L’ancien chef de l’Etat par intérim, ancien président de l’Assemblée nationale, El Hadj Abass Bonfoh, n’est plus. Il a tiré sa révérence, dans la nuit du 29 au 30 juin dernier à Kabou, son village natal. Tout le peuple togolais, à travers ses institutions, s’est réuni, ce 6 juillet 2021, à la Place des fêtes de Lomé 2, pour rendre un hommage mérité à cet illustre disparu, surnommé par les députés « l’homme au destin exceptionnel ». La cérémonie a été présidée par le chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé, qui avait à ses côtés le Premier ministre, Victoire Tomégah-Dogbé et la présidente de l’Assemblée nationale, Yawa Djigbodi Tségan. On y trouvait aussi des responsables d’institutions nationales et internationales, des membres du gouvernement, des députés, des membres du corps diplomatique et consulaire, des autorités administratives, municipales, militaires et religieuses, des parents et amis du défunt, ainsi que divers autres invités. Tous ont reconnu en celui qui n’est plus, les qualités d’homme d’Etat, pétri de sens de responsabilité, de sacrifice et de don de soi, de courage, de valeurs d’écoute et de conciliation.
Ces éloges funèbres de la nation en mémoire de feu Abass Bonfoh ont été marquées par une oraison prononcée par le ministre d’Etat, chargé de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et du Développement des territoires, M. Payadowa Boukpessi. Il a salué la mémoire de celui qui, alors vice-président de l’Assemblée nationale, sans avoir nourri l’ambition, a été appelé par le destin à assumer la grande responsabilité à la tête de cette institution, puis au sommet de l’Etat comme président de la République par intérim, au lendemain de la disparition du Père de la nation, le 5 février 2005. « Avec son sens aigu de responsabilité, de sacrifice, de don de soi, son courage exceptionnel, sa personnalité propre (homme calme, avec une carrure imposante dotée d’une voix grave et pleine d’autorité), il réussit à conduire à terme l’élection présidentielle du 24 avril 2005. A cet effet, tout le peuple togolais lui doit éternellement une reconnaissance méritée pour cette transition réussie qui a évité à notre pays de faire un saut dans l’inconnu », a reconnu le ministre d’Etat.
Une personnalité ouverte d’esprit, juste, attentive et courtoise
Selon le ministre Payadowa Boukpessi, dans l’exercice de ses fonctions à la tête du parlement, « il était particulièrement attentif et sensible aux engagements et actions du gouvernement, qui ont trait à la consolidation de la paix, au renforcement de la démocratie et à l’amélioration des conditions de vie des populations ». Successivement, a-t-il rappelé, feu Abass Bonfoh a présidé l’investiture de plusieurs chefs de gouvernement du Togo, notamment feu Edem Kodjo, le 9 juin 2005, feu Me Yaovi Agboyibor, le 20 septembre 2006, M. Komla Mally, le 6 décembre 2007, M. Gilbert Fossoun Houngbo, le 8 septembre 2008 et M. Arthème Séléagodji Ahooumey-Zunu, le 23 juillet 2012. Le représentant du gouvernement a également reconnu à l’illustre disparu des qualités d’écoute, de conciliation, d’homme au contact facile, efficace, ouvert d’esprit, juste, attentif et courtois. Qualités qui lui ont valu plusieurs distinctions honorifiques, dont celle du Grand Officier de l’Ordre du Mono, reçue en 2005, est la plus élevée. En dehors de toutes ces qualités, feu Abass Bonfoh avait une passion pour les travaux champêtres, de même que pour Allah.
Son nom inscrit à jamais dans l’histoire du Togo
Il « a réussi tout ce qu’il a entrepris sur cette terre, grâce à son engagement sans faille, sa volonté inébranlable, sa force d’esprit, mais surtout grâce à Dieu en qui il croyait fortement. Qu’il trouve aux yeux du Dieu, créateur de toute chose, l’Omnipotent et l’Omniscient, de qui il ne s’est jamais éloigné pendant sa vie sur terre, la clémence pour d’éventuelles insuffisances auxquelles il aurait été confronté au cours de sa vie, comme tout être humain. Que Dieu console son épouse, ses enfants, les membres de sa famille, ses proches à qui nous voudrions renouveler, au nom du chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé, les sincères condoléances du peuple togolais », a relevé le ministre. « Président Abass Bonfoh, digne fils du terroir, tu as fini ta brillante et exceptionnelle course sur terre ! Ton nom inscrit à jamais dans l’histoire du Togo, restera gravé dans nos mémoires ! Tu resteras une icône de marque de fidélité et de loyauté, un modèle de référence pour les générations présente et future ! Puisse Allah t’accueillir dans sa demeure éternelle pour que tu y reposes en paix ! », a conclu le ministre Boukpessi.
Avec abnégation, son action a contribué à l’enracinement de la démocratie
Pour la présidente de l’Assemblée nationale, Yawa Djigbodi Tségan, l’homme qui a eu le privilège de diriger l’institution parlementaire, de 2005 à 2013, a été élu pour la première fois député, le 21 mars 1999, sous la bannière du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) d’alors. Il s’est fait vite remarquer à l’hémicycle par une fusion de conviction, de loyauté et de discipline. Ce qui lui valu d’être élu président de la 3e législature en 2005, puis à nouveau président de la 4e législature en 2007, a rappelé la présidente du parlement. « Avec dévouement et abnégation, son action à la tête de l’Assemblée nationale, pour les périodes susmentionnées, a grandement contribué à l’enracinement de la démocratie et au processus d’apaisement de la vie sociopolitique au Togo. Connu pour l’intensité de son engagement, il était respectueux de l’intelligence des autres. Il cherchait à inspirer l’estime du fait politique et la dignité du débat républicain », a soutenu Mme Tségan. « Au nom de l’Assemblée nationale, je rends un dernier hommage reconnaissant à ce digne fis de la nation. En ces moments chargés d’émotions, nous voulons rendre grâce à Dieu pour le temps qu’il lui a accordé de vivre parmi nous. Que ses œuvres l’accompagnent et qu’il repose en paix ! », a-t-elle prié.
D’autres témoignages, reçus çà et là de ses anciens collègues et amis politiques après la cérémonie, ont permis de ressortir davantage l’aura brillante de feu Abass Bonfoh, ses qualités d’homme bon et affable à la recherche permanente de la cohésion sociale et un profond respect de la dignité humaine.
Auparavant, une prière musulmane a été dite par un collège d’imams, avec à leur tête, l’imam Sani Karim, vice-président de l’Union Musulmane du Togo (UMT). Il a prié Allah le Tout miséricordieux d’effacer les péchés de l’illustre disparu et de lui accorder le paradis.
Blandine TAGBA-ABAKI
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