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L’avenir que nous voulons pour l’Afrique, Agenda 2063

L’avenir que nous voulons pour l’Afrique, Agenda 2063

 

Au 24e sommet de l’Union Africaine en 2015, les Chefs d’Etat et de gouvernement ont adopté l’Agenda 2063. Il s’agit d’un document intégrateur qui reflète continent, que les Africains veulent dans 50 ans : une Afrique intégrée, prospère, pacifique, dirigée « réellement » par ses propres citoyens et représentant une force dynamique sur la scène internationale.
Une planification ambitieuse qui nécessite des défis à relever pour garantir sa réussite, selon l’inspectrice générale des missions diplomatiques et consulaires au ministère des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Intégration africaine, Mme Amoko Virginie Kouvahe.

C’est à la célébration du cinquantenaire de l’Union Africaine que les leaders politiques africains ont renouvelé leur engagement à mettre en œuvre cette vision panafricaine en approuvant un plan pour la transformation structurelle de l’Afrique. L’Agenda 2063 défini une trajectoire de croissance inclusive pour l’Afrique sur les 50 prochaines années, tout en intégrant les enseignements tirés des 50 années écoulées. Ce plan se repose sur sept aspirations à savoir : une Afrique prospère portée par une croissance inclusive et le développement durable ; un continent intégré politiquement uni, porté par les idéaux du panafricanisme et la vision de la renaissance africaine ; une Afrique de bonne gouvernance, de démocratie, de respect des droits de l’homme, de justice et d ‘Etat de droit ; un continent de paix et en sécurité. On pense également à une Afrique avec une identité culturelle forte, un patrimoine commun des valeurs et éthique ; une Afrique dont le développement est assuré par les peuples, puisant dans le potentiel des jeunes et des femmes et s’occupant de ses enfants ainsi qu’une Afrique acteur et partenaire fort et influent dans le monde.
Cette planification à long terme telle que prévue dans l’Aganda 2063 n’est pas nouvelle. Un certain nombre de pays africains ont déjà élaboré des plans et des visions nationales à long terme. Il s’agit, entre autres, du Togo (2030), de la Sierra Léone, du Sénégal et du Cameroun (2035), d’Ouganda (2040), d’Afrique du Sud et d’Egypte (2050). D’autres pays comme le Nigéria, le Malawi, le Rwanda, le Lesotho et la Côte d’Ivoire se préparent à conclurent leurs visions respectives qui se terminent en 2020.
Selon l’inspectrice générale des missions diplomatiques et consulaires au ministère des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Intégration africaine, Mme Amoko Virginie Kouvahe, l’agenda 2063 a été élaboré grâce à un important processus de consultation des différentes parties prenantes, notamment les jeunes, les femmes, les organisations de la société civile, la diaspora, les groupes de réflexion et les instituts de recherche africain. Les planificateurs du gouvernement, le secteur privé, les médias africains, les chefs religieux et des réseaux interprofessionnels n’en sont pas du reste.
Pour Mme Kouvahe, ce plan est contenu dans un document technique développé en trois parties et subdivisé en six chapitres. Il s’agit de la vision (contexte, défis et opportunités pour sa réalisation), le cadre de transformation décrivant les objectifs, les domaines prioritaires, les buts et les propositions de stratégies ainsi que les facteurs de réussite décisive. La dernière partie, étant consacrée à l’action, à la mise en œuvre, suivi, évaluation et mesure d’accompagnement. Tout ceci est assorti du premier plan décennal 2013-2023 qui énonce les priorités immédiates conçues pour démarrer le procesus vers 2063.

La gestion rationnelle des ressources

L’Afrique regorge d’importantes ressources et d’énormes opportunités d’investissements. De nombreux pays affichent aussi une croissance importante, découlant de l’exploitation des matières premières et de la mise en place de politiques macroéconomiques optimales.
Cependant, plusieurs défis restent à relever pour garantir la réussite de l’Agenda 2063. Pour MME kouvahe, avant d’entreprendre une planification pour les cinquante prochaines années, il est indispensable de commencer par un état des lieux véritable des précédents programmes de développement et le bilan exhaustif du leadership de l’UA dans leur conduite, afin de déterminer clairement les succès et les échecs. Elle a indiqué que, les défis à relever par l’UA sont énormes. D’abord, la paix et la sécurité. « Ces aspects demeurent cruciaux pour tout projet de développement. Une stabilité relative règne sur le continent mais l’on observe la résurgence de nouvelles menaces et de conflits asymétriques. Des efforts plus importants, plus concertés et plus coordonnés sont donc nécessaires pour garantir une paix et une sécurité », a – t – elle déclaré.
Une planification aussi ambitieuse et complexe que l’Agenda 2063 nécessite des données statistiques fiables, permettant de faire de bonnes extrapolations. « La maîtrise des données statistiques dans tous les secteurs en Afrique est un important défis à relever pour une bonne planification de l’Agenda », a relevé Mme Kouvahe.

Création de richesse et des emplois

S’agissant de la capacité des Etats Africains à financer l’Agenda 2063, le financement est une des conditions majeures à son effectivité. Raison pour laquelle, les banques ont un rôle important à jouer pour soutenir le Plan. Selon Mme Kouvahe, bon nombre de programmes ont été tributaires de leur déficit de financement ou de la fausse prémisse qu’ils pouvaient l’être à travers l’aide au développement. « De ce point de vue, l’Agenda 2063 doit changer de paradigme en prévoyant le financement du développement de l’Afrique par l’Afrique elle-même », a – t – elle souligné.
Un autre défi majeur de l’Agenda 2063, c’est sa complexité. Pour la diplomate, l’élaboration et la mise en œuvre de l’Agenda s’avère extrêmement complexe, d’autant plus qu’il constitue un programme de développement pour cinquante-quatre Etats vivant des réalités avec de multiples diversités sociales, économiques et politiques. Un programme qui prévoit une planification de la trajectoire de développement sur une période de cinquante ans, dans un environnement mondial en perpétuelle mutation. « Eu égard à cette double complexité, l’Agenda 2063 requiert un dispositif robuste devant être complémentarité de ceux des Communautés Economiques Régionales (CER) et des Etats membres en matière de planification stratégique à moyen et à long terme », a indiqué Mme Kouvahe avant de préciser que l’Agenda doit être assorti d’instruments concrets de recadrage pour amener les différentes parties à respecter effectivement leurs engagements. Ce qui éviterait que certains Etats membres posent des actions contraires, de nature à entraver la bonne exécution de l’Agenda.
En définitive, pour que l’Afrique soit en paix avec elle-même, pour qu’elle devienne l’Afrique que nous voulons au lendemain de 2063, il faut que les économies africaines se développent et que l’abondance gagne certaines couches de la population, vivant depuis des années dans la précarité, dans la misère.
Pour que la transformation de l’Afrique réussisse et qu’elle affiche une croissance forte dans les 50 années à venir, il faut un leadership politique stratégique à tous les niveaux et dans toutes les couches de la société, qui soit adossé à des institutions fonctionnant correctement et à un environnement propice aux affaires, une intégration régionale, une création d’emplois et une réduction des conflits et de la fragilité.

Moussouloumi BOUKARI

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