L’adhésion du Togo au Commonwealth avance à grands pas. Dans ce cadre, la deuxième mission d’évaluation, qui séjourne à Lomé, depuis quelques jours, a eu une séance de travail avec la partie togolaise, ce lundi, au ministère des Affaires étrangères et de l’Intégration africaine.
Le Togo a fait une demande d’adhésion au Commonwealth. Le processus d’adhésion à cette organisation comporte 4 étapes d’évaluation. Après la première en février dernier, une délégation du Commonwealth, avec à sa tête, Mme Yvonne Apea Mensah, séjourne à Lomé, depuis quelques jours, pour la deuxième évaluation. Elle a eu une séance de travail avec la partie togolaise, au cabinet du ministère des Affaires étrangères et de l’Intégration Africaine, réunion présidée par le premier responsable, Pr Robert Dussey. Ceci, après avoir consulté les institutions de la République et toutes les couches sociopolitiques et économiques du pays.
Les enjeux de l’adhésion du Togo au Commonwealth sont multiples. En effet, sur le plan diplomatique, elle lui permettra d’intégrer une grande famille de 52 Etats amis et alliés. Le Togo, de ce fait, aura la possibilité d’élargir le champ de ses rapports étatiques et de diversifier, davantage, ses relations d’amitié et de coopération, en se faisant de nouveaux amis et en se rapprochant un peu plus de ses vieux amis, tels que la Grande Bretagne, l’Australie, la Nouvelle Zélande, etc. de même que de ses voisins de la CEDEAO qui en sont membres.
Sur le plan stratégique, dans un contexte de retrait de la Grande Bretagne de l’Union Européenne, il est indispensable pour le Togo de reconfigurer ses relations avec la Couronne britannique en dehors de l’UE et d’entrer dans sa sphère d’influence mondiale.
Au plan économique, le Commonwealth, à travers le Fonds pour la Coopération technique (CFTC) et l’Association des pays du Commonwealth, joue un rôle important dans le progrès économique et social de ses membres, en agissant sur leur rythme de croissance économique. Par ailleurs, sur le plan commercial, l’organisation constitue un vaste marché extérieur (plus de 2 milliards de consommateurs) pour les exportations des produits nationaux togolais.
Comme enjeux socioculturels, l’adhésion au Commonwealth serait l’occasion d’un brassage culturel nouveau pour les Togolais, avec un éventail de possibilités nouvelles qui s’offriraient à eux en termes de voyages, d’études et de travail. En outre, le Togo étant un pays où la langue anglaise est enseignée depuis le CEG jusqu’à l’université, face à l’expansion galopante de l’anglais dans le monde, le Commonwealth serait un tremplin pour le pays de tirer un réel profit, à travers de nouveaux canaux d’échanges.
Les atouts du dossier togolais
De ce fait, le dossier de candidature du Togo au Commonwealth présente des atouts indéniables. En effet, l’argument historique et socioculturel est un élément qui milite fortement en faveur du Togo. Ancien « condominium » franco-britannique, le Togo conserve des liens indissociables avec la Grande Bretagne et l’ensemble de ses anciennes colonies qui forment majoritairement, aujourd’hui, le Commonwealth. Ainsi, malgré le rattachement du Togo britannique à la Gold Coast, suite au référendum du 9 mai 1956, les Togolais ont toujours su garder et entretenir des liens historiques et familiaux avec leurs frères devenus Ghanéens. Il s’agit, en fait, pour le Togo d’assumer, aujourd’hui, cet héritage avec la Couronne et la culture britannique. L’autre atout majeur pour le pays reste l’évolution, ces dernières années, de son processus démocratique. Une adhésion du Togo à cette instance serait une reconnaissance internationale de ce renouveau sociopolitique.
A noter que le Commonwealth est une organisation intergouvernementale créée formellement en 1949 par la Déclaration de Londres. Traditionnellement composé d’anciens territoires sous domination britannique (aujourd’hui anglophones), le Commonwealth a, de nos jours, considérablement évolué, en s’ouvrant à tous les pays épris de paix, de liberté et engagés dans la promotion des valeurs de démocratie, des droits de l’Homme, de bonne gouvernance et respectueux du principe de non-ingérence. L’organisation regroupe, à ce jour, 52 Etats à travers le monde et a son siège à Londres. Elle est dirigée par Sa Majesté la Reine Elisabeth II d’Angleterre. Loin d’être un regroupement symbolique d’Etats, le Commonwealth est une véritable organisation fortement engagée sur les questions de gouvernance et dotée de moyens techniques et financiers, conséquents, lui permettant d’atteindre ses objectifs de développement socioéconomique dans chacun de ses Etats membres.
Blandine TAGBA-ABAKI
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