. Pour soutenir cette ambition, le continent a besoin d’une jeunesse active, créatrice d’emplois et d’innovations dans plusieurs champs sectoriels comme ceux des nouvelles technologies de communications, de l’agriculture, des énergies renouvelables, etc.

C’est pourquoi, outre les questions politiques, le 27ème  sommet Afrique-France à Bamako a voulu enclencher une dynamique à l’émergence économique  de l’Afrique en donnant aux femmes, à la jeunesse des perspectives de formation professionnelle, d’emploi  et de réalisation de leur avenir. Dans ce cadre a été initiés divers forums avec l’implication du secteur privé, des institutions financières dont le FMI, la Banque Mondiale, la Francophonie, des organisations de la société civile, etc.

Ainsi, le forum  Genre et développement  a mis l’accent sur l’entrepreneuriat féminin dans le domaine de l’agro-business comme la clé de l’émergence de l’Afrique.

Celui de la jeunesse a centré le débat sur l’entrepreneuriat des jeunes, en tirant profit de la révolution numérique. Il reste à créer des conditions pour accompagner les jeunes à vivre dans leurs propres pays et à y  travailler et gagner dignement leur vie face au désastre des migrations clandestines. A l’ouverture du sommet,  des prix ont été remis par les chefs d’Etat à des start-up dont les innovations ont été retenues dans le cadre du concours Digital Africa, initié par l’AFD et Bpifrance.

Un autre, non des moindres  est le forum économique qui a  réuni des entrepreneurs et décideurs français et africains autour des stratégies de diversification, de montée en gamme et  de développement inclusif de l’Afrique par la valorisation du secteur privé.

Kossi N’BOUKE

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