Lomé a abrité, du 20 au 22 octobre 2023, la 1re édition de « Lomé Peace and Security Forum (LPSF) ». Avec pour thème « Comment renforcer les transitions politiques vers une gouvernance démocratique en Afrique ? », ce forum est une initiative du gouvernement qui a réuni des représentants des gouvernements africains et non africains, des experts de haut niveau, des représentants d’organisations de la société civile, universitaires, médias, organisations internationales et professionnelles, du monde des affaires, etc. Il a servi de cadre d’échanges et de réflexion, en vue d’identifier des solutions audacieuses pour renforcer la gouvernance démocratique sur le continent, au-delà du langage formel, afin d’améliorer la compréhension des effets et conséquences des crises politiques, sociales et sécuritaires sur le continent. La cérémonie d’ouverture a été présidée, samedi 21 octobre 2023, à l’hôtel 2 Février, par la cheffe du gouvernement, Victoire Tomégah-Dogbé, au nom du chef de l’Etat, en présence des membres du gouvernement, du corps diplomatique et consulaire, du représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.
Convaincu que davantage d’engagement et d’initiative peuvent contribuer à faire avancer la cause de paix et bâtir le monde en mieux, le gouvernement togolais avec à sa tête le chef de l’Etat Faure Essozimna Gnassingbé, a initié « Lomé Peace and Security Forum (LPSF) », dont la 1re édition s’est tenue, du 20 au 22 octobre 2023, à Lomé. De manière générale, il s’agit de développer une nouvelle manière de comprendre et d’interpréter les transitions politiques, en tenant compte des contextes et dynamiques de leur émergence, ainsi que les enjeux et défis cruciaux liés au renforcement de la gouvernance démocratique en Afrique. Ainsi, ce forum se veut un espace de dialogue ouvert sur les défis politiques, sécuritaires et de développement du continent africain. Plus encore, le LPSF offre l’opportunité d’exploiter la créativité et l’innovation du continent, pour proposer des solutions africaines aux problèmes africains. A chaque édition du forum, il s’agira de réfléchir ensemble, afin de construire conjointement des solutions coordonnées et pertinentes aux défis majeurs liés à la paix, la sécurité, la stabilité, la gouvernance, le développement et l’avenir du continent. Pour cette édition inaugurale, le thème choisi est « Comment renforcer les transitions politiques vers une gouvernance démocratique en Afrique ? ». La rencontre de trois jours a permis aux participants d’identifier et d’analyser les raisons d’une transition politique, de renforcer la compréhension des effets et des conséquences des déficits. Ce fut également l’occasion d’identifier des solutions audacieuses et réalisables pour renforcer la gouvernance démocratique. A cet effet, divers panels ont été animés sur : « Facteurs de fragilité des institutions étatiques en Afrique », « Les défis politiques et sécuritaires entravant la transition politique vers une gouvernance démocratique », « Bâtir des institutions fortes et l’état de droit en Afrique », « Organisations internationales et sous régionales : quel rôle pour accompagner les transitions », « Solutions africaines – Mobiliser l’innovation et l’agilité continentales ».
D’immenses défis de paix, de sécurité et gouvernance à relever
En ouvrant ces assises au nom du chef de l’Etat, le Premier ministre, Victoire Tomégah-Dogbé, a relevé que cette rencontre de Lomé se tient à un moment où l’humanité fait face à d’immenses défis de gouvernance, de paix et de sécurité qui privent les pays de perspectives sereines de développement harmonieux. Des générations entières, a-t-elle dit, voient leurs horizons d’épanouissement assombris par des incertitudes politiques, des menaces terroristes, etc. « Le présent forum se veut être une opportunité d’échanges éclairés et de réflexions partagées sur la nécessaire appropriation endogène de notre démarche collective de consolidation démocratique. C’est un espace propice à l’éclosion de propositions de pertinence audacieuse et de réalisme fonctionnel », a-t-elle rappelé. Les thèmes inscrits à l’agenda de cette édition augurent de riches débats et invitent à des réflexions sur des points tels que : le défi de construction de l’Etat, l’enjeu de la centralité de l’Etat, le pari démocratique, l’insatisfaction des citoyens, les attentes des jeunes générations et la réalité d’un Etat de transition. Pour Mme Tomégah-Dogbé, tous les Etats sont en transition au vu de la situation qui prévaut dans toutes les régions du continent. « Oui, la transition économique vers le développement, la transition sociale née de l’évolution du monde, la transition politique vers des systèmes de gouvernance qui répondent le mieux possible aux attentes des populations. Le pays qui vous accueille poursuit sa transition vers un modèle démocratique qui repose sur le souci de garantir une justice équitable, de consolider la cohésion sociale, de renforcer l’unité nationale, de promouvoir une gouvernance politique inclusive et d’assurer une prospérité partagée par une juste redistribution des ressources nationales », a-t-elle souligné. Paraphrasant feu Koffi Annan, la cheffe de gouvernement a rappelé qu’il n’y a pas de paix sans développement, comme il n’y a pas de développement sans la paix et cette paix qui devient une denrée rare, par ces temps et à travers le monde, reste une valeur essentielle. Raison pour laquelle, elle a réitéré l’engagement du Togo à toujours privilégier les voies pacifiques de dialogue, de concertation et de médiation dans la gestion et la résolution des conflits qui ont coûté à l’économie mondiale 17500 milliards de USD en 2022.
Par ailleurs, a-t-elle dit, la moitié des missions de maintien de paix en Afrique coûte plus de 10 milliards de dollars par an avec des résultats, une pertinence et une efficacité de plus en plus discutées. Il en est de même du rôle des institutions continentales et régionales qui sont interpelées par les citoyens. « A l’heure où le multilatéralisme est secoué par la montée des nationalismes et du souverainisme, alors que la promptitude à la guerre l’emporte sur l’inclinaison au dialogue, la tradition africaine de l’arbre à palabre doit nous inspirer, aujourd’hui plus encore. En faisant de Lomé la capitale de la paix, de la médiation, du dialogue et de la tolérance, le Togo marque sa pleine disponibilité pour faire vivre l’idéal de paix, socle de l’envol vers le développement », a-t-elle dit.
Le Togo s’engage à œuvrer pour une Afrique pacifique
Pour le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’extérieur, Pr Robert Dussey, le Togo s’est engagé à œuvrer pour une Afrique pacifique, moins vulnérable aux chocs et audible sur la scène internationale. En ce sens, le Togo avait lancé, en mai 2023, l’Alliance Politique Africaine (APA) qui se veut un cadre de concertation, de dialogue politique et d’actions communes fondé sur les liens historiques de fraternité et les principes d’égalité souveraine des Etats, d’indépendance, d’interdépendance et d’unité d’actions. « Le présent forum de Lomé qui s’inscrit dans la même logique a pour objectif de servir de cadre permanent de réflexion, en vue de formuler les recommandations réalistes aux décideurs impliqués dans la gestion des crises politiques et sécuritaires du continent et de fournir un espace pour entreprendre les processus de dialogue et de médiation », a-t-il indiqué.
Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Dr Léonardo Santos Simao et le Commissaire de l’Union Africaine chargé des Affaires politiques, de la paix et de la sécurité, M. Adeoye Bankole, ont tour à tour, salué cette initiative louable du Togo qui offre l’occasion d’analyser de manière chirurgicale les défis qui compromettent la paix et la sécurité sur le continent et, par-là, explorer les différentes options et pistes pour un développement durable. « Nous notons avec satisfaction que les objectifs du forum de Lomé s’alignent sur les idéaux fondamentaux tels qu’ils sont inscrits dans la Charte des Nations Unies, notamment le maintien de la paix et de la sécurité internationale, la protection des droits de l’Homme et la promotion du développement durable », a rappelé M. Simao. Pour les deux hauts fonctionnaires, les défis liés aux questions de paix et de sécurité sont trop complexes pour qu’un pays ou une organisation seule puisse, avec succès, les relever. Il faut donc des actions concertées et surtout définir ensemble des lignes de conduite, pour un vivre ensemble.
En prélude à l’ouverture officielle, une session ministérielle a eu lieu, vendredi 19 octobre, et a réuni des ministres des Affaires étrangères africains.
Mélissa BATABA
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