L’ambassadeur, chef de Délégation de l’Union européenne au Togo, M. Nicolas Berlanga Martinez, a présenté mercredi dernier, à sa résidence, deux petits livrets contenant des conférences du Club Diplomatique de Lomé (CDL). Il entendait ainsi rendre hommage à deux évènements et une personnalité importante, qu’on estime sur le plan international. Il s’agit d’abord du Club Diplomatique de Lomé qui a créé un espace de réflexions et d’échanges sur les enjeux mondiaux. Ensuite, le 60e anniversaire du Traité de Rome qui a mis les jalons de ce qu’on appelle aujourd’hui, l’Union européenne, puis des fleurs jetées à l’ancien Premier ministre, Edem Kodjo, grand penseur, panafricaniste togolais.
Deux petits ouvrages de conférences du Club Diplomatique de Lomé, ont été publiés, mercredi, par le chef de Délégation de l’Union européenne au Togo, M. Nicolas Berlanga Martinez, pour rendre hommage à deux évènements et témoigner sa considération au panafricaniste Edem Kodjo.
Le premier hommage, selon l’ambassadeur de l’UE, va au Club Diplomatique de Lomé, créé en novembre 2014. « Ce Club a eu le mérite d’ouvrir un espace de dialogue et des échanges, de laisser de côté un certain nombre de principes et de conformités pour essayer de s’approcher des réalités, des libertés, des responsabilités dans les échanges, dans les analyses de la situation de notre monde actuel », a déclaré M. Berlanga Martinez. Il a salué le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Intégration africaine, M. Robert Dussey pour cette initiative, ainsi que les personnalités impliquées, notamment les représentants d’institutions internationales, les universitaires, la société civile et toutes les personnes qui travaillent pour le développement de ce Club.
Le second hommage s’adresse à l’ancien Premier ministre Edem Kodjo, un homme d’Etat, un grand visionnaire à l’avant-garde d’une intégration africaine intelligente et rationalisée. Un africaniste et un politicien pragmatique qui, récoltant les leçons de l’histoire, ne s’est pas laissé entraîner par les urgences révolutionnaires ou les dérives autocratiques.
A cet effet, le premier livret publié est une conférence que M. Edem Kodjo a donnée au Club Diplomatique de Lomé, sur le thème : « l’Afrique dans la géopolitique mondiale », le 3 juillet 2015.Celui-ci est revenu sur les leçons de l’histoire et les atouts de l’Afrique, l’ordre mondial actuel, les relations entre l’Europe et l’Afrique et ce que doit faire l’Afrique face à un monde où prévaut la volonté de puissance. Selon lui, l’Afrique n’est pas totalement un élément qui compte effectivement dans le monde. Le continent africain ne pèse pas suffisamment dans la géopolitique mondiale.
L’Ancien Premier ministre a souligné aussi que le monde est troublé, qu’il est en profonde mutation citant le Brexit, le terrorisme, l’immigration, le développement technologique, la montée au pouvoir des présidents exceptionnels, etc. Comme solution, Edem Kodjo pense que les communautés économiques africaines, en même temps qu’elles luttent pour atteindre les objectifs, doivent avoir aussi comme impératif, l’unification territoriale et politique de l’Afrique, seule chance pour le continent de se transformer en grande puissance moderne.
Actions concertées avec d’autres entités
L’autre ouvrage contient deux conférences. La première communication du Club Diplomatique de Lomé donnée par l’ambassadeur de France au Togo, M. Marc Fonbaustier, le 14 novembre 2014, sous le thème : « le monde de 2015 : Anatomie d’une période de transformations » et celle donnée par le Chef de Délégation de l’UE, M. Nicolas Berlanga Martinez, le 15 février 2016, sous le thème : « Quelle diplomatie pour les défis et les opportunités du XXI é siècle ? ».
S’agissant de la première conférence, le diplomate français a mis en exergue le paradoxe qui caractérise le système international actuel en permanente transformation, en perpétuelle mutation, en dépit de l’aspect fini qu’on lui trouve. M. Marc Fonbaustier, comme solution, propose cinq pistes, notamment faire vivre, l’esprit des Nations Unies, de l’Union européenne, de l’Union africaine, des organisations internationales universelles ou régionales à vocation généraliste. « Nous devons sans doute veiller à revitaliser le système multilatéral, en incluant mieux la société civile globale et les grands émergents de chaque continent, y compris l’Afrique », a suggéré l’ambassadeur français.
Le Chef de la Délégation de l’Union européenne au Togo, pour sa part, a, dans sa présentation, posé la problématique du modèle de diplomatie le mieux adapté pour aider les pays à relever les défis et saisir les opportunités qu’offre le monde globalisé et interconnecté du XXIe siècle. Ces défis sont, selon lui, géopolitiques, économiques, sécuritaires, démocratiques, de sous-développement, de respect de l’Etat de droit, de changement climatique, etc. Il encourage alors des regards diplomatiques non stéréotypés par l’histoire ou par les intérêts. M. Berlanga Martinez appelle à dépasser les « canons diplomatiques », à surmonter les propos qui n’essaient que de convaincre les convaincus, ces discours qui expriment un décalage vis-à-vis de la réalité, défendant ce que « nous avons qualifié de paradigme de l’immobilisme ».
Le Traité de Rome
Le troisième hommage est destiné à l’Union européenne qui a célébré, le 25 mars dernier, le 60e anniversaire de la signature du Traité de Rome, qui a posé les racines de l’UE. Selon M. Berlanga Martinez, la vision de ces pères fondateurs, en créant l’UE, était de contribuer à lever un édifice, une concorde et à trouver des solutions aux crises, à travers le dialogue. Pour lui, dans un environnement international fragile, « ça vaut mieux de faire l’éloge de la coopération, du dialogue, de partenariat et faciliter le multilatéralisme coopératif », c’est-à-dire, « donner une réponse conjointe, commune, basée sur des valeurs, face aux grands défis du monde. Ce n’est pas en imposant sa volonté, ses restrictions ou ses idées qu’on pourra résoudre les problèmes, mais c’est à travers le dialogue, les accords, l’harmonie entre les personnes ». C’est cette réflexion que les leaders européens ont fait lors de la signature, il y a 60 ans, du Traité de Rome. « Contrairement à ceux qui pensent qu’il faut se replier sur soi-même, c’est le moment de coopérer et de créer un multilatéralisme efficace », a conclu l’ambassadeur de l’UE.
Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Intégration africaine, M. Robert Dussey, de son côté, a exprimé sa profonde reconnaissance à l’ambassadeur Nicolas Berlanga Martinez qui a tenu à faire sortir ses petits ouvrages pour garder dans l’histoire, les moments forts du Club Diplomatique de Lomé, autour du Premier ministre Edem Kodjo, de l’ambassadeur de France, M. Marc Fonbaustier, ainsi que de sa propre personne. Il a annoncé que la prochaine édition du Club aura lieu dans le mois de mai. Elle sera animée par l’ambassadeur de Chine au Togo.
La cérémonie a pris fin avec un toast en l’honneur du 60e anniversaire du Traité de Rome et de la signature des dédicaces des deux petits livrets.
Moussouloumi BOUKARI
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