Les natifs et ressortissants de la préfecture d’Agou en général et ceux du canton de Tavié en particulier, ont célébré, du 31 juillet au 05 août 2024, leur fête traditionnelle annuelle « Gbagba » ou fête des moissons, sous le thème « L’éducation et la formation professionnelle ». Les activités de cette 301e édition, placée sous le signe de la communion et du vivre ensemble, ont mobilisé particulièrement des foules à l’apothéose, dimanche 4 août 2024, à Apéyémé (Agou Tavié), chef-lieu de la préfecture. Elles ont été marquées par la sortie de « l’homme tigre » et d’autres moments attractifs, tels que la remise des prix à des élèves méritants et établissements scolaires du milieu. Il y avait aussi la remise de la coupe au vainqueur du gala de football et des cadeaux à la « Reine de Gbagba ou Gbagba-Tugbèwofia ».
La loge officielle lors de la célébration
Plus belles les unes après les autres, les festivités marquant la célébration de « Gbagba » dans la préfecture d’Agou (110 Km de la capitale Lomé) sont une occasion de communion, de retrouvailles, de fraternité, de partage, d’union, de pardon mutuel et du vivre ensemble. Elles regroupent, chaque année, des fils et filles de la préfecture qui viennent de divers horizons pour ces festivités qui offrent l’opportunité de réfléchir sur une thématique donnée. Ceci, en vue de prendre des résolutions et recommandations pour davantage œuvrer au développement de leurs localités respectives et partant, de la préfecture, afin de réaliser un réel épanouissement des populations résidentes. Pour l’édition 2024, la 301e du genre, ils ont choisi de réfléchir sur le thème « L’éducation et la formation professionnelle ».
Manifestation culturelle et religieuse des Ewé d’Agou et fête traditionnelle marquant la fin de la saison agricole, Gbagba veut dire « trop plein » de nourriture, boisson, surtout du foufou à base de l’ancienne igname et le ton de la consommation de la nouvelle après la fête. Elle est dédiée à plusieurs divinités qui y gravitent, dont la déesse Gbagba est l’une des pièces maîtresses. Il en est de même pour Apétofia, le tigre ou « l’homme tigre », l’une des divinités vénérées des forêts, des plaines et des montagnes d’Agou. Cette divinité sort une fois l’an sous l’apparence d’un véritable fauve en grande parade, pour rendre visite aux siens. Elle incarne la grande force spirituelle de la classe des grands chasseurs de la localité.
Une tradition ancestrale perpétuée depuis trois siècles déjà
« Nos aïeux étaient de braves agriculteurs dont l’igname en est un des produits phares, et c’est ce qui restait des greniers de l’année dernière qu’on préparait au cours de la fête. Car les nouveaux tubercules d’igname ne peuvent être consommés qu’après la fête, autrement dit, quand les divinités, telles que la terre nourricière et le ciel, auront goûté à cette nouvelle récolte », a renseigné le président du comité d’organisation, M. Apollinaire Komi Abotsitsè. Selon lui, Gbagba qui aurait connu ses débuts vers l’an 1723, est aussi une période de repos astreinte de tracasseries, même en cas de décès.
De l’avis du chef canton de Tavié, Togbui Egou-Lété XI, un autre rituel symbolique de Gbagba s’effectue autour du tam-tam sacré qui, une fois qu’il résonne, fait entrer en transe, selon la légende, un esprit de chasseur, qui se présente avec un aspect physique, mais habité par l’esprit du tigre. « Et c’est ce monsieur qui rendait visite au tam-tam sacré comme tout fils de son clan, soutenu par les membres qui érigent une sorte de branchages de protection, comme si l’homme, Apétofia, se trouvait encore dans la forêt sacrée, pour lui permettre de marcher sans crainte », a-t-il détaillé.
Exécution du rituel ” Bèfumè”
Les festivités de Gbagba démarrent, officiellement samedi 3 août 2024, à Agou Tavié, avec le rituel « Bèfumè », qui se déroule dans la forêt sacrée, couronnée par des cérémonies spécifiques pratiquées par des adeptes initiés. « Les gens y vont pour faire des vœux « Bèfumè (forêt du chiendent) » aux divinités pour trouver du bonheur. Ils font alors des promesses qui, si elles se réalisent, les astreignent à y retourner pour faire des sacrifices aux mânes de l’ancêtre Gbagba. Ce rituel sacré exige que l’auteur soit honnête, ne fasse pas du mal à autrui, auquel cas, il n’obtiendra pas satisfaction à sa demande », a expliqué le point focal de la culture éwé d’Agou, M. Koku Ahiatroga.
D’après ce garant de cette tradition ancestrale, les personnes jugées indignes sont interdites d’accès à la forêt sacrée de Tavié, surtout celles qui sont du milieu ne respectant pas certains interdits comme manger la nouvelle igname avant que cette première récolte soit offerte d’abord aux divinités.
Outre les activités inscrites au chronogramme de l’apothéose de cette fête, dimanche, plusieurs autres évènements ont mobilisé des foules à divers endroits à Agou-Apéyémé : causerie-débat sur le thème de cette manifestation, gala de football, méga concert avec des artistes togolais de la chanson, finale du concours de la « Reine de Gbagba ou Gbagba-Tugbèwofia ». Et c’est Mlle Chamelle Agbo qui a été sacrée à ce dernier évènement.
Visite de l’exposition des produits agricoles
Les cadeaux à la reine de beauté et à ses dauphines, la coupe du vainqueur de gala de foot, les enveloppes financières et de nombreuses autres récompenses, ont été remis, au cours de cette cérémonie solennelle aux différents bénéficiaires, de même qu’à des élèves méritants des divers degrés et établissements scolaires de la localité.
Martial Kokou KATAKA
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