La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a initié, cette année, la révision de la stratégie régionale d’inclusion financière, adoptée par le Conseil des ministres de l’UMOA, en juin 2016. Dans ce cadre, un atelier national de concertation de deux jours réunit, le jeudi 27 Juin 2024 à Lomé, l’ensemble des parties impliquées dans la mise en œuvre des initiatives en faveur de l’inclusion financière. Occasion pour eux de discuter des orientations, des mesures et actions à mettre en œuvre pour renforcer le niveau d’accès et d’utilisation des services financiers. Cette nouvelle stratégie devra permettre de s’adapter aux besoins spécifiques de chaque segment de la population, de renforcer l’éducation financière et la protection des consommateurs, de promouvoir l’inclusion financière numérique et enfin, de tirer parti des avancées technologiques, pour offrir des services financiers plus accessibles, abordables et pratiques pour tous.
Vue partielle des parties prenantes.
A l’instar du Togo, chaque pays de l’UEMOA a mis en place une stratégie nationale, en vue de réduire la pauvreté, en fournissant aux ménages, même les plus vulnérables, des outils appropriés pour mitiger les risques auxquels ils sont confrontés, et favoriser la croissance économique. La BCEAO a, quant à elle, élaboré une stratégie commune et cohérente de finance inclusive au niveau régional, en 2016. La mise en œuvre de cette stratégie a permis des progrès significatifs et, partant, l’amélioration de la situation de l’inclusion financière dans l’Union. Sur la base des progrès réalisés et face aux défis persistants, la BCEAO envisage d’actualiser la stratégie régionale d’inclusion financière. La rencontre entamée, hier, s’inscrit dans le cadre des travaux préliminaires à la conception de cette nouvelle stratégie, à travers une approche participative, et le recueil des contributions et recommandations. Les participants vont examiner les progrès réalisés en la matière au niveau des pays, discuter des défis rencontrés dans la mise en œuvre, identifier les priorités nationales, puis analyser les modalités de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre des initiatives.
Le ministre Assih entouré de Mmes Litaaba-Kassou (à droite) et Dogbé Azoma à l’ouverture de la rencontre.
Les travaux sont essentiellement axés sur la présentation du bilan de mise en œuvre de la Stratégie Régionale d’Inclusion Financière, les initiatives nationales et les principaux défis, la présentation de la SNIF et autres initiatives nationales. Des discussions vont être menées sur les priorités en matière d’inclusion financière des Micro, Petites et Moyennes Entreprises, ainsi que des groupes vulnérables (femmes, jeunes, populations rurales), l’éducation financière et la protection des consommateurs, les services financiers numériques, la réglementation et la supervision, etc.
Inclusion financière, un puissant levier de développement humain
Pour le ministre Mazamesso Assih, en charge de l’Inclusion financière et de l’Organisation du Secteur informel, l’inclusion financière, au-delà des questions économiques, est un puissant levier de développement humain et social. Elle donne à chaque individu la possibilité d’accéder à une gamme diversifiée de services financiers adaptés. « La Stratégie Régionale d’Inclusion Financière de la BCEAO, lancée en 2019, a marqué un tournant décisif dans notre effort collectif pour la promotion de l’inclusion financière dans la zone UEMOA. Cette stratégie ambitieuse et novatrice, visait à “assurer l’accès et l’utilisation d’une gamme diversifiée de produits et services financiers adaptés et à coûts abordables à 75% de la population adulte de l’UEMOA, avec un accent particulier sur les populations rurales, les femmes et les jeunes, ainsi que les PME et les personnes à faible éducation financière”. Elle a permis de réaliser des progrès significatifs. Sous le leadership éclairé du président de la République… le Togo a conduit des travaux aboutissant, en 2021, à l’adoption d’une Stratégie nationale d’inclusion financière qui guide désormais nos actions », a-t-elle souligné.
Elle a félicité la BCEAO, pour son initiative de consulter les bénéficiaires des mécanismes d’inclusion financière, afin de mieux comprendre leurs besoins, attentes et préoccupations, se disant convaincue que cet atelier permettra de jeter les bases solides d’une nouvelle stratégie régionale d’inclusion financière ambitieuse, réaliste et porteuse d’espoir pour l’avenir de la région.
Construction d’un écosystème favorable
La présidente du Comité National de Suivi de la Mise en Œuvre (CNSMO) de la Stratégie Régionale d’Inclusion Financière (SRIF) au Togo, Mme Baya Litaaba-Kassou, a relevé que le système financier global a connu une évolution sensible, au cours de ces dernières années, avec la multiplication des institutions et le développement de l’offre de services financiers. Cette évolution est liée, non seulement, aux performances enregistrées au niveau du secteur bancaire et de la finance décentralisée, mais aussi, à la forte croissance de l’économie numérique, en lien avec l’arrivée de nouveaux acteurs tels que les Fintech et les établissements de monnaie électronique et de paiement.
Elle a salué tous les acteurs qui œuvrent pour atteindre les démunis, grâce à différents produits, canaux ou actions, particulièrement, le président de la République, pour son engagement indéfectible en faveur de l’inclusion financière et de l’amélioration des conditions de vie des populations.
« Nous apprécions également la collaboration des institutions financières et l’apport de chaque acteur concerné à la construction d’un écosystème favorable à un accès et une utilisation accrus des produits et services financiers par les populations défavorisées. Vous constaterez, au cours des travaux, que des résultats probants ont été enregistrés dans l’exécution du plan d’action de la stratégie régionale. Près de 80% des activités de la feuille de route de la Stratégie ont été engagées et plusieurs chantiers ont été finalisés. Ces avancées sont reflétées par l’orientation positive des indicateurs de mesure de l’inclusion financière, sous l’effet combiné des innovations financières et d’une réglementation plus favorable à l’accès des populations aux services financiers », a noté le directeur national de la BCEAO pour le Togo, Mme Akuwa Dogbé Azoma. Elle a appelé à réfléchir sur les défis émergents à prendre en compte, pour renforcer durablement l’inclusion financière et améliorer son impact positif sur les conditions de vie des populations et sur la croissance des PME.
Faustin LAGBAI
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