“Transition énergétique et industrialisation de l’Afrique”, c’est le thème d’un panel tenu ce 1 novembre 2023, au cantre International de Conférence du Caire, en marge de la Foire Commerciale Inter-africaine (IATF 2023). Les discussions ont porté sur la poursuite mondiale d’une transition juste, le besoins de sécurité énergétique, une opportunité ou une menace pour l’Afrique? Comment l’Afrique peut utiliser ces propres ressources pour améliorer l’accès à l’énergie et stimuler l’industrialisation?
Les panélistes ont exploré également ce que transition énergétique signifie pour le commerce intra-africain et les relations commerciales entre l’Afrique et les partenaires extérieurs.
A l’issu des débats, il ressort, selon les panélistes, la nécessité pour l’Afrique d’utiliser les énergies mixes pour se développer et compter sur ses propres ressources pour son industrialisation.
L’Afrique est confrontée à un énorme défi lié à la transition énergétique et au changement climatique. Le continent pollue le moins mais subit les effets négatifs du changement climatique. Dans son processus d’industrialisation et le souci de stabiliser ses systèmes énergétiques pour alimenter ses industries et assurer sa compétitivité, la question de l’utilisation énergétique s’impose. Doit-on suivre la logique de la transition énergétique ou utiliser les énergies que certains c’étaient servi pour développer leurs industries en nous mettant de côté?
Le Secrétaire général de l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APO), Dr. Omar Farouk Ibrahim, estime que pendant longtemps, l’Afrique a été mise à l’écart dans les prises de décisions et les pays développer se sont servis de ses ressources fossiles pour s’industrialiser et améliorer les conditions de vie de leur population. « Aujourd’hui, l’Afrique qui est au début de l’utilisation des fossiles, on lui dit non, qu’il faut se diriger vers les énergies renouvelables face aux défis climatiques. Alors que rien ne nous garantit un développement assuré avec ces nouvelles énergies ». Dr. Omar Farouk Ibrahim a invité les experts africains à approfondir les recherches sur l’utilisation des énergies renouvelables mais aussi de faire recours aux technologies qui permettent de diminuer les émissions ou les arrêter, car l’Afrique dispose d’énormes ressources diversifiées et « nous ne pouvons pas continuer toujours à être des importateurs d’énergie pour nous industrialiser ».
Difficultés d’accès au financement
Pour le président du groupe Trinity du Sud-Soudan, M. Akol Ayii, au-delà de la surexploitation dans l’intérêt de l’accumulation étrangère des ressources minières et énergétiques du continent, le retard de l’industrialisation de l’Afrique est lié aussi au manque de vision politique, à l’instabilité politique, la faiblesse de la taille du marché, les difficultés d’accès au financement, etc. S’agissant de l’utilisation de l’énergie face à l’industrialisation de l’Afrique et aux défis de la transition énergétique, M. Akol estime qu’il n’est pas nécessaire d’abandonner ces énormes ressources énergétiques pour de nouvelles, qu’il faut équilibrer et tenant compte des énergies utilisées par les populations africaines.
D’où la nécessité, selon lui, de faire un mix entre plusieurs solutions énergétiques.
Abondant dans le même sens, Mme Helen Brume, directrice Projets et financement basé sur les actifs à Afreximbank, rappelle que 600 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité, 900 millions n’ont pas accès aux énergies propres pour cuire ce qu’elles mangent.
Face à cette situation, elle estime que le continent doit pouvoir poursuivre son chemin vers l’industrialisation et qu’elle ne peut pas le faire seulement avec les énergies renouvelables. Elle doit faire intervenir ses ressources propres. Pour gagner ce pari, Mme Brume a indiqué trois défis, notamment l’amélioration de la création de valeur, la capacité manufacturielle des pays et le développement de la maindoeuvre. « Les banques africaines doivent intervenir dans le processus d’industrialisation de l’Afrique et la banque panafricaine Afreximbank a un rôle très important à jouer pour soutenir les différents projets de développement contribuant à diminuer le gaz à effet de serre ». Mme Helen Brume, a mis l’accent sur le programme EPC, stratégiquement conçu pour renforcer les entrepreneurs locaux et conserver des connaissances cruciales sur le continent.
Un avis partagé par le Secrétaire général de l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APO), Dr. Omar Farouk Ibrahim, qui souligne que l’ère colonial est terminée. « Nous n’avons que des problèmes structurels. Le problème africain aujourd’hui est Africain. Il faut se focaliser sur les points importants et permettre aux institutions de recherche de travailler de le sens du développement du continent », a-t-il déclaré.
L’Afrique est l’avenir du monde
Un point de vue partagé par le représentant du ministère de l’Industrie et du Commerce de l’Égypte, M. Ali Pacha, qui indique qu’il s’offre à l’Afrique une réelle opportunité de créer des emplois et de promouvoir la transformation économique inclusive par le développement de la manufacture au niveau national, et à travers un processus d’industrialisation axé sur les produits de base, en tirant parti des ressources du continent et des opportunités qu’offrent les changements qui s’observent dans la structure de la production mondiale. Pour exploiter les opportunités d’industrialisation qui se présentent à l’Afrique, il faudrait valoriser les produits nationaux, les produits de base agricoles et industrielles, et établir des liens en amont et en aval avec les chaînes de valeur régionales et internationales.
Selon les panélistes, la transition énergétique ne pourra se faire sans l’Afrique. Le regard du monde est dirigé vers l’Afrique. Le continent doit développer les capacités pour s’industrialiser et le reste suivra. L’Afrique ne doit plus accepter se faire dicter ce qu’elle doit faire. Les Africains doivent se faire confiance pour faire face au développement international, car notre continent peut être un grand employeur du monde.
Moussouloumi BOUKARI
RSS